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Messi et Agüero, les copains d’abord
Pour se qualifier à la Coupe du monde en Russie, l'Argentine va devoir compter sur ses joueurs de classe mondiale, parmi lesquels Lionel Messi et Sergio Agüero. Deux amis de longue date.
L’un est né le 2 juin 1988, à Buenos Aires. L’autre le 24 juin 1987, à Rosario. L’un constitue le transfert le plus cher de l’histoire du championnat argentin à seulement dix-huit ans, avec une vente à 20 millions d’euros pour passer de l’Independiente à l’Atlético de Madrid. L’autre débarquait au sein du FC Barcelone âgé de 13 ans, pour accumuler les records individuels, les Ligue des champions et apparaître en tant que premier footballeur de l’histoire sur la couverture du magazine américain Time. Si l’on devait résumer les carrières actuelles de Sergio Agüero et Lionel Messi, même les statistiques tomberaient des nues. Les deux joueurs sont des cracks du football, dans la catégorie de ceux qui écrivent l’histoire. Et si Pelé et Maradona se sont toujours haïs, Maradona avait comme grand ami sur la pelouse le véloce Claudio Caniggia. Deux grosses décennies plus tard, voici que l’histoire se répète : Agüero et Messi s’entendent comme cul et chemise, sur le terrain comme en dehors. Et cela fait maintenant douze ans.
« Hé toi, comment tu t’appelles ? »
Entre les deux perles argentines, la première rencontre va se faire deux semaines avant le début du Mondial des moins de vingt ans organisé aux Pays-Bas, en 2005. Dans une interview accordée à DIRECTV Sports, Agüero raconte son premier échange avec le futur quintuple Ballon d’or, en préparation du match face aux États-Unis. « Au début, je ne savais pas qui c’était. On était en train de déjeuner, il était assis à ma droite, Garay était en face et Mauro Formica juste à côté de moi. Ça parlait de chaussures… Là, Leo vient nous parler des États-Unis. Je me suis dit « Mais c’est qui, ce type ? » Moi, je regardais le football en Argentine, pas encore en Europe. Là, je me retourne et je lui dis : « Hé toi, comment tu t’appelles ? » Là, Leo explose de rire, il s’en souvient encore. « Lionel ! » Et je continue, je lui demande son nom de famille. « Messi. » Là, les autres ont commencé à halluciner : « Sergio, tu ne sais pas qui c’est ? » Ensuite, j’ai fait le rapprochement quand je me suis rappelé qu’un jeune Argentin était parti à Barcelone. Puis je l’ai vu s’entraîner et je me suis rendu compte de son immense talent. Après, on s’est mis en chambre commune pour le Mondial. »
Une chambre commune désormais partagée, dès qu’ils le peuvent, à chaque rassemblement de l’Albiceleste. Une idée venue, à la base, de Miguel Angél Tojo, l’assistant du sélectionneur Pancho Ferraro durant le Mondial. « Il m’a dit de me mettre avec lui, parce qu’il allait m’expliquer à quoi ressemblaient le jeu et la vie en Europe » , explique Agüero dans sa biographie Sergio Kun Agüero : mi historia. Pour ce premier match face aux États-Unis pourtant, les deux larrons seront placés sur le banc par le sélectionneur Ferraro. Résultat ? Une défaite 1-0. Une fois Messi placé en titulaire, l’Argentine file vers le titre mondial et bat le Nigeria en finale (2-1), avec deux buts de La Pulga sur penalty, dont le second provoqué par… Agüero. Ou comment bien démarrer une relation amicale.
Playstation, télé nocturne et paquet de chips
De son côté, Messi garde un excellent souvenir de cette première rencontre. « C’était déjà un sacré numéro à cet âge, explique Leo à TyC Sports. Il était comme il est maintenant, mais en pire : il s’en fout de tout. D’abord, il me regardait et il voyait les autres joueurs me parler. Garay et Formica, je les connaissais de Rosario. Et lui, il me regardait, il me regardait… Quand il m’a posé la question, les autres voulaient le manger. Le Kun me fait beaucoup rire. Aujourd’hui, il est beaucoup plus calme, plus rangé. Mais dans sa jeunesse, c’était un vrai personnage. » Aux côtés d’Agüero, Messi sort de son silence et trouve des moyens d’expression à travers la fougue de son camarade de chambre. « Avec Agüero, on était dans la pièce commune pour jouer à la Play, on se chambrait, évoque Messi. Il me chauffait à fond. » Son ami de toujours en rajoute une couche. « On gueulait quand un but était marqué et celui qui perdait devenait complètement fou. Ces matchs, c’étaient des vrais classiques. »
Au-delà de la console, la télé est aussi un maître mot dans le vieux couple Messi-Agüero. « Quand on regarde des films, c’est moi qui tient la télécommande, explique le Kun. Leo devient dingue, parce que je m’endors et je n’éteins jamais la télé. Le matin qui suit, il m’engueule. Mais lui, il a juste à se retourner et il s’endort. » Si les sommeils de chacun sont différents, les inséparables se retrouvent sur beaucoup de choses. Préparateur physique de l’équipe à l’époque, Gerardo Salorio garde en mémoire leurs écarts disciplinaires. « On interdisait de nombreuses choses pendant le tournoi, notamment la consommation des paquets de chips. Un jour, la porte de l’ascenseur s’ouvre devant moi, et je vois Messi et Agüero ensemble, en train de se manger un paquet de chips. Les chips ont fait un vol plané. Je leur ai dit : « Les garçons, c’est de la nourriture. Profitez-en, mais c’est la dernière fois. » » Et si aujourd’hui, les deux hommes deviennent plus mâtures, leur connexion est toujours au beau fixe.
Par Antoine Donnarieix
Propos de Gerardo Salorio tirés de canchallena.com