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Merci, et à très vite

Par Maxime Brigand
Merci, et à très vite

Mercredi soir, à Wembley, Tottenham a touché son rêve : celui d’un groupe qui s’est construit pendant plus de trois ans, s’est dressé un style, une approche, une vision du foot, et qui tenait une qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Puis, la réalité et la Juventus sont passées par là. Brutal.

Qu’est-ce que le foot ? Un jour, face à ce casse-tête, Mauricio Pochettino a répondu : « Le football, c’est un contexte émotionnel. » Là, on repense à Marcelo Bielsa et à un discours, tenu un soir d’émotions brisées, au Vélodrome. Extraits : « Les garçons, c’est très difficile d’accepter l’injustice. Mais écoutez bien ce que je vais vous dire : si vous jouez comme vous avez joué aujourd’hui,(…)vous aurez la récompense que vous méritez. Rien ne pourra vous calmer maintenant, parce que vous vous êtes tués pour ce match et vous n’avez pas obtenu ce que vous méritiez. Acceptez l’injustice, parce que tout finit par s’équilibrer. Même si cela vous semble impossible, ne réclamez rien. Avalez le venin, cela vous rendra plus forts. » Voilà la situation dans laquelle se trouve probablement mercredi soir Pochettino, un homme que Bielsa en personne était venu un jour chercher lorsque le premier avait quinze ans, en compagnie du nez du second, Jorge Griffa. Difficile d’expliquer un tel sort, à chaud, à un tel collectif, à un tel ensemble, à de tels garçons. Difficile même de comprendre, sur l’instant, comment le rêve s’est dissipé. Peut-être, alors, Mauricio Pochettino s’est levé face à ses joueurs et s’est contenté d’une conclusion raisonnable : « Merci, merci pour tout. Les garçons, c’est le football, mais on reviendra. »

Fil du destin

Puis, Pochettino réfléchira et se posera. Comme souvent, son ami et œil-adjoint Jesús Pérez ne sera pas loin. L’Argentin repensera alors peut-être à cette nuit de mai 2016 où, après une baffe reçue à Newcastle (1-5), il s’était demandé : « Que s’est-il passé ? Est-ce ma faute ? Ai-je bien reconnu mes joueurs sur le terrain ? Avons-nous été à notre image ? » Tout ça est cruel, c’est le fil du destin : quelque chose de brutal pour les uns, de bienveillant pour les autres. Le football est comme ça. Mais une certitude : mercredi soir, à Wembley, Tottenham aura été à son image. Soit un ensemble courageux, incisif, collectif. Comme à l’aller à Turin, où les hommes de Pochettino avaient été chercher aux tripes un nul justifié (2-2). Interrogé un jour sur ses désirs d’entraîneur, le boss des Spurs avait affirmé avant tout chercher à installer un « projet solide, et non gagner grâce à une série de coïncidences éphémères » . Face à cette Juventus, ça aura surtout été une histoire de détails, un truc que l’on pourrait résumer par l’expérience unique que ne possèdent que peu de clubs dans le monde (le Bayern, le Real, le Barça, la Juve).

« Celui qui nous représente, c’est celui qui est heureux »

Ici, certains y verront trois minutes, parenthèse suffisante à la Vieille Dame d’Allegri pour retourner un scénario mal embarqué, voire inimaginable après l’ouverture du score logique de Heung-min Son avant la pause, et alors que Tottenham tenait le milieu grâce à ses artistes bourrés de cœur – Eriksen, Dembélé, Son, Kane, Alli – et assurait derrière sous les bourrasques autoritaires de Davinson Sánchez. Oui, Vertonghen aurait pu filer un penalty rapide à la Juve en séchant Douglas Costa, et oui, on savait que le coup de couteau tournait dans l’air. Peu importe : Tottenham tenait sa bascule, la transformation d’un travail monstrueux réalisé depuis trois ans, avec style, avec intelligence, avec une maîtrise interne et sportive rare, bien que sevrée de titres. « Celui qui nous représente n’est pas celui qui joue le mieux, mais celui qui est heureux sur un terrain de football, qui profite quand il a le ballon dans les pieds » , expliquait Pochettino à Panenka il y a plusieurs mois. C’est ce qu’on a vu mercredi soir, ce qu’on avait vu contre le Real Madrid en novembre, ce qu’on voit depuis plusieurs mois en Premier League. Ce Tottenham a quelque chose de l’Ajax de 1995, sauf qu’on rêve que cette équipe soit plus qu’une étoile filante : ici aussi, c’est une collection de talents, ici aussi, on voit des jeunes qui ont mûri ensemble et qui vivent pour cet ensemble.

Revenir ensemble

Alors, voilà : le foot en a décidé autrement. Parce que la Juventus. Parce que Chiellini. Parce qu’Allegri a retourné Pochettino tactiquement. Parce que Wanyama aurait peut-être dû venir suppléer Eric Dier à un moment donné, peut-être à l’heure de jeu. Parce que le football est vicieux comme le disait d’ailleurs Allegri pas plus tard que ce week-end. Pochettino, lui, avait appelé ses hommes à vivre le moment présent et disait que « le résultat final serait la conséquence de notre attitude » . Il n’avait pas tort, mais la raison dépasse souvent le cœur. Et mercredi soir, encore. Alors, on retiendra le tableau – un huitième de finale de très haut niveau –, le goût laissé et les images. Demain, on retrouvera certainement cette équipe, logée dans son nouveau stade et on l’espère avec Mauricio Pochettino, avec Harry Kane, avec tous ces joueurs que l’on espère voir rester à vie ensemble et qui ont accepté de former ce tout avec un salaire bien inférieur à ce qu’ils pourraient toucher partout ailleurs. Peut-être l’espoir ne sera qu’une lettre morte, mais on y aura cru. Et mercredi soir, voir la Juventus passer n’est pas une injustice : c’est aux Spurs de le prendre ainsi, pour revenir plus forts. Merci, et à très vite.

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