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Messi Old Boy

Par Ugo Bocchi, à Buenos Aires
4 minutes
Messi Old Boy

Pas de séquestration, ni d'inceste, ni de langue coupée, mais juste une carrière passée loin de chez lui, loin des siens. Et alors que le retour en Argentine en fin de carrière est plus que jamais en vogue, celui de Messi à Newell's fait son bout de chemin.

Ce n’est pas la première fois qu’on en parle. Leo a déjà évoqué plusieurs fois un possible retour aux sources. Pareil du côté de Newell’s. Mais cet été, le mirage a commencé à se dessiner plus précisément. Ou du moins à se verbaliser réellement : « Je suis convaincu, comme nombre de mes collègues, que ça ferait date si nous arrivions à faire revenir le meilleur joueur du monde ici. Bien sûr, il faudra être prêt au niveau économique, institutionnel et des infrastructures.(…)Mais je crois que l’on peut donner l’envie à Léo Messi de revêtir à nouveau le maillot rouge et noir » rêve à haute voix Cristian D’Amico, vice-président de Newell’s Old Boys, dans La Capital, quotidien de Rosario.

Ce à quoi le principal intéressé a répondu : « Oui, j’aimerais beaucoup. C’est quelque chose qui m’a toujours travaillé parce que c’était mon rêve de gosse de jouer ici. Et puis, ma vie a complètement changé et m’a entraîné ailleurs. Mais je ne regrette rien. C’est quelque chose qui est toujours en moi et je veux venir jouer en argentine à Newell’s, l’endroit où j’ai grandi. » Et pour donner encore plus de consistance au rêve et y faire participer les hinchas rosarinos, une date a été fixée : 2018, après le Mondial russe.

Coutume ancestrale

Plus qu’un effet de mode, le retour au pays est une vraie institution. Pour Esteban Bekerman, historien, c’est une coutume qui est aussi vieille que le football argentin : « En 1913, déjà, Octavio Boglietti, qui est né à Córdoba et qui a joué là-bas, est allé en Europe à la Juventus, pour ensuite revenir au pays, où il a rejoué et est même devenu président du club General Paz Juniors. » Suivi par d’autres compatriotes durant les décennies suivantes. Raimundo Orsi, de la Juve à Independiente en 1935, et Renato Cesarini, de la Juve (encore) à Characita en 1936 pour des raisons de cœur, ou même Enrique Guaita, Alejandro Scopelli et Andrés Stagnaro qui, eux, cherchaient surtout à fuir la guerre, à éviter de rejoindre les rangs de l’armée italienne en Éthiopie.

Et puis, il y a eu Di Stéfano (dans une certaine mesure), Maradona, Gallardo, Palermo, Verón, Aimar, Riquelme, Gago, Lisandro, Tévez… Et tant d’autres à revenir prendre une retraite bien méritée. Parce qu’ici plus qu’ailleurs, on ne rigole pas avec son club de cœur : « Ils m’aiment beaucoup et c’est réciproque. Je suis un supporter, comme eux, et j’espère qu’on va passer une bonne saison » , lâche en toute simplicité Juan Román quand il décide, en 2007, après une longue hésitation, de revenir à la Bombonera. On a bien le droit de s’épanouir en Europe, de se remplir les poches, de toute manière il est impossible pour certains clubs argentins de refuser certains chèques à multiples zéros, mais il faut au minimum émettre le souhait, ou tenter de revenir en fin de carrière. C’est comme ça, c’est une forme de respect mutuel et d’amour dont les hinchas ont besoin pour payer leur abonnement ou place chaque semaine.

Vieux garçon

Et ça, Messi le sait. On ne joue pas avec les sentiments de ses propres supporters, encore plus quand ils sont argentins. C’est pour ça que son retour à Newell’s semble réellement possible, et ce, même s’il n’y a joué que cinq ans, en jeune.

Il ne balancerait pas de telles paroles en l’air. Bien sûr, il n’est pas le seul acteur dans cette fin d’histoire et il faudra que chacun y mette de la bonne volonté. Que Newell’s fasse du ménage avant son arrivée, donc. Que Messi accepte de faire des concessions financières. Que le Barça, également, lui permette de s’en aller sans trop en demander, d’ailleurs ils n’ont toujours pas renouvelé son contrat qui prend fin en 2018. Bref, cela paraît compliqué mais réalisable, avant qu’il ne devienne vraiment vieux garçon.

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Par Ugo Bocchi, à Buenos Aires

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