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Mendy, enfin à l’heure
Connu pour ses retards à l’entraînement et un potentiel pas toujours exploité à fond par le passé, Benjamin Mendy semble avoir compris qu’il pouvait décrocher le ciel bleu avec un peu plus d’investissement. Leonardo Jardim et Marcelo Bielsa n’y sont pas pour rien.
Avec Leonardo Jardim, le scénario est souvent le même. La relation commence par une phase d’observation, durant laquelle le Portugais s’applique à décoder son joueur, puis les discussions véritablement constructives débutent. Le tout en une période parfois très courte. C’est ainsi qu’après quelques semaines passées en Principauté, Benjamin Mendy s’est vu offrir une montre de la part de son entraîneur pour son anniversaire, en juillet. Le symbole valait peut-être plus que d’innombrables gueulantes, même si certaines remarques avaient déjà été balancées : désormais, Jardim ne laisserait rien passer à sa recrue, coutumière des retards à l’entraînement. « Depuis, tout est nickel, a souri dernièrement le défenseur sur Canal Plus. Il a marqué les esprits depuis les débuts. »
Les jambes, mais pas la tête
Signe que le nouveau Bleu capte maintenant tous les messages. Et que ces derniers étaient essentiels pour qu’il puisse exploser. La preuve : depuis que le défenseur témoigne davantage de respect à son horloge, tout roule pour lui. À tel point que sa présence dans le groupe de l’équipe de France ne doit rien à personne. Des blessures, des méformes, des absences chez les concurrents à son poste ? Que dalle : Didier Deschamps a sélectionné le Monégasque pour ses performances assez dingues proposées cette saison, dont celle phénoménale lors du match retour contre Manchester City.
Pourtant, rien n’était gagné d’avance pour le latéral, malgré des dons intrinsèques bien au-dessus du lot dès son entrée dans le monde du football. « Quand il était au Havre, il détenait déjà un potentiel technique et athlétique supérieur à la moyenne. Il avait tout du latéral moderne : le talent pour attaquer, pour défendre, un physique énorme…, se souvient Pierrick Rakotoharisoa, un de ses anciens partenaires au HAC entre 2008 et 2013 qui évolue aujourd’hui au FC Martigues. Mais c’est vrai qu’il lui manquait une certaine rigueur, symbolisée par ce défaut d’arriver toujours en retard. C’était un petit gars pétri de talent, mais qui devait grandir dans sa tête. Normal pour son âge. »
Des roulettes, puis Bielsa
C’est que le bonhomme est encore loin de la majorité légale quand il débute avec la réserve des Ciel et Marine. Ce qui ne l’empêche pas de se distinguer et de faire le malin sur la pelouse, enchaînant les erreurs de jeunesse. « Son premier match avec la CFA n’a pas duré longtemps !, rigole Rakotoharisoa. On mène au score, le coach le fait entrer milieu gauche pour bloquer le côté à vingt minutes de la fin, et il fait une roulette sur son premier ballon… Évidemment, il perd la balle, l’équipe adverse contre et marque. Le coach l’a sorti direct. Il n’est même pas resté cinq minutes sur le terrain… Voilà ce qui le caractérisait, à l’époque ! »
Mais il serait trop con de gâcher des qualités footballistiques aussi évidentes. Mendy le sait et commence donc à travailler. Tout doucement. « Il n’y avait pas de problème là-dessus, il faisait le boulot. Mais je ne dirais pas que c’était un énorme bosseur…, reprend encore son ex-coéquipier. En tout cas, on savait qu’il ferait une grosse carrière s’il ne faisait pas n’importe quoi. Et ses progrès observés actuellement prouvent qu’il s’est sérieusement mis à bosser. » Et pour cause : après son départ du Havre pour Marseille et une première saison en demi-teinte à l’OM, Mendy voit arriver un certain Marcelo Bielsa sur la Canebière. Ou la définition même de l’exigence et de l’effort. Sous les terribles ordres de l’Argentin, le gaucher est obligé d’aller au charbon et apprend comme jamais. L’homme ne se transforme pas, il évolue. Afin de devenir celui qu’il doit être. « Un très grand joueur » , « une star » , comme le prédisait El Loco, qui ne le lâche jamais et lui ordonne de s’enrichir en s’inspirant de chacun dans une causerie mémorable.
Quand Bielsa dit ce qu’il pense de Mendy. Il est en train de lui prouver qu’il a raison pic.twitter.com/soP4VDeLQI
— Sergiooooooo R (@Kombrozaaaaa) 4 février 2017
« L’arrivée de Bielsa m’a amené dans un autre univers, a même reconnu le principal intéressé lors d’une conférence de presse. Tous les jours, après les séances, il nous parlait de la tactique, de son expérience. Malheureusement, quand on arrive dans les centres de formation, on ne se donne pas à fond comme les Sud-Américains. Avec Bielsa, cette passion transparaissait ensuite sur le terrain, où on était des chiens. Il savait comment me piquer. Le premier jour, il m’a dit :« Tu dois perdre deux kilos. »Juste après, je pars pour le déjeuner, il se retourne vers moi :« Toi, tu ne manges pas. »Ça ne m’a plu. » Hélas, le garçon retombe dans ses travers au moment où Bielsa s’en va et gâche sa saison 2015-2016 avec des prestations décevantes.
Car « pour qu’il explose réellement, il avait besoin d’être bien encadré » , estime Rakotoharisoa. Environnement trouvé dans le Monaco de Jardim, qui n’hésite pas à investir près de quinze millions d’euros pour attirer le Phocéen. Certains trouvent alors ça trop cher ? Sous l’égide de son technicien, Mendy est pourtant à l’heure au rendez-vous. Avec même un temps d’avance sur ses concurrents et ses adversaires.
Par Florian Cadu
Propos recueillis par FC, sauf mentions