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Messi, Piqué, Busquets : la trilogie blaugrana
Il y a un peu moins de dix ans, à Rome, le FC Barcelone remportait la finale de la Ligue des champions face à Manchester United. Le premier chapitre du Barça de Pep Guardiola, et le début d'une décennie haut de gamme pour le club catalan. Une décennie qu'ont traversée trois joueurs : Lionel Messi, Gerard Piqué et Sergio Busquets. Trois hommes tellement indispensables qu'ils annoncent une succession compliquée.
Le bon, Lionel Messi
À bientôt 32 ans, Lionel Messi est dans sa meilleure forme. Déjà 8 buts en 7 matchs de Ligue des champions, plus 33 pions en Liga, la Pulga affiche des statistiques d’extra-terrestre dignes de ses meilleures années sous les ordres de Pep Guardiola. Celles où il était la touche de génie qui magnifiait l’équipe la plus aboutie du Vieux Continent. Si bien qu’en fin d’année civile, Messi pourrait récupérer un sixième Ballon d’or, sous réserve d’une victoire en Ligue des champions au mois de mai. Depuis dix ans, seul l’Uruguayen Luis Suárez, arrivé en 2014, a réussi à s’installer de façon pérenne aux côtés de l’Argentin. Membres du trident magique en 2008-2009, Thierry Henry a décliné la saison suivante quand Samuel Eto’o décidait d’aller chercher plus de considération à l’Inter.
Depuis, nombre de cadors ont souffert dans l’ombre de Messi : Zlatan Ibrahimović, Alexis Sánchez ou encore Neymar Jr, brillant en 2014-2015 – année de titre européen –, mais soucieux de prendre toute la lumière et donc contraint de partir. Aujourd’hui, ce sont Philippe Coutinho et Ousmane Dembélé qui luttent pour se montrer digne de l’attaque barcelonaise. Qui pourra concrètement assumer la succession, tôt ou tard, d’un Leo Messi qui n’est pas éternel ? À force d’être comparés trop tôt au meilleur joueur du monde, plusieurs grands espoirs de la Masia se sont brûlé les ailes, comme Bojan Krkić et Munir El Haddadi. Si la fin de carrière de Messi laissera un grand vide, elle pourrait aussi rouvrir la voie d’accès à l’équipe première aux jeunes attaquants du Barça.
La brute, Gerard Piqué
Des tauliers formés à la Masia, c’est le seul qui a bifurqué à l’étranger, le temps de gagner une Ligue des champions avec Manchester United en 2008, puis de doubler la mise l’année suivante face à son ancien club, sous les couleurs blaugrana. Quand Messi s’est imposé par un talent hors norme, Piqué s’est lui rendu indispensable par un caractère indomptable. Si le défenseur central est capable de passer à côté de matchs, d’être sur le fil quant à sa place de titulaire (saison 2011-2012), il n’en reste pas moins le plus fort en gueule de tout le club. Ainsi, celui qu’on surnomme « El Presidente » , car il a sa carte de socio depuis tout gosse, ne manque aucune opportunité de balancer une punchline sur le Real Madrid. En 2017, il se permet de mettre la pression sur Neymar Jr avec le fameux post « se queda » , et tant pis si le Brésilien le fait passer pour une buse en partant tout de même au PSG…
Piqué, c’est la personnalité proche de la base catalane, celui qui se mouille, s’expose et prend les coups. Il en est à sa onzième saison de rang, et a déjà enterré quelques défenseurs annoncés comme des monstres à leur arrivée : l’Ukrainien Dmytro Chygrynski, Thomas Vermaelen ou encore Yerry Mina. Aujourd’hui, Clément Lenglet fait le job, mais c’est Samuel Umtiti qui est menacé. Plus gênant pour les Blaugrana, l’omniprésence du mari de Shakira a fait passer pour de bien pâles successeurs de Carles Puyol les produits estampillés Masia que sont Marc Bartra et Marc Muniesa. Encore plus que pour Carles Puyol, il sera difficile de lui trouver un successeur aussi présent sur le terrain et en dehors. Ce dernier point pourrait être moins problématique : Piqué devrait intégrer l’encadrement blaugrana une fois sa carrière terminée. Et c’est donc a priori jusqu’à sa mort qu’il balancera des vacheries sur le Real.
Le truand, Sergio Busquets
Il est entré dans l’équipe A en 2008, en même temps que Pep Guardiola qui en avait fait l’un de ses joueurs majeurs en réserve. Des trois dinosaures qui viennent de traverser la décennie, Sergio Busquets est peut- être celui qui brille le moins : pas de déhanchés pour éliminer toute une défense, pas de mise en avant de sa vie privée avec une star de la chanson ou de punchlines violentes à la télé. Busquets, c’est le symbole le plus fidèle des idées de Guardiola : l’efficacité par la passe intelligente. Dernier survivant du milieu à trois – avec Xavi et Iniesta – qui faisait la base de l’équipe dominant l’Europe en 2009 et 2011, Busquets a apporté sa petite touche supplémentaire : le vice.
Une « compétence » qui peut se résumer avec le carton rouge obtenu contre Thiago Motta en demi-finale de Ligue des champions 2010. Sans donner l’impression d’être un monstre de technicité ou de physique, le métronome du milieu a ainsi vu passer Javier Mascherano, Yaya Touré, Cesc Fàbregas, Thiago Alcántara, Alexandre Song, Arda Turan, André Gomes ou encore Paulinho et Arthur Vidal. Sans parler d’un Ivan Rakitić qui a pris avec brio la succession de Xavi. À 31 ans, Busquets a encore quelques années devant lui. Concernant sa succession, Carles Alena a encore pas mal de choses à apprendre.
Nicolas Jucha