- Ligue 1
- J38
- Lyon-Nice (3-2)
Memphis, l’exact Gone
Plus qu'un triplé et une qualification livrée sur un plateau à l'OL, Memphis Depay montre depuis plusieurs mois qu'il a changé. Ce soir, Lyon lui doit beaucoup et ce n'est pas la première fois cette saison.
Un premier but de véritable renard des surfaces. Un coup franc malicieux. Un piqué délicieux. Ces qualificatifs auraient pu s’appliquer à Nabil Fekir ou Bertrand Traoré, sans aucun doute. Mais comme depuis quelques mois, le frisson à Lyon se nomme bel et bien Memphis Depay. Deux index tendus de chaque côté des oreilles, une tentative vaine pour ne pas entendre le délire qui règne dans les tribunes d’un Groupama Stadium sous tension. Car cette saison, contrairement aux précédentes, Depay peut se boucher les oreilles non pas pour entendre sifflets ou moqueries, mais bien pour protéger ses ouïes des acouphènes dues aux acclamations nourries. Le joueur prometteur quittant par la petite porte Manchester United a trouvé dans le Rhône l’endroit pour se refaire la cerise. Comme quoi, il n’y a pas qu’à Nice que les talents européens peuvent prendre un nouveau départ.
L’écorché vif n’a rien lâché
Au-delà de la continuité dont a pu bénéficier l’international néerlandais cette saison, c’est son attitude sur le terrain qui a certainement le plus surpris (positivement) les fans de l’OL. Pour le déclic émotionnel, on repense volontairement à ce coup de canon un soir de janvier face au PSG, qui avait donné une victoire aussi importante pour l’OL que pour lui. Pas suffisant encore pour lui garantir une place de titulaire, Depay n’a jamais renoncé et s’est accroché. Une passe décisive contre Monaco, un but capital face à l’OM qui termine de chasser les dernières réticences du staff de Génésio à son encontre. Régulièrement placé en pointe quand Mariano fait l’impasse, Depay est enfin le titulaire en puissance que l’homme attend depuis des semaines, même si l’intéressé a toujours su au fond de lui mériter cette place : « Je n’ai rien à prouver à mon entraîneur. Je joue pour Dieu, pour Dieu seulement. Je suis humble, j’aime les supporters et je suis reconnaissant qu’on en ait d’aussi formidables. Ils nous rendent les choses plus faciles s’ils sont derrière nous. On les appelle le douzième homme, je voulais vraiment les remercier. »
Le nouveau roi des Gones
Cette place de titulaire qu’il désirait tant, Memphis n’a pas loupé l’occasion de se l’approprier. Lors des 5 rencontres qui suivent, Depay inscrit six buts et six passes décisives, dont quatre à Metz qui participent à le sacrer meilleur joueur du mois. Son bilan en fin de saison lui file encore un peu plus de crédit. 36 matchs de Ligue 1 sur 38, inscrivant 19 buts et délivrant 13 passes décisives. Le meilleur buteur de l’OL, c’est lui. Le meilleur passeur de l’OL (et de Ligue 1 à égalité avec Neymar et Payet), c’est aussi lui. Ce bilan-là, personne ne peut lui contester ou même lui enlever. Cette saison rappelle aussi au monde que Depay n’a que 24 ans. Et que si l’homme aux dorsaux tatoués a déjà laissé passer une opportunité à Manchester, ce ne sera peut-être pas le cas deux fois. Fekir annoncé partant à Liverpool, l’OL a peut-être intérêt à conforter Depay comme l’arme fatale lyonnaise numéro un la saison prochaine. Ces derniers jours, un intérêt prononcé de l’AC Milan commençait à devenir de plus en plus insistant à son égard. À l’OL de le rassurer cet été. Notamment parce que ce soir, Jean-Michel Aulas a une dette de plusieurs dizaines de millions d’euros envers lui.
Par Andrea Chazy