- C1
- 8es
- PSG-Real (1-0)
Messi, tout sauf une pâle copie
Face au Real, Lionel Messi a raté un penalty, mais a rendu sa meilleure copie sous la tunique parisienne. Si le sauveur du soir se nomme sans contestation Kylian Mbappé, il ne fait aucun doute que le futur à Paris de Messi est loin d'être gris. Au contraire.
Analyser un match de foot en 2022 est tout sauf une tâche aisée. Ce PSG-Real, qui a débouché sur un succès in extremis des Parisiens, en est l’exemple idoine. Si Kylian Mbappé n’avait pas sorti une maestria dans le temps additionnel pour battre Thibaut Courtois, qu’aurait-on dit ? Probablement que Paris avait bien joué. Mais aussi que le plan (défensif) du Real avait parfaitement fonctionné, et qu’avec la disparition de cette règle à l’extérieur, il serait dans des dispositions idéales pour aborder le match retour. Messi ? Il aurait été crucifié sur la place publique : comment un septuple Ballon d’or, attendu comme l’élu dans la Ville Lumière, peut trahir son nouveau club en loupant un penalty à ce moment de la saison ? Au coup de sifflet final, on retient forcément le génie et la prestation de gala délivrée par Mbappé. À juste titre. Mais reléguer Messi au rang de génie en perte de vitesse est injuste. Cela en dit long, aussi, sur la façon dont on consomme le football aujourd’hui.
Depuis qu’il est arrivé au PSG, Leo Messi est logiquement scruté des pieds à la tête – même si ça ne fait pas beaucoup de chemin à parcourir pour les yeux. Messi marche, touche beaucoup les montants, marque moins qu’Adil Rami en Ligue 1, aurait la tête à Barcelone le jeudi, puis serait finalement heureux à Paris le vendredi. À chaque match où il ne marque pas, on s’inquiète : le niveau de la Ligue 1 serait trop haut pour le meilleur joueur de l’histoire ? Peut-être qu’il faudrait tempérer les ardeurs des uns et des autres. Leo Messi ne livre pas la meilleure saison de sa carrière, c’est certain, mais sa montée en puissance au sein de ce PSG-là est indéniable.
Face au Real ce mardi en Ligue des champions, n’ayons pas peur des mots : La Pulga a livré sa meilleure partition sous la tunique des Rouge et Bleu. Les chiffres le disent : Leo Messi a touché face aux Madrilènes 100 ballons, a tenté sa chance à huit reprises, a remporté la moitié de ses duels, a délivré quatre passes clés… Dans le cœur du jeu, l’Argentin a constamment été touché entre la défense et le milieu des Galactiques. Dos au but, il s’est également avéré précieux pour aider le bloc parisien à remonter après les rares offensives madrilènes. Alors oui, on attend forcément toujours mieux d’un tel joueur et surtout qu’il enfile le costume de « game changer » que lui a encore piqué Mbappé ce mercredi soir. Mais le foot, ce n’est pas du basket : attendre un trois-points de Messi au buzzer, c’est une terrible erreur. Surtout à 34 ans.
Rendez-vous dans le futur
Relancé à plusieurs reprises sur le sujet à l’antenne de Canal+, Samir Nasri et Rudi Garcia ont tenté de tempérer les critiques et les interrogations qui pesaient autour de Leo Messi. « Je l’ai trouvé intéressant », avouait l’ancien Marseillais quand on lui tendait le micro. Garcia, lui, pose le bon diagnostic : « La performance de Messi est vampirisée par celle de Mbappé. Oublions ce penalty… Moi, j’ai vu un Leo Messi capable de dribbler, capable d’éliminer. Je ne voyais plus cela depuis quelque temps. Je pense qu’il est sur la bonne voie au PSG. La position qu’il occupe lui va bien. Certes, il n’a pas été décisif ce soir, mais j’ai le sentiment que la Ligue des champions pourrait l’amener très très loin cette saison. »
Il y a alors deux façons d’analyser le match de Messi ce mercredi soir : retenir son penalty raté, analyser ses erreurs (qui existent) et même pourquoi pas placer un malicieux « CR7, lui, il a marqué face à Brighton dix minutes plus tard ». Ou bien dépasser la perception purement statistique et prendre de la hauteur : si l’ensemble du Paris Saint-Germain a livré une très belle copie, peut-être que comme Mbappé, Nuno Mendes, Marco Verratti ou Marquinhos, Leo Messi a lui aussi apporté sa pierre à l’édifice. C’est tout le problème de l’analyse qui a été faite lors des dix dernières années, à force de comparer les buts et les passes décisives du duo Messi-Ronaldo. On en oublierait presque, parfois, que ce n’est pas parce qu’on n’inscrit pas son nom au tableau d’affichage que l’on passe à côté de sa soirée. Peut-être que Leo Messi ratera encore d’autres penaltys à l’avenir, peut-être aussi qu’il les laissera désormais à Mbappé ou bien à Neymar lorsqu’il reviendra pour de bon. Ce qui est sûr en revanche, c’est que des vestes risquent de se retourner dans les prochaines semaines.
Par Andrea Chazy