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Mertens en pleine croissance
Il mesure 1m69. Il est né en 1987. Non, il n’est pas Argentin. Non, il ne s’appelle pas Lionel Messi. Il est belge, pas de bol. Il s’appelle Dries Mertens. Il joue pour le PSV. Et vachement bien même !
Dans le fond, c’est quoi cette putain de mode de lancer tous ces petits formats sur le pré ? Le foot, c’est pas Fort Boyard, bordel. Messi, Iniesta, Xavi, Hazard, Valbuena, Boussoufa… Des types mêmes pas gras, même pas légèrement soulards. Ni charismatiques, ni politisés… A l’inverse du « grand » Diego, géant malgré son mètre soixante cinq. Aujourd’hui, les joueurs de petite taille se contentent simplement d’être doués avec la gonfle. Drôle d’époque… N’empêche, Drisinho Mertens, ailier gauche, ou soutien d’attaque, n’est pas un manche. Vif, technique, grosse frappe du droit, bon pied gauche, un art consommé de la passe décisive et cette saison des réalisations à la pelle. Il culmine à 16 buts et 10 passes décisives en Eredivisie. Plus 3 buts en Europa League, 2 en Coupe des Pays-Bas. Une addition pas dégueulasse…
La saison dernière à Utrecht, il termine deuxième meilleur passeur d’Europe derrière Messi et devant Hulk ! L’année précédente, il avait été élu deuxième meilleur joueur d’Eredivisie, talonnant Luis Suarez de l’Ajax, parti polémiquer à Liverpool. De sacrées références. Suffisant en tout cas pour convaincre le PSV Eindhoven de délier les cordons de la bourse et d’allonger 7 millions d’euros pour s’offrir le petit Mertens. Un coup dans le mile ! Avec lui, associé à Toivonnen et Matavz, le tout soutenu par Wijnaldum, les rouges et blancs mitraillent à tout va aux avant-postes, même si la défense n’est pas du même acabit. Rutten, le coach, vient d’ailleurs de gicler au profit de Phillip Cocu pour éteindre l’incendie en championnat, même si pour ce jeudi en Europa League, ça semble déjà cuit (défaite 4-2 à Valence à l’aller).
Trop court pour Anderlecht ?
Mais comment expliquer qu’un tel talent, âgé de 24 ans déjà, explose si tard ? L’explication est à chercher dans la frilosité légendaire des clubs belges en matière de politique de jeunes. Formé à Anderlecht, Mertens n’y recevra jamais sa chance. Comme Maarten Maertens, Cheikh Tioté, Vadis Odidja, Roland Lamah etc… La liste est longue. A 17 ans, il se tire à La Gantoise. Sans plus de succès. Il est prêté à Alost, club de D3. A 19 ans, dégoûté, le natif de Leuven choisit l’exil. Il rejoint les Pays-Bas et le petit club d’AGOVV Apeldoorn, en D2, histoire de prendre un nouveau départ. Banco !
« Le football physique pratiqué en Belgique ne me convenait pas trop, au contraire du football néerlandais, plus technique, plus axé sur la combinaison… Aux Pays-Bas, la porte est toujours ouverte pour les jeunes. Je ne sais pas comment les mentalités évoluent en Belgique, mais il faudrait s’inspirer de cet exemple néerlandais et ne pas toujours aller chercher ailleurs ce que l’on a parfois sous la main. Ce n’est pas uniquement une question de formation mais plutôt d’accorder une chance aux jeunes. L’enseignement que j’ai reçu à Anderlecht était de qualité également » expliquait Dries Mertens à Sport/foot magazine en août 2011. Après 2 saisons en D2 néerlandaise, il est élu meilleur joueur de la série. Du coup, il décroche un transfert à Utrecht, outsider de D1. Puis enfin au PSV, place forte historique du foot batave, malgré l’intérêt d’Anderlecht. Ironie du sort, son club formateur n’a pas les reins assez solides que pour rapatrier son enfant égaré.
Un râteau à Pamela Anderson
Sans surprise, ses idoles sont issues de la formation catalane. Xavi, Iniesta et Messi, bien sûr. Des gnômes magiques, à la technique exquise. Dries aurait dû naître en Catalogne. Voire en Argentine, histoire de se faire repérer par les recruteurs du Barça. « Il est rapide, bon balle au pied, peut marquer, donner des passes décisives » résumait Nacer Chadli, autre Belge d’Eredivisie, au micro de la RTBF. Chadli, c’est un parcours similaire à celui de Drisinho. Tricard au Standard de Liège, il explose avec Twente depuis 2 ans. Chadli reprend : « Même s’il doit encore prendre de la puissance dans les duels, son engagement est toujours bon. Il a signé 4 ans au PSV mais je ne pense pas qu’il s’agira de son dernier club. J’ai vu son dernier match, il était parfait ! Par contre, il était tout blanc, il aurait peut-être besoin d’un banc solaire… » . Un teint blême de circonstance, peut-être dans le but d’imiter son idole Andres Iniesta.
Avec les Diables Rouges aussi, ça roule pas mal pour Mertens qui se paye parfois le luxe de reléguer Eden Hazard sur le banc. Les deux ailiers présentent sensiblement le même profil et le coach national Georges Leekens ne se prive d’ailleurs pas de les mettre en balance. Comme en juin 2011, où Leekens sort un Hazard insipide à la 60ème, pour Dries Mertens. Le petit gars d’Utrecht se démène, feinte, crochète, frappe au but et provoque même un péno, manqué par Witsel… « Si je me vois jouer avec Hazard sur le terrain? Il faut poser cette question au coach, mais je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas jouer tous les deux sur un flanc » balaye Mertens. « Le petit Dries est devenu grand. Sa forme actuelle est l’évolution normale d’un joueur qui sait ce qui est capable et pas capable de faire. Il est impossible de dire où se situent ses limites. Il peut grandir avec notre équipe » s’extasiait Georges Leekens fin août en référence à l’éclosion de Mertens au PSV. Attention à la grosse tête tout de même… « J’ai posé un lapin à Pamela Anderson » , lâchait Dries Mertens dans Sudpresse, à propos de la bimbo de 44 ans. « Un soir, dans un hôtel à Liverpool, elle m’a invité à prendre un verre. J’ai refusé: j’avais un match européen le lendemain, je devais me reposer » . Dries Mertens qui envoie bouler le fantasme de toute génération ? Un message d’espoir pour tous les jeunes garçons complexés de moins d’1m70.
Par Adrien de Marneffe