ACTU MERCATO
Ekitike, paré au (re)décollage ?
Après dix-huit mois de calvaire à Paris, Hugo Ekitike va pouvoir relancer sa carrière du côté de l’Eintracht Francfort. Avec l'obligation de démontrer qu'il ne s'agissait que d'un accident de parcours.
Ses trois buts en trois rencontres consécutives au début du mois de janvier 2023 face à Lens, Châteauroux et Angers resteront donc un épiphénomène, une simple parenthèse enchantée sans lendemain. Le choix de Hugo Ekitike de rejoindre le Paris Saint-Germain à peine sa vingtième bougie soufflée lors de l’été 2022, à la sortie de sa première saison pleine chez les professionnels, en avait étonné plus d’un. Un an et demi plus tard, la page se tourne déjà pour le jeune attaquant, qui rejoint l’Eintracht Francfort en prêt jusqu’à la fin de la saison, assorti d’une obligation d’achat d’environ 30 millions d’euros. Le voilà enfin sorti du bourbier : à lui désormais de prouver qu’il ne s’agissait que d’un accident de parcours.
Dans l’enfer de la capitale
L’hiver 2023 aurait pourtant pu être celui de l’éclosion pour le natif de Reims, dans la foulée de ce début d’année particulièrement réussi. Deux mois plus tôt, son tout premier but en rouge et bleu contre Auxerre avant la coupure imposée par la Coupe du monde avait fait naître de réels espoirs. Mais malgré les absences à répétition (Lionel Messi le temps de redescendre de son sacre, Kylian Mbappé et surtout Neymar sur blessures) et un secteur de jeu bien peu fourni en nombre la saison dernière au pied de la tour Eiffel, il n’en a rien été. Tout simplement parce que le garçon a débarqué dans la capitale pile au moment où il ne fallait pas venir, dans l’ombre d’une MNM omniprésente et au sein d’une équipe sans véritable identité.
Hugo Ekitike prêté à l’Eintracht Francfort
L’attaquant français s’engage avec l’Eintracht Francfort jusqu’au 30 juin 2024 dans le cadre d’un prêt avec option d’achat.
Le Paris Saint-Germain souhaite le meilleur à Hugo pour son nouveau challenge en Allemagne.
— Paris Saint-Germain (@PSG_inside) February 1, 2024
Tout a d’ailleurs été compliqué dès le début pour l’un des grands espoirs de la Ligue 1 à son poste. « Quand vous avez le trio offensif qu’on a au PSG, ça demande beaucoup d’investissement, de résilience. Quand vous jouez à la place d’un des trois, il y a forcément une comparaison. Il a été quelques fois déçu, à juste titre, de ne pas démarrer certains matchs, devait déjà se justifier son entraîneur, Christophe Galtier, en octobre 2022, preuve que l’aventure avait mal débuté. Il a été déçu, je lui ai donné les raisons de mes choix. Évidemment, c’est un joueur talentueux, qui doit compenser son manque de temps de jeu à l’entraînement. » Résultat des courses, l’intéressé n’a jamais trouvé sa place, même dans une fin de saison où Carlos Soler devait jouer les bouche-trous devant, aux côtés des deux derniers attaquants encore debout : Kylian Mbappé et Lionel Messi.
Libéré, délivré ?
Si la tournée de présaison l’été dernier a laissé imaginer que la situation pouvait encore être renversée, ce n’était en réalité qu’un trompe-l’œil. Seul avant-centre à avoir embarqué pour le Japon fin juillet, Ekitike a eu beau marquer à deux reprises lors des amicaux, le retour en grâce de Kylian Mbappé et les arrivées tardives de nombreuses recrues offensives lui ont rapidement valu une place parmi les indésirables de Luis Enrique, aux côtés de Neymar et Marco Verratti. « C’est un coach qui communique beaucoup, qui est derrière nous et qui nous pousse tout le temps à aller presser. […] Il a gagné beaucoup de choses et a été un très bon joueur, donc on va apprendre beaucoup avec lui, et il va faire du bien à l’équipe », se réjouissait-il pourtant fin juillet à propos de la venue de l’Espagnol. Sans réussite et sans suite.
Pris dans l’imbroglio Randal Kolo Muani lors du dernier jour de mercato – et un temps pointé du doigt dans le potentiel échec du transfert du héros malheureux de la finale du Mondial 2022 –, Ekitike s’est vu infliger cinq mois de calvaire supplémentaires avant de pouvoir finalement prendre à nouveau son envol. L’heure est venue de reprendre le fil d’une carrière si prometteuse il y a peu et qui ne demande qu’à redécoller. Tous les ingrédients sont réunis pour celui qui va atterrir dans un club qui lui fait les yeux doux depuis l’été dernier. Et dans lequel les anciens (ou futurs) Parisiens ont pris l’habitude de s’éclater, de Kevin Trapp à Eric Junior Dina Ebimbe, sans oublier RKM.
Plus qu’un retour en arrière, il s’agit d’une étape pour grandir au sein d’un club au standing intermédiaire qu’il n’aurait peut-être pas dû griller en quittant la Champagne. Avec l’actuel sixième de Bundesliga, qui rêve encore de qualification en Ligue des champions pour la saison prochaine, la pression sera tout de même grande sur les épaules de l’ancien international U20, dont la marge d’erreur se retrouve forcément réduite après l’échec parisien. À lui de se régaler des galettes délivrées par Mario Götze et Farès Chaïbi. Sinon, ses neuf petites minutes disputées début août contre Lorient lui offriront peut-être un deuxième titre de champion de France en guise de lot de consolation.
Par Tom Binet