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Merveille : « C’est à cause de Lloris que je préfère être gardienne »
À seulement 16 ans, alors que ses morceaux cumulent jusqu’à 24 millions d’écoutes, Merveille a déjà fait des premières parties à l’Accor Arena, au Trianon ou à l’Olympia et vient d’être sacrée révélation féminine de l’année aux Flammes. Ce dimanche 26 mai, elle sera l’« artiste headline » du concert organisé par le FGO-Barbara et le club de football EGDO dans le cadre du festival Magic Barbès, dans le 18e arrondissement de Paris, où elle grandit depuis cinq ans. Et où elle joue au foot, beaucoup.
Comment tu décrirais ton quartier de Porte de Clignancourt à quelqu’un qui ne connaîtrait pas ?
C’est calme parfois. Pas tout le temps. C’est intéressant, inspirant, drôle aussi. Et accueillant.
Tu as dit « en restant dans mon quartier, je suis devenue quelqu’un ». Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
C’est grâce au ghetto que j’ai percé. (Elle y a consacré les morceaux Ghetto et Citadelle, et c’est là qu’elle a rencontré ses producteurs, NDLR.) Et ma mentalité a beaucoup évolué en restant là. On s’inspire de beaucoup de choses, surtout en parlant avec les gens.
Quelle est la place du foot là-bas ?
Le foot, on en a tous besoin au quartier. C’est ce qui nous lie, c’est ce qui nous rassemble. Ça nous permet de faire une activité tous ensemble, de rigoler. Surtout du futsal. On se rejoint tous au centre Bertrand-Dauvin, à Championnet.
Tu as joué au club des Enfants de la Goutte d’or ?
Non, mais j’ai fait mon stage de seconde là-bas, j’entraînais des petites. Tous âges, moins de 16 ans. Ça a duré trois semaines. J’ai failli intégrer une équipe de foot à Championnet quand j’étais un peu plus petite, j’ai fait des tests, je devais jouer, mais on m’a demandé de choisir entre la musique et le foot, j’ai choisi la musique. On m’a appelée pour jouer au foot en salle avec le Red Star aussi. J’avais une copine qui était là-bas, elle savait que je cherchais un club, elle m’a présentée. Je n’ai fait que deux matchs, après ma mère n’a plus voulu parce que c’était trop loin, dans le 93, ça me faisait rentrer vers 20 heures, et pour ma mère, c’était vraiment trop tard.
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Tu as joué ailleurs ?
J’ai commencé à 5 ans, à Saint-Étienne, où je suis née. Je jouais dans un club, mais je ne me souviens plus du nom, c’est mon père qui m’emmenait. Ensuite, je suis venue ici, à 11 ans, et je n’ai pas de club fixe. J’ai joué un peu à l’ES Parisienne, sinon c’est plus du foot avec mes amis dans les stades, avec les gens du quartier, en salle et à l’extérieur. J’ai un peu bataillé : souvent, on ne voulait pas me laisser jouer parce que je suis une fille. La CAN 18, à Barbès, tous les ans j’ai demandé à jouer, ils n’ont pas voulu parce que c’étaient que des grands garçons.
Tu joues quel poste ?
En foot à 11, je suis gardienne ; en foot en salle, je suis sur le terrain. Gardienne, c’est ce que je préfère. C’est vraiment à cause de Hugo Lloris que j’ai aimé ça. À un moment donné, j’ai voulu être latérale, mais c’est trop compliqué.
Pourquoi ?
Le cardio, il faut trop courir, il faut dribbler. C’est trop pour moi.
Tu supportes une équipe ?
Oui, le PSG. Avant, je supportais l’OL, mais depuis que j’ai déménagé, je suis plus avec le PSG.
Tu as sorti un morceau qui s’appelle Paquetá et dans lequel tu chantes « j’te fais danser comme Paquetá », c’est que tu as encore un peu l’OL dans ton cœur, non ?
Bah oui, toujours. Et à Lyon et Saint-Étienne, on danse beaucoup le funk. J’étais sur BandLab (une plateforme gratuite de création musicale, NDLR), je cherchais une instru, je me suis dit « pourquoi pas faire une instru brésilienne ? » et je voyais tout le temps des chansons sur Paquetá sur TikTok, je me suis dit que j’allais faire ma propre version.
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À l’OL et au PSG, tu supportes l’équipe masculine, féminine ou les deux ?
Les deux. Un jour, j’ai regardé le match PSG-Lyon des filles. C’était il y a trois semaines, la demi-finale de la Ligue des champions. C’était archi-bien, mais c’était trop dur de choisir. J’aime les deux, je ne sais pas comment les départager.
Tu aimes des joueurs et joueuses en particulier ?
Paquetá, du coup. Mbappé, Neymar, Dembélé… Il y en a plein. Et chez les filles, j’aime beaucoup Sakina (Karchaoui) et Delphine Cascarino. On se followe sur Instagram.
Qu’est-ce qui fait que tu les aimes particulièrement ?
C’est leur jeu et leur personnalité. J’ai envie de les recopier. Vous voyez quand Neymar joue, j’ai trop envie de faire les mêmes choses, les mêmes dribbles et tout ça, ça donne trop d’inspiration sur le terrain.
En 2018, tu avais 11 ans. Comment tu as vécu la Coupe du monde ?
On criait partout, on a fait des fan zones. Pour la finale, on est partis sur les Champs-Élysées, on s’est fait une marque du drapeau sur les joues. Franchement, c’était incroyable.
Vous êtes très foot dans ta famille ?
Ouais. J’ai treize frères et sœurs, la moitié joue au foot, mes cousins aussi, depuis qu’on est tout petits. Il y a beaucoup de joueurs dans la famille. Mon oncle, il est entraîneur de l’équipe féminine du Congo. U23 ou U20, je crois.
Il s’appelle comment ?
Moi, je l’appelle Papi, mais je pense pas qu’il se fait appeler comme ça.
Propos recueillis par Noémie Pennacino