Messi les a convertis

A l’instar du vieux continent, les éloges pleuvent sur Lionel Messi et les superlatifs commencent à manquer après sa performance de mardi, sur les terres australes qui ont vu naître le divin enfant. Au petit jeu des surenchères verbales, Maradona reste le maître. « Leo joue une partie de baby-foot avec Jésus » a ainsi lancé le fantasque sélectionneur albiceleste, jamais avare de bons mots. Sorti de sa réserve après avoir été mordu au visage par sa chienne la semaine dernière, El Gordo a dévoilé une partie de la conversation qu’il a tenue avec le petit attaquant blaugrana lors de son passage en Espagne, il y a environ quinze jours.

« Je lui ai dit que j’avais fait mon chemin, qu’il doit maintenant faire le sien et qu’au bout du compte, on verra qui est le meilleur de tous les temps. Il est sur la bonne voie. Je le sens très mature et avec énormément d’envie » assure le Pibe. Avant de conclure : « Que va-t-il se passer si on remporte la Coupe du Monde ? On va arrêter de polémiquer autour de Maradona et Pelé (…) Les Brésiliens, les Espagnols, les Allemands, les Français et les Italiens vont devoir reconnaître que le meilleur joueur du monde est né chez nous » . En règle générale, la presse appelle à l’union sacrée derrière le prodige, méconnaissable en ciel et blanc, en vue de la Coupe du Monde. « Messi est argentin » revendiquait Olé cette semaine, avant de clamer « Finissons-en avec les critiques et profitons-en : il est à nous. Ne l’attaquons plus, soutenons-le ! » .

La fin de la polémique Pelé – Maradona ?

L’impression qu’il est intouchable et imparable revient avec insistance dans les chroniques de tout le continent depuis son show contre Arsenal. Du Salvador ( « Messi est heureux, le monde aussi » – El Diario de Hoy), à la Colombie ( « Lionel Messi est dans la bouche du monde entier. S’il est couronné en Afrique du Sud, il pourra prétendre au trône de meilleur joueur de l’Histoire » – El Pais), en passant par les éternels rivaux de l’Argentine, le Brésil ( « D’une autre planète » – O Globo) et l’Uruguay ( « Messi s’est amusé et a conduit le Barça en demi-finale » – El Observador), l’Amérique Latine s’incline devant tant de talent et de culot, tout comme ceux qui le côtoient, de près ou de loin.

« Il est très vif, sait freiner brusquement, repartir d’un coup. Il est très rapide pour résoudre les actions de but. C’est le meilleur du monde à l’heure actuelle » , d’après Juan Sebastian Veron. L’ancien défenseur du PSG Mauricio Pochettino, aujourd’hui entraîneur de l’Espanyol Barcelone, estime qu’ « il aurait réalisé la même chose que Maradona à Naples » . Angel Cappa, l’ancien entraineur d’Huracan et adjoint de Menotti et Valdano, dans un élan de romantisme dit de Messi qu’ « il est comme Borges » , le célèbre écrivain argentin, reconnu dans le monde entier. Enfin, selon le journal La Nacion, « à 22 ans, Messi ne se fixe pas d’autre limite que l’infini. Face à Arsenal, il a converti un sport collectif en une démonstration individuelle » . Toute l’Argentine prie désormais pour que l’euphorie de son Ballon d’Or se prolonge jusqu’en juillet prochain.

Alejandro Carbone, à Buenos Aires