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Megan Rapinoe, plus qu’une joueuse

Par Cindy Jaury
4 minutes
Megan Rapinoe, plus qu’une joueuse

Face à la Thaïlande ce mardi (21 heures), les Américaines tenantes du titre peuvent compter sur la co-capitaine Megan Rapinoe. Une femme qui n'a pas peur de se mettre en première ligne lorsqu'il s'agit de défendre les thèmes sociaux qui lui tiennent à cœur.

Megan Rapinoe met rarement genou à terre. Rapide et agile, elle est plutôt du genre à faire tomber ses adversaires. C’est elle la créatrice du milieu de terrain américain, celle qui débloque les situations et casse les lignes d’une passe dans la profondeur. Celle qui contrôle le jeu et ensuite le renverse. Ou qui, enfin, étrille l’adversaire sur coup de pied arrêté grâce à sa qualité de frappe. Et puis le Mondial, elle connaît. Il suffit de rappeler ce centre millimétré sur la tête d’Abby Wambach lors de l’édition 2011 – les USA, menés par le Brésil en quarts de finale, égalisent dans le temps additionnel de la prolongation –, ou sa partition remarquée lors de la demi-finale contre l’Allemagne en 2015. Depuis ses débuts avec la tunique des « Yanks » en 2006, Rapinoe a joué 152 matchs pour 44 pions inscrits, et un palmarès à faire rougir ses homologues : vice-championne du monde en 2011, championne olympique en 2012 et championne du monde en 2015. À 33 ans, la joueuse du Seattle Reign FC, également passée (rapidement) par l’Olympique lyonnais, va disputer ce qui pourrait être son dernier Mondial. Pas question de tomber à terre donc.

Soutien à Colin Kaepernick et coming out

Il lui arrive pourtant de poser le genou au sol. Littéralement. En septembre 2016, lors d’une rencontre de son club qu’elle débute sur le banc, Rapinoe s’agenouille pendant l’hymne national. Un soutien affiché à Colin Kaepernick, joueur de football américain qui a fait de même pour protester contre les violences policières et les inégalités raciales qui secouent l’Amérique. Rebelote lors d’un match de la sélection américaine quelques jours plus tard – ce qui n’a pas vraiment plu à la Fédération américaine. « Il n’y a pas de moyen parfait de manifester, écrit-elle alors sur The Players’ Tribune, un site qui publie des témoignages d’athlètes. Je sais que rien de ce que je ferai n’enlèvera la peine de ces familles. Mais je pense sincèrement que continuer à m’agenouiller pendant l’hymne national est la bonne chose à faire. »

« Pinoe » , comme elle est surnommée, donne régulièrement de la voix pour défendre les thèmes sociaux qui lui tiennent à cœur. Les violences contre les minorités, les discriminations de genre et, surtout, les droits de la communauté LGBT+. À ce jour, elle est l’une des rares joueuses à avoir officiellement fait soncoming out, juste avant les Jeux olympiques de Londres (2012) dans le magazine américain Out. « C’est vraiment bien d’avoir cet impact sur les gens et de pouvoir faire de grandes choses, expliquait-elle trois ans plus tard à ESPN. Nous avons la chance de pouvoir atteindre un grand nombre de personnes grâce à la notoriété.(…)Peut-être êtes-vous un peu homophobe, mais vous me connaissez et vous aimez ma façon de jouer au football. Une fois que les choses deviennent un peu plus personnelles, cela permet de briser ces barrières. » Et si la visibilité des lesbiennes dans le foot reste très faible, Megan Rapinoe espère ouvrir la voie : elle a, pêle-mêle, travaillé avec de nombreuses associations ou en tant qu’ambassadrice pour défendre ces droits et que le sport devienne un cadre plus sûr pour la communauté LGBT+.

Actions judiciaires

Ses prises de position ne plaisent pas à tous, supporters compris. Et ses combats l’amènent parfois au duel avec ses propres patrons. Comme lorsqu’elle s’attaque à la Fédération américaine en 2016, accompagnée de plusieurs coéquipières, dont Alex Morgan et Carli Lloyd. Les joueuses amènent la Fédération devant la justice civile pour « discrimination salariale » et dénoncent l’écart de salaire entre les sélections masculines et féminines. À la clé, une augmentation de leurs indemnités. Pas assez selon elles. Au mois de mars, quelques semaines avant cette Coupe du monde en France, ce sont cette fois vingt-huit Américaines qui attaquent la Fédération. Dont, évidemment, Megan Rapinoe. « Je sais que cela peut me coûter cher, analysait il y a quelques jours la joueuse pour l’AFP. Au propre comme au figuré. Mais je me vois comme un porte-voix et c’est un rôle que j’assume complètement. » Elle n’a d’ailleurs pas manqué de s’attaquer à la FIFA, déplorant que la finale de ce Mondial soit prévue le même jour que celle de la Copa América et de la Gold Cup. En première ligne, toujours.

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