Men in Oblak

Le duel – et les débats qui vont avec – entre Gianluigi Donnarumma et Édouard Mendy pour savoir lequel des deux méritaient le plus le trophée Yachine, qui a finalement atterri dans les mains de l’Italien, a fait oublier l’identité de celui qui complétait le podium. Son nom ? Jan Oblak. Et le portier slovène a rappelé lors de ce huitième de finale retour de Ligue des champions contre Manchester United à Old Trafford pourquoi il méritait sa place. Et pourquoi il ne faut jamais oublier de le citer au moment d’ouvrir un débat sur l’identité du meilleur gardien du monde.

Oblak panther

Anthony Elanga pourra revisiter un classique et dire après cette rencontre : « J’ai marqué un but, mais Jan Oblak l’a arrêté. » Car lorsqu’il reprend en première intention un centre au premier poteau de Bruno Fernandes, l’ailier suédois ne s’attend pas à voir le gardien slovène détourner sa frappe. Et encore moins de la sorte puisque Jan Oblak a repoussé le cuir avec sa tête. Un coup de chance ? Un bon placement ? Probablement un peu des deux. Quoi qu’il en soit, cet arrêt après 12 minutes de jeu permet à l’Atlético de ne pas être mené et d’être obligé de changer un plan de jeu bien établi. S’il a eu un peu de réussite sur cette parade, l’ancien du Benfica Lisbonne n’a pas eu besoin de sa bonne étoile pour repousser une frappe puissante de Bruno Fernandes juste avant la pause ou encore un coup de boule de Raphaël Varane en fin de match. Et comme un symbole, c’est avec le ballon dans ses mains, après une énième sortie aérienne sur corner, que l’arbitre siffle la fin de la rencontre.

Un clean sheet qui fait du bien à l’Atlético et à Jan Oblak qui vit probablement sa moins bonne saison sur le plan individuel depuis qu’il est arrivé chez les Colchoneros en 2014. À l’image du match aller où il n’a pas été impérial sur le but d’Anthony Elanga. D’ailleurs, les chiffres ne trompent pas, puisque celui qui a été élu meilleur gardien de Liga à cinq reprises a déjà encaissé 9 buts en 8 rencontres de C1 (2 clean sheets) et 36 en 28 rencontres de championnat (8 clean sheets). Loin, très loin de la saison dernière où il avait gardé sa cage inviolée à 18 reprises et vu ses filets ne trembler qu’à 25 reprises en Liga. Et encore plus loin de sa saison 2017-2018 monstrueuse avec 22 buts encaissés et 22 clean sheets en championnat et 2 pions encaissés en Ligue Europa où l’Atlético s’est imposé en finale contre l’OM. Heureusement pour la bande à Diego Simeone, Jan Oblak a décidé de remettre les pendules à l’heure au meilleur des moments.

Le verrou made in Oblak & Decker

Avec sa dégaine de gendre idéal, Oblak ferait presque tache parmi l’arrière-garde des Colchoneros pour qui tous les coups sont permis tant que le danger s’éloigne. Pourtant, celui qui mesure 230 centimètres en ressenti – alors qu’il ne fait « que » 1,88 mètre – incarne parfaitement cet Atlético de Diego Simeone. Que ce soit sur l’envie de ne pas prendre le moindre but, ce qui est logique pour un gardien de but. Mais surtout sur le plan de la malice et du vice, à l’image de sa minute passée au sol après un « contact » avec Cristiano Ronaldo. Car s’il n’y a eu que 29 minutes de temps de jeu effectif dans cette seconde période entre Manchester United et l’Atlético, c’est aussi en partie grâce – ou à cause selon dans quel camp on se place – de Jan Oblak qui se moque bien de la règle des six secondes de ballon en main pour un gardien de but. De quoi ravir son entraîneur qui avait d’ailleurs fait une jolie déclaration d’amour à son numéro 13 il y a quelques mois : « Je ne doute pas que nous avons le meilleur gardien du monde. Comme Messi résout les matchs offensivement, Oblak le fait défensivement. » Et pourtant, ça ne lui rapporte pas de Ballon d’or. Ni de trophée Yachine.