ACTU MERCATO
Mercato à Marseille : le cirque du soleil
Depuis sa promotion en tant que président de l'OM, Pablo Longoria a fait basculer son club vers un système d'achat-revente assez incompréhensible. Cette méthode atteint des sommets en ce moment, et Jonathan Clauss, l'un des rares irréprochables, pourrait même en faire les frais. Ce qui amplifierait la division entre supporters et direction.
D’ici quelques heures (jeudi à 23h59 pour être précis), le mercato hivernal refermera ses portes, ce qui signifie que Pablo Longoria devrait enfin pouvoir s’accorder une bonne nuit de sommeil, et gommer les cernes qui marquent son visage comme à chaque période de transferts depuis son arrivée à Marseille. Mais travail acharné ne rime pas forcément avec réussite, et encore une fois, l’OM s’est montré totalement illisible sur la direction qu’il a empruntée sur ce mois de janvier. Il a fait ce qu’il a pu niveau arrivées, sur une fenêtre jamais simple à gérer, mais il s’est aussi estampillé comme un vrai club de trading, sans identité forte, et capable de dégager qui que ce soit au moindre geste de travers. Dernière lubie en date : la mise sur le marché de Jonathan Clauss, pourtant l’un des seuls joueurs irréprochables sportivement, malgré quelques blessures récurrentes. Peut-être la goutte de trop d’une politique qui devient vicieuse, voire totalement malsaine.
Clauss et Gueye, symboles d’une rupture
Selon les informations de L’Équipe, il serait reproché au latéral de l’équipe de France une implication en berne, marquée par une sortie prématurée le week-end dernier face à Monaco, alors qu’il ne souffrait finalement de pas grand-chose, et une volonté de se réserver à quelques mois de l’Euro. Une explication douteuse, puisque la compétition n’aura lieu que dans cinq mois, et que Clauss aurait justement tout intérêt à mettre les gaz pour y participer, sa place dans le groupe bleu n’étant sans doute pas fixe à 100%. Ces suppositions lui ont en tout cas valu d’apprendre par la presse cette semaine qu’il était devenu persona non grata à la Commanderie, et qu’il ferait mieux de faire ses bagages rapidement, sous peine de rouvrir un loft que certains avaient déjà connu à Marseille.
C’est également ce qui plane au-dessus de la tête de Pape Gueye, qui a eu le malheur de refuser deux offres de prolongation – c’est encore son droit, après tout – et pourrait donc ne plus jouer de la saison, lui qui a déjà manqué la majorité de celle-ci à cause d’une longue suspension. On peut y voir le signe d’une gestion hasardeuse de laisser ses « actifs » partir libres, et de ne pas s’y être pris plus tôt comme cela avait été le cas pour Boubacar Kamara dans le passé. Dans l’équation, il reste les supporters, devenus habitués à voir les joueurs défiler et contraints de ne plus pouvoir vraiment s’attacher à eux. Les cas Clauss et Gueye ont beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux, comme l’aller-retour de Renan Lodi (arrivé cet été et déjà reparti à Al-Hilal), et Longoria, qui est en train de se perdre dans son cirque, ne jouit désormais plus du même engouement populaire qu’il possédait plus tôt dans la saison, lorsqu’il avait révélé au grand jour ce qu’il avait subi en privé par une minorité de supporters. Seule une amélioration significative des résultats pourrait éventuellement valider sa méthode actuelle, mais dans de telles conditions, rien ne la garantit.
Mais à quoi bon signer à Marseille en 2024 ?
Les dernières heures du mercato marseillais – qui a aussi été géré en partie par Mehdi Benatia, nouveau bras droit de Longoria – s’annoncent pour le moins imprévisibles, puisque tout le monde peut donc toujours partir en cas de belle offre, et il ne semble pas y avoir beaucoup de pistes plausibles pour des arrivées sur le gong. Débarqué de Nantes, Quentin Merlin pense-t-il sérieusement pouvoir s’établir à moyen terme dans le couloir gauche olympien ? Lorenz Assignon, en baisse de temps de jeu à Rennes, est pisté, mais, au-delà de son prix qui ferait tiquer le board phocéen, aurait-il un réel intérêt à s’installer en Provence ? C’est aussi la question à se poser, tant les derniers investissements marseillais se sont soldés sur des échecs cuisants. Le meilleur exemple s’appelle évidemment Vitinha, acheté pour 32 millions d’euros il y a un an et finalement exfiltré dès que possible au Genoa, un club devenu une voie de garage après avoir déjà récupéré Kevin Strootman et Ruslan Malinovskyi. Le cas d’Azzedine Ounahi peut aussi être mis sur la table, lui qui donne l’impression de jouer par moments en dilettante et de retrouver sa vraie identité avec le Maroc, tout comme Iliman Ndiaye et Ismaïla, qui semblaient revivre à la CAN avec le Sénégal, mais qui balbutient leur football dès qu’ils endossent un maillot de l’OM… La liste est longue, celle des raisons de signer à Marseille en 2024 l’est beaucoup moins. Il reste le prestige, mais si cela suffisait à faire venir les meilleurs, Gattuso et ses gars ne seraient sûrement pas septièmes de Ligue 1, à quinze points de la première place.
Par Alexandre Lejeune