M’Baye Niang, erreur de casting du Milan AC?

L’image avait déjà suscité l’interrogation cet été. M’Baye Niang, jeune recrue de 17 ans du Milan AC, débarque au siège de via Turati un matin d’août 2012. Le gamin sort d’une voiture jaune avec un baggy qui laisse entrevoir son calebar, un sweat gris à capuche, et une casquette à l’envers. Déjà, chez les tifosi milanais, on se demande qui est donc ce jeune Français pour qui le Milan AC vient de débourser 3 millions d’euros, et qui semble loin des « codes » habituels du club rossonero. Ne pas juger sur l’apparence physique, règle d’or. D’accord. Les tifosi jugeront les prestations. Oui, sauf que pour le moment, ils n’ont pas grand-chose à juger. Depuis le début de la saison, l’ancien du SM Caen est venu s‘asseoir à sept reprises sur le banc milanais, et n’est entré qu’une seule fois en jeu, à la 91e minute d’un Bologne-Milan, le 1er septembre dernier. À part ça, depuis son dernier match avec Caen, il n’a disputé qu’une rencontre avec la Primavera du Milan AC, et la dernière demi-heure du désormais célèbre Norvège U21-France U21. C’est à cause de la sortie nocturne qui a précédé ce match que le joueur, au même titre que ses coéquipiers Ben Yedder, Griezmann et Mavinga, est suspendu par la FFF jusqu’au 31 décembre 2013. Or, du côté du Milan AC, on n’aime guère ce genre d’écarts. Surtout lorsqu’il s’agit d’un récidiviste.

« Je suis Bakaye Traoré »

Quelques jours après son arrivée à Milan, M’Baye Niang commet déjà une première bourde qui va agacer les dirigeants. Pas encore en possession du permis de conduire (il ne fêtera ses 18 ans que dans quelques semaines), il est arrêté par des policiers au volant d’une voiture, en compagnie de son pote Bakaye Traoré, à qui appartient le véhicule. « Je suis Bakaye Traoré, j’ai oublié mon permis » , explique-t-il aux policiers, en pensant que la subtile ruse va fonctionner. Les carabiniers le raccompagnent jusqu’à son hôtel et découvrent le pot-aux-roses. S’il justifie sur sa page Twitter qu’il n’a jamais voulu usurper son identité, les flics, eux, assurent l’inverse. Bonne foi contre bonne foi. Un peu gêné par cette situation, Adriano Galliani s’efforce, en public, de soutenir son nouveau poulain, tout en lui envoyant un message. « Niang s’entraîne bien mais en dehors du terrain, nous espérons qu’il se calme. Je ne fais pas allusion à Balotelli, il faut juste qu’il améliore son comportement » , martèle le divin chauve. Mais l’affaire de la boîte de nuit et de la suspension remet de l’huile de feu.

Erreur de casting

Même Didier Deschamps, le sélectionneur français, tire à boulets rouges sur le jeune attaquant. « Niang a des qualités, mais hors du terrain, c’est un immense désastre. À l’inverse, Pogba est sur le bon chemin pour l’équipe de France » , affirme-t-il, quelques jours avant que le même Pogba soit écarté du groupe turinois pour s’être présenté à deux reprises en retard à l’entraînement. Parenthèse. Forcément, le Milan AC est embarrassé par tout ça. Car à Milan, peut-être plus qu’ailleurs, interdiction de mal se comporter. Le club a une image de marque, et quiconque en représente les couleurs se doit de la respecter. Galliani, pour sa part, continue de réaffirmer sa confiance au joueur, en écartant l’idée d’un départ à Everton cet hiver. Son potentiel aurait soi-disant convaincu le Milan de le conserver dans l’effectif.

Voilà qui n’est pas forcément du goût de Gennaro Gattuso qui, depuis la Suisse, observe cette histoire d’un œil amusé et agacé. « Avant, à Milan, les joueurs ne devaient penser qu’au football, car derrière, il y avait une organisation qui pensait à tout le reste. Si je suis parti, c’est que cet aspect a un peu disparu. Un exemple : quand Milan prend un jeune comme M’Baye Niang, certainement un très bon joueur, mais qui tous les jours accumule les bêtises… Il y a quelques années, le Milan n’aurait jamais fait l’erreur de prendre un joueur comme ça » , assure-t-il aux micros de RMC. Bim. Rino parle carrément « d’erreur » pour qualifier le recrutement de Niang. Dur. Mais justifié ? Cela reste à voir.

Yoann Nianguff

Du côté de Milanello, le rapprochement avec Yoann Gourcuff est inévitable. Le Lyonnais était arrivé à Milan très jeune (20 ans) et n’avait jamais vraiment réussi à s’adapter. Gattuso, justement, avait fustigé son mauvais comportement, et Gourcuff s’en était rentré en France, où il avait par la suite remporté le titre avec Bordeaux. Il est encore tôt pour comparer les deux parcours (Gourcuff a tout de même disputé 53 matchs toutes compétitions confondues avec Milan), mais Niang risque bien, s’il continue sur cette voie, de repartir d’Italie aussi vite qu’il n’y est arrivé. D’autant qu’un aspect n’aide pas franchement le jeune espoir à s’acclimater : le Milan AC vit un début de saison catastrophique, et n’a donc pas franchement le temps ni l’envie de s’occuper de l’adaptation d’un gamin de 17 ans. Dommageable, certes. En attendant, s’il veut retrouver du temps de jeu et des sensations, comme la saison dernière, M’Baye Niang va devoir vivement réfléchir à son avenir. Arsenal s’était, entre autres, intéressé à lui l’été dernier… Car visiblement, ce n’est ni avec le Milan AC, ni avec l’équipe de France, qu’il va pouvoir se dégourdir les jambes.