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- Équateur-Argentine (1-3)
Messi, l’étoile filante
Auteur d'un triplé en Équateur (1-3), Lionel Messi a déterré puis ressuscité une Argentine qui voyait le Mondial en Russie lui échapper. Mais combien de temps encore Leo va-t-il sauver cette faible Albiceleste ?
La pression, Lionel Messi la connaît. Avec le Barça, il a changé le visage de nombreux clásicos face au Real Madrid, de finales de Ligue des champions, et même de destinées pour l’Argentine. Pour ce match à Quito, cependant, Messi est devenu méfiant envers cette pression qui basculait dans l’acharnement médiatique. Alors, en bon capitaine, Messi a décidé que la préparation se ferait loin des téléphones portables, histoire de faire le point en équipe, de se dire les choses. Depuis 1970, l’Argentine s’était toujours qualifiée pour la phase finale d’une Coupe du monde. « Ne pas aller au Mondial aurait été dramatique, expliquait le Barcelonais après la rencontre remportée en Équateur la nuit dernière. L’Argentine ne méritait pas cela, le groupe ne méritait pas cela. Malgré le fait qu’on ait été critiqué dans tous les sens, nous savions que ce groupe avait joué trois finales de compétitions internationales en trois ans, cela prouvait notre valeur.(…)Aujourd’hui, nous avons fait notre travail. À présent, l’objectif est de se préparer pour le Mondial. » Une autre paire de manche.
Un, dos, tres !
Comment résumer la performance de Messi contre l’Équateur pour ceux qui l’auraient manqué en temps réel ? En une phrase, il conviendrait de dire que Messi a inscrit un triplé pour qualifier l’Argentine. Mais en une phrase, il est impossible de décrire à quel point ce triplé est réducteur par rapport à la prestation livrée par La Pulga à Quito. En possession du ballon, Messi était l’élément déclencheur des attaques d’une Albiceleste blessée, mise à mal par la rapide ouverture du score de Renato Ibarra (1-0, 1re). L’Argentine se retrouvait avec « un énorme coup sur la tête » dixit son capitaine, et pratiquait un jeu collectif atroce, autant dû à son réel niveau qu’à la peur de finir en asado au retour sur Buenos Aires. Mais au moment de toucher le fond du puits, Messi s’est décidé à devenir celui qu’il est tous les jours à Barcelone.
D’abord, une incursion dans la défense équatorienne avec l’aide de Di María en point d’appui (12e). Ensuite, une frappe surpuissante dans la lucarne qui fait suite à un cafouillage collectif aussi laid que décisif (20e). Enfin, un lob en déséquilibre qui bat Máximo Banguera (62e). Messi devient ainsi le co-meilleur buteur de l’histoire des qualifications en zone Amsud avec Luis Suárez (21 buts chacun).
[VIDEO] Focus – Retour sur la prestation 5 étoiles de Messi hier soir ! Avec notamment un triplé !https://t.co/uCjir537n5
— beIN Sports (@beinsports_FR) 11 octobre 2017
Soigner la dépendance
Avec cette victoire en Équateur, l’Argentine est passée du sixième au troisième rang dans la zone Amsud. Un bond en avant sur le gong, qui ne doit pas faire oublier aux finalistes de l’édition 2014 leur désastreuse campagne de qualification. Un parcours sauvé par Messi : unique buteur face à l’Uruguay (1-0), unique buteur contre le Chili (1-0), déclencheur de la victoire devant la Colombie d’un fantastique coup franc (3-0) et cette fois-ci capital dans un succès à 2850 mètres d’altitude. Clairement, le quintuple Ballon d’or devient une drogue dure pour l’Argentine. Et autant dire que l’addiction est désormais beaucoup trop forte.
En Argentine, nombreux sont ceux qui expliquent que Diego Maradona avait remporté à lui seul le Mondial 1986. Mais en toute franchise, Jorge Valdano ne vaut-il pas dix mille fois Dario Benedetto ? Daniel Passarella ne possède-t-il pas un Nicolas Otamendi dans chaque jambe ? Jorge Burruchaga boxe-t-il vraiment dans la même catégorie qu’Enzo Pérez ? Aujourd’hui, le principal souci argentin est de bâtir une équipe prête pour remporter le Mondial. Jorge Sampaoli va bûcher pendant huit mois pour hausser le niveau des éléments qui entourent son numéro 10. Car si Messi est une étoile filante dans l’atmosphère céleste, Papú Gómez, Eduardo Salvio ou Marcos Acuña viennent quant à eux de prouver qu’ils ne sont que poussière.
Par Antoine Donnarieix