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Megan Rapinoe : la parole est d’argent, le Ballon d’or
L’attaquante américaine s’est vu offrir le deuxième Ballon d’or féminin de l’histoire et reprend le flambeau d’Ada Hegerberg. Une récompense qui souligne autant ses performances sportives que la dimension politique que Megan Rapinoe a prise durant une année marquée par le Mondial en France.
Il y a un an, la cérémonie s’autorisait enfin à ce que les femmes présentes ne soient pas que des épouses accrochées au bras de leur mari sur le tapis rouge. Il y a un an, Ada Hegerberg était la première femme à décrocher le Ballon d’or. Il y a un an, l’attaquante lyonnaise avait été également invitée par Martin Solveig à twerker sur scène. Mais après un tour de calendrier, les plâtres ont été essuyés, notamment par une Coupe du monde organisée en France, mettant en lumière des visages jusqu’ici inconnus pour le grand public.
Et si la dernière lauréate était déjà hors course — la Norvégienne avait boycotté le Mondial à cause d’un conflit avec sa Fédération —, c’est logiquement Megan Rapinoe qui a pris sa succession. Sans conteste une des actrices principales de l’année foot (et pas que celui pratiqué par des femmes), autant sur un rectangle vert que devant des micros.
L’école du micro d’or
Megan Rapinoe en 2019, c’est un doublé mettant fin au parcours de l’Espagne, un doublé mettant fin au parcours de la France et un pion en finale face aux Pays-Bas pour assurer aux États-Unis de repartir avec son quatrième trophée mondial (son deuxième à titre personnel). Depuis le titre, Megan Rapinoe se fait certes plus discrète sur les terrains, alignée seulement à six reprises sous le maillot de son club du Reign FC. Ses compatriotes Tobin Heath, Alex Morgan et Rose Lavelle, figurant elles aussi dans la liste, auraient pu également croire à ce Ballon d’or. Mais elles ne pouvaient pas rivaliser sur le plan de l’aura dans laquelle leur leader s’est drapée.
Récompenser la Californienne aujourd’hui, comme il y a quelques semaines au prix The Best, c’est aussi donner un peu plus de poids à son discours, que ça soit dans le couloirs des stades de France cet été, ou un peu plus tard sur diverses estrades. Tantôt leader syndicale de sa Team US pour une égalité salariale avec ses homologues masculins dans un conflit avec sa Fédération, tantôt porte-parole pour la communauté LGBT, tantôt caillou dans la chaussure de Donald Trump, mais toujours prête à défendre ses convictions.
La mèche est allumée
Devant l’hôtel de ville de New York, pour le retour des championnes du monde, elle s’en prenait directement au pensionnaire de la Maison-Blanche : « Votre message exclut les gens. Vous m’excluez. Vous excluez ceux qui me ressemblent. Vous excluez les gens de couleur. » Elle, la gamine de Redding, bastion républicain dans un état démocrate. Elle, l’homosexuelle aux cheveux de couleur lavande s’affichant avec sa compagne Sue Bird sur les couvertures des magazines. Elle, la porte-drapeau d’une sélection qui représente tout ça et plus encore.
« On a les cheveux roses et violets, on a des tatouages, des dreadlocks. On a des filles blanches, des filles noires et tout ce qu’il y a entre les deux. Des filles hétéros, des filles gays. C’est un honneur absolu d’avoir été co-capitaine de cette équipe sur le terrain. » Malgré la belle forme estivale de l’ex-Lyonnaise, âgée de 34 ans, ce Ballon d’or 2019 était peut-être la dernière occasion de l’honorer. Mais si son influence balle au pied devrait inéluctablement s’amenuiser, ce n’est certainement pas une sphère dorée qui la fera taire.
Par Mathieu Rollinger