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Mes que la saison passée ?
Pour le FC Barcelone, le plus dur reste à faire, confirmer. Mais le champion s'est donné les moyens de ses ambitions. Ou comment changer une équipe qui gagne.
Même pour le FC Barcelone, une nouvelle saison est avant tout une saison qui commence, avec ses incertitudes et ses habitudes, ses plans sur la comète et ses perspectives. Quand on est champion d’Europe et d’Espagne, l’objectif est simple : conserver ses titres. Soit faire aussi bien que l’an passé, ce qui (selon le théorème dit de M. Lippi qui veut que quand une équipe gagne, c’est précisément là qu’elle commence à être en danger) revient donc à progresser, si tant est que l’on aspire à rester au top. Pour demeurer l’alpha et l’omega du ballon actuel, le Barça devait donc trouver comment faire encore mieux. Ce qui revenait avant tout à bien définir ses points faibles. Et dans une équipe que certains considèrent comme la meilleure de tous les temps, ce n’est pas forcément de la tarte. Pourtant, Guardiola, le mieux placé pour les cerner, n’a pas mis longtemps à les cibler, et son staff à les pallier.
Le banc
L’an passé, on l’a dit et répété, l’un des points faibles du Barça, c’était son banc. Derrière un onze-type composé d’Abidal – Puyol – Pique – Alvès – Busquets – Xavi – Iniesta – Pedro – Villa et Messi, les solutions étaient un peu justes. Soit Mascherano, Keita, Affelay et voilà. Soit une par ligne, même si Mascherano ne pensait sans doute pas débuter une finale de Ligue des Champions au poste de défenseur central avant ses 43 ans. Et s’il s’en est finalement très bien sorti, ce n’était pas évident au départ. Il semblait plus naturel d’aligner Busquets à ce poste, mais son abattage au milieu le rendait bien trop important et il semblait surtout compliqué de jouer un match contre Manchester avec Keita au poste de 6, malgré toute la confiance que lui accore Pep – pour ceux qui se demandent pourquoi Keita joue autant, un jour, en gros, Pep a dit : « Tant que je serai là, il sera là » -.
Aujourd’hui, avec l’arrivée de Cesc Fabregas, Keita a encore moins de chances de jouer lors de la prochaine finale de la Champion’s, mais le Barça encore plus de la disputer. Fabregas est une alternative à valeur quasiment égale aux trois titulaires du milieu. De retour au bercail, dans le système qui l’a formé, il pourrait même atteindre un niveau de jeu qu’il n’a encore jamais atteint et bousculer la hiérarchie. Tout bénef donc, pour Guardiola, qui pourra faire tourner, luxe qui n’était alors qu’une obligation l’an dernier, quand il s’agissait de pallier aux pépins, blessures ou suspensions. Devant, c’est la même en mieux, avec l’arrivée d’Alexis Sanchez, un 9, un 7, un 10, un 11, bref un joueur total qui va pousser Pedro et Villa à vraiment donner leur maximum. Guardiola a maintenant le choix des armes, et pour un club dont le collectif sublime les éléments, c’est un luxe qui ressemble à l’arrivée d’investisseurs qataris dans un club au palmarès comparable à celui du FC Metz. Attention justement à ne pas avoir de problèmes de riches…
Discipline en désordre
Mais si Sanchez et Fabregas, comme Mascherano l’an passé, ne sont évidemment pas venus pour faire banquette et le feront vite savoir, leurs arrivées permettent surtout à Pep d’envisager de nouvelles solutions – par définition encore inconnues de leurs adversaires. Admiré de toutes parts, le “Mes” était également décortiqué, analysé, disséqué. Attendu. Et si ses adversaires n’avaient pas encore pris la mesure de son jeu, il était fondamental de le renouveler un peu, histoire de conserver cette longueur d’avance qui lui donne l’impression de planer au-dessus de la mêlée. Tout faire pour rester là-haut, c’est-à-dire commencer par se prévenir du principal danger qui menace le royaume des cieux, la lassitude. Non celle de leurs détracteurs, qui en ont marre de les voir dominer le game actuel, non celle de leurs adversaires, qui en ont plus que marre de courir après le ballon, mais bien la leur. La lassitude, l’ennui, l’habitude de tout gagner, de tout posséder, les titres comme les ballons.
Les cycles ne durent qu’un temps, et celui qui entame sa quatrième année à la tête des Blaugranas ne le sait que trop bien. L’arrivée d’Ibra (et le départ de Fils) s’inscrivait déjà dans la volonté de ne pas laisser ronronner ses hommes. Cette année, le retour de Cesc, pour qui l’heure est venue de prouver qu’il est digne d’être titulaire au cœur de son club formateur, et l’arrivée de Sanchez, dans un secteur où les titulaires se savaient trop tranquilles, donnent non seulement à Guardiola le choix des armes, mais aussi des stratégies. Le Chilien pourrait ainsi permettre une nouvelle configuration en prenant l’axe, Messi revenant foutre le caillon sur une aile. On peut aussi imaginer Fabregas, Xavi, Iniesta et Busquets associés dans un milieu à quatre. On peut imaginer plein de choses, et surtout imaginer que le Barça va encore progresser. Comme dans un rêve. Ou comme dans un cauchemar…
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