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Mehdi Benatia, un nouveau patron à Marseille ?
Nouvel homme fort de l’Olympique de Marseille depuis la fin d’année 2023, Mehdi Benatia n’a pas hésité à monter au front après la victoire contre Lyon, visant ouvertement l’arbitrage. Attention toutefois à ne pas vouloir trop en faire.
« Quand j’ai vu M. Bastien, Lyon-Marseille, je n’étais pas bien déjà. Je me rappelle encore l’année dernière, regardez les épisodes. […] Et la semaine dernière, c’était pareil avec l’expulsion (de Derek Cornelius, NDLR). C’est normal qu’on ait peur durant la semaine que ce soit Monsieur Bastien qui nous arbitre ? » Quarante-cinq minutes après s’en être vertement pris à l’arbitre de l’Olympico dans le tunnel du Groupama Stadium à la mi-temps, Mehdi Benatia embraye au micro de DAZN. Le tort de l’homme en noir selon lui ? Avoir expulsé au bout de cinq minutes Leonardo Balerdi pour deux cartons jaunes, pourtant loin d’être scandaleux. Mais aussi de traîner une certaine réputation auprès des amoureux du club, entre le fameux but refusé à Lucas Ocampos en 2015, déjà contre l’OL, au cours d’une rencontre décisive dans la course au podium pour l’OM de Marcelo Bielsa ou un autre à Jordan Veretout l’an dernier face au PSG (dans un match où sa décision d’expulser Lucas Beraldo avait également largement fait débat).
😤| Medhi Benatia revient sur la raison de sa colère durant la mi-temps. 💢💬 #OLOM pic.twitter.com/IAh3cOUuyD
— DAZN France (@DAZN_FR) September 22, 2024
Une sortie qui devrait valoir une suspension au conseiller sportif phocéen, qui passera devant la commission de discipline selon L’Équipe. Pour autant, voir un dirigeant monter au créneau un soir de choc au sommet face à un rival n’a rien de nouveau. Surtout de la part du nouveau visage du club, censé incarner le renouveau sur la Canebière après les échecs de la saison passée. Bras droit de Pablo Longoria depuis novembre 2023, Mehdi Benatia se place dans la posture de l’homme qui monte au feu quand il le faut pour défendre bec et ongles les intérêts du club, quitte à être celui qui encaisse les coups pour les autres. Le tout sans aucune peur de se montrer clivant s’il estime que c’est nécessaire.
Rien qui (dé)passe
Depuis son arrivée sur le Vieux-Port, l’expérimenté défenseur passé notamment par la Roma ou la Juve s’est attelé à mettre tout le monde au pas, y compris en interne. Jonathan Clauss a été le premier à en faire les frais l’hiver dernier, suivi ces dernières semaines par Chancel Mbemba. La gestion du cas de l’international congolais est symptomatique de l’influence gagnée au fil des mois par Benatia au sein du club. Le défenseur se serait en effet pris le bec avec l’un des hommes de confiance du patron, Ali Zarrak, provoquant une double mise à pied. La volonté de ne rien laisser passer s’applique également – et même avant tout – aux joueurs de son propre effectif.
En parallèle, Benatia s’est attelé à vendre à qui veut l’entendre la nouveauté du projet porté par le club, dans la lignée d’un mercato particulièrement prometteur. De l’entraîneur Roberto De Zerbi à son ancien coéquipier au Bayern Pierre-Emile Højbjerg jusqu’à ce dernier gros coup sorti de nulle part avec Adrien Rabiot, le Marocain a fait parler son « culot » (selon ses propres dires) pour refaire de Marseille un candidat plus que crédible aux sommets de Ligue 1. « Mon objectif personnel, c’est de faire progresser le club, glissait-il récemment dans un entretien à beIN Sports, martelant l’idée d’un projet portant sur trois à cinq ans. On a changé de livre, on est repartis sur autre chose. Je pense que ce club doit être une locomotive pour le championnat de France. On se doit avec ces supporters, cette ville, cet engouement, cette passion, de finir qualifiés en Coupe d’Europe tous les ans. »
Un but à la recherche duquel l’intéressé entend bien jouer son rôle, fort de sa connaissance du milieu et d’un caractère bien trempé trimballé aux quatre coins de l’Europe. « Jusqu’au dernier jour où j’aurai une profession dans ce milieu-là, j’essaierai d’être moi-même. Je dis les choses. Forcément, tu ne te fais pas toujours des amis, mais je ne me vois pas changer aujourd’hui », lâche-t-il encore face caméra. Une méthode gagnante jusqu’ici et qui lui vaut une admiration grandissante de la part de supporters qui n’ont jamais eu l’opportunité de l’applaudir en tant que joueur professionnel malgré plusieurs saisons passées au club avant son explosion au plus haut niveau. Attention toutefois au revers de la médaille, qui pourrait consister à tomber dans l’excès et finir par desservir la cause qu’il s’est promis de défendre. Jusqu’ici, tout va bien.
Par Tom Binet