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Mesut Özil, l’art de la simplicité
Mesut Özil est un virtuose. Il voit le jeu comme peu de gens le font, il joue juste. Il pourrait partir balle au pied et dribbler tout le monde, il en a les capacités. Mais son truc à lui, c’est de faire briller les autres. En fait, il fait tout pour ressembler au maximum à son idole : Zinedine Zidane.
Le ballon, le ballon, toujours le ballon. Que ce soit au taf, à la maison ou pendant les vacances, Mesut Özil a toujours une sphère collée aux pieds. « J’ai des tas de balles à la maison. Je jongle aussi avec des balles de tennis, ça m’arrive de le faire aussi quand je suis avec l’équipe nationale. […] Quand tu en fais pendant dix minutes et que tu prends ensuite une balle de foot, ça te paraît tellement plus facile ! » , confessait le numéro 8 de la Mannschaft, dans une interview accordée au Tagesspiegel. Collé au pied, le cuir le suit depuis sa tendre enfance. Hier sur les terrains en « cage » de Gelsenkirchen, là où il n’y a pas de touche, là où le ballon vit toujours. Aujourd’hui, sur la pelouse de l’immense Santiago Bernabeu.
L’art de jouer juste
Ce n’est pas pour autant que Mesut Özil tricote. Non, le numéro 10 du Real Madrid laisse ça à d’autres. Bien sûr, il est technique, il est capable d’éliminer à l’aise une grande partie des joueurs en un contre un, mais lui, ce qui l’intéresse, c’est de jouer juste. Trouver le bon joueur au bon moment. « On s’entraîne tous les jours et on se comprend sans se parler. Ça se voit en match. Je n’ai pas besoin de me poser tout plein de questions. Quand Cristiano Ronaldo court dans l’intervalle, je lui mets, et ça fait but, la plupart du temps. » Cristiano Ronaldo, mais aussi Benzema, et les autres. Des caviars, Mesut Özil en a distribué 20 cette saison en Liga, en 35 matchs. La saison d’avant (sa première chez les Merengue, donc), on disait qu’il avait du mal à s’imposer au Real, que Mourinho lui en voulait, etc. Tout ça parce qu’il a raté deux matchs. Sinon, comment expliquer, alors, qu’il avait bouclé l’exercice avec 19 « assists » en 36 rencontres?
L’idole Zidane, l’objectif à dépasser
Match après match, Özil impressionne. En fait, il fait tout pour se rapprocher de son idole : Zinedine Zidane. « Quand j’étais petit, j’essayais toujours de reproduire les choses qu’il faisait en match. Étonnamment, j’y arrivais très vite, quand ça prenait un peu plus de temps pour les autres » . Aujourd’hui à Madrid, la comparaison avec l’ancien numéro 5 de la Maison Blanche n’est pas tout à fait fortuite. On pourrait même pousser le vice très loin en disant que Sami Khedira est son Claude Makélélé à lui. Bien sûr, on parle de deux joueurs différents. Un exemple parmi tant d’autres : Zidane n’était pas le plus rapide de tous, quand Özil se la joue « faux-lent » , avec sa tête de mec déjà essoufflé quand il rentre sur la pelouse. C’est juste pour mieux tromper l’adversaire et lui placer une accélération dont il a le secret. C’est sans doute la raison pour laquelle les clés de l’animation offensive de la Nationalmannschaft lui ont été confiées. En « Polognukraine », Özil n’a qu’un seul but : la victoire finale. « Nous voulons gagner cet Euro. […] En 2008, l’Allemagne a été jusqu’en finale, en 2010, on a fini troisièmes. Si nous étions encore deuxièmes, ce serait une déception » , a déclaré le joueur à Bild. Première étape, le Portugal du dénommé CR7. « Un mec sympa, serviable. Et puis on joue contre le Portugal, pas contre Cristiano Ronaldo. » Il faudra résister à la tentation de lui faire des passes, alors.
Ali Farhat, à Gdańsk