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« Messi a le droit d’être abattu, mais pas de renoncer »
Buteur en finale du Mondial 1986, et ancien coéquipier de Diego Maradona, Jorge Burruchaga n’envisage pas une Albiceleste sans Lionel Messi.
Après avoir perdu une nouvelle finale avec l’Argentine, Messi à déclaré qu’il prenait sa retraite internationale. Quelle a été votre réaction ?C’est une folie qu’il renonce, une folie !!
Vous pensez qu’il peut faire marche arrière ?Ce n’est pas qu’il peut… Il doit absolument faire marche arrière. Il ne peut pas renoncer ! Je pense qu’il a réagi à chaud. Il a raté un penalty, et l’Argentine a perdu sa troisième grande finale en trois ans. Il a accusé le coup sur le moment. Et puis, ce qu’on peut dire après les matchs n’est jamais vraiment réfléchi. Là, il va retourner chez lui auprès de sa famille. Il y sera au calme et je ne doute pas une seule seconde qu’il se rendra compte à ce moment-là qu’il ne peut pas renoncer à la sélection. Il faut qu’il continue à se battre.
Est-ce qu’il sera possible pour lui de revenir en sélection après avoir exprimé un tel ras-le-bol ?Les gens sont revenus de tellement de choses… Si certains sont revenus de l’enfer, pourquoi Messi ne pourrait pas revenir en sélection ? Au final, ce n’est que du sport, il n’y a rien de grave.
Généralement, Messi parle très peu, mais quand il le fait, ce n’est jamais pour rien…Justement, il parle peu, mais quand il ouvre la bouche, parfois, il fait peur. Il a ses particularités, sa vie, sa manière de voir les choses, qui peuvent être respectables ou discutables, mais la déclaration qu’il a faite après le Chili ressemble à un coup de chaud. La colère d’avoir perdu lui a fait dire des choses qu’il ne pense pas.
Pour la première fois de sa carrière, Messi a semblé complètement abattu.Mais comment voulez-vous qu’il ne le soit pas ? C’est logique qu’il souffre de ne pas avoir pu faire gagner son pays. Avec Barcelone, il a toujours été gâté, mais pour l’instant, avec l’Albiceleste, ça ne passe pas. Messi a le droit d’être abattu, mais il n’a pas le droit de renoncer.
Il est dans l’obligation de continuer pour tout ce qu’il représente pour l’Argentine ?C’est le capitaine, le porte-drapeau et la référence ultime de cette équipe. Pour son bien à lui, et pour celui du football de son pays, il doit continuer à porter la tunique albiceleste.
S’il ne revient pas sur sa décision, il risque de donner du grain à moudre à ses détracteurs…Le football est injuste. Il n’y a pas de juste milieu : quand tu gagnes, t’es le plus beau et quand tu perds, t’es le plus moche. On sait tous comment ça marche. Ce delta-là est encore plus important avec Messi parce qu’on lui reproche de tout gagner avec le Barça et de ne pas savoir le faire avec l’Argentine. C’est une connerie de la culture argentine de penser comme ça.
Le fait qu’il soit constamment comparé à Maradona, c’en est une autre ?Totalement. Ceux qui s’amusent à faire ce genre de comparaisons n’ont rien d’autre à faire, sérieux ? Il y a des millions de journalistes et des milliers de pages de journaux à remplir, mais il faut arrêter de comparer Diego avec Leo, pour la simple et bonne raison que c’est impossible de le faire.
Selon vous, Messi souffre qu’on le compare constamment à Maradona ?Je ne suis pas à sa place, mais je suis sûr qu’il y pense. Quand tu perds trois finales consécutives, c’est très dur psychologiquement. Le mental finit logiquement par flancher. On l’a vu en finale avec ce duel raté par Higuaín. C’est à partir de cette action-là que le match est devenu un boomerang et qu’on a commencé à s’écrouler.
Cette génération albiceleste a encore de l’avenir selon vous ? Je pense, oui. Elle a la qualité suffisante pour se relever de cette situation. Avant de repartir au combat, les joueurs et le coach vont néanmoins devoir se poser pour réfléchir.
Avec Messi ?Évidemment. Il est impensable qu’il ne rejoue plus pour l’Argentine.
Propos recueillis par Aquiles Furlone