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- Danemark-France (0-0)
Mercadal : « L’équipe de France, c’est une équipe qui calcule »
Un contenu vide, mais un résultat qui permet de finir en tête du groupe avec sept points. Face au Danemark, les Bleus n'ont pas fait mieux qu'un match nul (0-0). Le nouvel entraîneur du Stade Malherbe Caen, Fabien Mercadal, revient sur la prestation de l’équipe de France.
Quelle purge !Comme d’habitude, c’est vrai qu’on est déçus. On a vu des beaux matchs lundi, et puis là, ça revient souvent, mais je trouve que ça manque de fluidité. À chaque fois qu’on affronte une défense regroupée, on se retrouve en difficulté. Il y a eu une situation de contre, qui se termine par une faute sur Griezmann, à la suite d’un corner du Danemark (juste avant la mi-temps, N.D.L.R.). Dans ces moments-là, avec de l’espace, on est bons. Mais, maintenant, de plus en plus d’équipes vont jouer regroupé face à la France, forcément. Nous, on a du mal à mettre du mouvement dans un bloc regroupé. On pourrait aussi prendre la profondeur, par exemple entre le latéral et le défenseur central, mais on ne le fait jamais.
Est-ce que l’absence de Pogba n’a pas été particulièrement préjudiciable, afin de créer des décalages ?Je ne suis pas sûr que ce soit le réel problème, Pogba a joué les autres matchs… Il peut déclencher à tout moment, mais je pense que ça va plus loin : il n’y a pas de déplacements complémentaires : constater qu’un mec comme Griezmann ne puisse pas exister, c’est ça qui me fait peur.
En première période, le seul joueur de champ auquel Griezmann n’a pas fait de passe, c’est Giroud, son partenaire d’attaque…
Ça ne m’étonne pas, car Giroud a été isolé dans la défense regroupée. Les attaquants ont eu du mal à trouver des déplacements dans les petits périmètres. Dembélé a été en difficulté. Il n’y a pas de relation technique dans ces bloc regroupés. On reste solides sur les quatre défenseurs et les milieux, après il n’y a pas de complémentarité.
0 – Olivier Giroud est le seul joueur de champ de l’équipe de France auquel Antoine Griezmann n’a pas délivré la moindre passe en 1re période. Problématique. #DANFRA #CM2018 pic.twitter.com/fGX78GvISE
— OptaJean (@OptaJean) 26 juin 2018
Avant l’entrée en jeu de Benjamin Mendy en seconde période, les Bleus n’avaient pas réussi le moindre centre depuis le début de la Coupe du monde. Comment l’expliquer ?
C’est incroyable ! Ce sont des garçons qui centrent tous en club. Ils arrivent à mettre l’adversaire en danger, mais là, ce n’est pas le cas. Le centre, c’est une coordination. Ce n’est que ça : jouer dans le tempo de l’attaquant. Et si on ne réussit pas de centre, c’est qu’on manque de coordination. Après, Deschamps a beaucoup changé son équipe parce qu’il recherche quelque chose, et en changeant de système et de joueurs, peut-être que ça casse les repères… Sur le banc, ça se voit, Deschamps, il doute. C’est ce que j’ai ressenti en le voyant à l’écran.
1 – Benjamin Mendy est le 1er joueur de l’équipe de France à réussir un centre dans le jeu dans cette Coupe du monde . Shark . #DANFRA #CM2018 pic.twitter.com/TTuDeSmP1o
— OptaJean (@OptaJean) 26 juin 2018
Est-ce qu’il y a vraiment des enseignements à tirer, vu le turnover opéré par le sélectionneur (Mandanda, Kimpembe, N’Zonzi, Dembélé et Lemar titularisés) ? Il faut quand même l’admettre, vu le scénario de la poule, on se doutait que ce match allait manquer de saveur. Sur le papier, cette équipe, elle est magnifique. Steven N’Zonzi, c’est tout sauf un mauvais joueur… Non, moi j’ai hâte des matchs à élimination directe pour les voir se lâcher. L’équipe de France, c’est une équipe qui calcule, et dans ce match-là, il fallait calculer, donc ça fait beaucoup. (Rires.)
Est-ce que c’est l’équipe ou Deschamps qui calcule ?Il ne faut pas oublier que Deschamps, il gagne. Quasiment tout le temps. Pas à l’Euro 2016, mais je me rappelle l’OM champion de France en 2010. Ils n’ont pas fait rêver, mais ils ont gagné. Dans l’ensemble, c’est quelqu’un qui a de la réussite. Pas de la chance : il construit une équipe pragmatique. J’espère que ce n’est pas au contraire une faiblesse. Parce que si c’est le cas, évidemment, on n’ira pas au bout.
Est-ce que ça peut avoir un impact négatif de ne pas avoir réussi à marquer, contrairement aux deux premiers matchs ?Non, parce que dans l’esprit, ce nul, c’est une victoire. Il te permet d’être premier. Ce qui inquiète tout le monde, c’est le manque de fluidité. Le collectif a du mal à valoriser les super individualités.
Parmi les adversaires potentiels du groupe D, qui est-ce qui pourrait « correspondre » aux Bleus en huitièmes ?Il faudrait une équipe qui ouvre le jeu. La Croatie, attention, c’est une équipe magnifique. Mais, à mon avis, il vaudrait mieux une équipe qui ouvre le jeu, parce que si on venait à jouer une équipe regroupée, on resterait dans les même manquements vus au premier tour.
Dans le tableau des Bleus, il y a le Portugal et l’Uruguay, l’adversaire potentiel en quarts de finale. Pas vraiment des équipes qui ouvrent le jeu…
S’il y a une équipe qui peut nous éliminer, c’est l’Uruguay. C’est le prototype de l’équipe qui peut nous sortir parce qu’ils vont accepter de défendre regroupés, c’est dans leur ADN. C’est une équipe un peu truqueuse qui n’encaisse pas de but (zéro en trois matchs, N.D.L.R.), et ça, ça pourrait être la fin.
Propos recueillis par Florian Lefèvre