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M’Bia, une décision politique ?
Depuis le mois de mars dernier, Stéphane M'Bia, l’ancien capitaine des Lions indomptables du Cameroun, est tricard en sélection. Hugo Broos, le sélectionneur belge, n’en veut plus. Un peu aidé, paraît-il, par le ministre des Sports, qui n’aurait pas apprécié que l’ancien Marseillais la ramène ouvertement.
Avec le Cameroun, il se passe toujours quelque chose. Des histoires de primes et de valises bourrées d’oseille qui arrivent la veille d’un match que les joueurs envisagent de boycotter. Des sorties médiatiques de Samuel Eto’o contre la presse de son pays. Des joueurs – Benoît Assou-Ekotto et Benjamin Moukandjo – à deux doigts de se mettre sur la gueule en plein match de Coupe du monde face à la Croatie en juin 2014 (0-4), et des conflits récurrents entre les Lions et leurs dirigeants, les premiers reprochant aux seconds de les truander à la première occasion venue. Cette année, juste avant la CAN gabonaise, le pays aux quatre titres continentaux a encore trouvé le moyen de faire parler de lui. Huit joueurs (Ndy Assembé, Onana, Choupo-Moting, Nyom, Poundjé, Matip, Anguissa) ont refusé de répondre à la convocation du Belge Hugo Broos, parfois sous la pression de leur club.
Le sélectionneur des Lions, qui a également décidé de se passer d’Aurélien Chedjou (Galatasaray) et d’Henri Bedimo (Marseille) avait déjà effectué un choix fort au printemps 2016, en écartant Stéphane M’Bia, son capitaine, pour les matchs en France (2-3, le 30 mai) et en Mauritanie (1-0, le 3 juin). Depuis, l’ex-Rennais, aujourd’hui au Hebei Fortune FC (Chine), se console en matant le virement qui tombe tous les mois sur son compte en banque. « Je ne pense pas qu’il soit le plus malheureux du monde, mais le connaissant, je pense que c’est quelque chose qui le touche. M’Bia est un compétiteur, il aime son pays et il aurait pu rendre bien des services, en apportant son expérience a une équipe qui en a bien besoin, explique Patrick Mboma, l’ancien buteur des Lions. Sportivement, ne plus l’appeler depuis mars dernier est une erreur. En Chine, il fait ses matchs. La question que je me pose, c’est la raison de cette éviction. »
Le syndrome Kameni ?
Cela pourrait venir d’en haut. Le 26 mars dernier, après le match nul contre l’Afrique du Sud (1-1) à Limbé en qualifications pour la CAN 2017, captain’ M’Bia avait ouvertement critiqué les choix tactiques du staff, Broos en tête, et déploré que les jeunes joueurs titularisés à la place de quelques anciens n’aient pas vraiment répondu aux attentes. Un comportement qui aurait contrarié le ministre des Sports, Pierre-Ismaël Bidoung, lequel aurait expressément demandé au Flamand de ne plus convoquer l’impétueux. Et trois jours plus tard à Durban (2-2), le milieu de terrain s’était installé dans les tribunes. « Il est clair qu’il s’est passé quelque chose. C’est une version assez en vogue au Cameroun, finalement très plausible » , ajoute une source proche de la sélection. Mboma, qui assure ne pas connaître les vraies raisons de cette éviction, regrette qu’aucune explication sérieuse n’ait été fournie au joueur. « Un coach qui fait ses choix, c’est normal. Mais par rapport au statut de M’Bia, qui était quand même un des plus anciens et aussi le capitaine, lui donner deux ou trois raisons aurait été le minimum syndical. Mais je ne suis pas étonné : le Cameroun, après tout, n’appelle plus Carlos Kameni, qui fait partie des très bons gardiens de la Liga espagnole… »
Par Alexis Billebault