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Mbappé, vivement les vacances
En Turquie, Kylian Mbappé a préféré verser dans l'individualisme plutôt que de se fondre dans le collectif pour faire des différences. Résultat : les Bleus ont rendu les armes sans jamais cadrer un seul tir. Et l'attaquant parisien a rendu une copie très inquiétante, laissant encore planer le doute sur son positionnement et sa motivation.
Dimanche dernier, il avait quitté la pelouse de la Beaujoire après quarante-quatre minutes de jeu sans briller et un petit pépin à la cheville. En Turquie, au stade de Konya Büyüksehir, personne n’aurait été surpris de voir Kylian Mbappé rester aux vestiaires après la pause, tant il était passé – comme quasiment tout le monde chez les Bleus, c’est vrai – à côté de sa première période. Mais non, le joueur du Paris Saint-Germain a repris sa place sur le côté droit pour aider l’équipe de France à refaire son retard de deux buts contre une sélection turque motivée et difficile à bouger. Mission accomplie ? Pas du tout, Mbappé n’a jamais réussi à afficher un autre visage pour honorer sa 31e cape. C’est simple, il n’a quasiment jamais réussi à faire la différence, se montrant incapable de déstabiliser la défense adverse avec ses rares accélérations et perdant un nombre de ballons hallucinant (22, son total le plus élevé avec la France selon OptaJean). Une performance indigne du niveau international et peut-être sa pire prestation en équipe de France. Vite, les vacances.
Tout petit Kyky
Mais avant d’aller se dorer la pilule au soleil, il y aura un dernier voyage en Andorre pour Mbappé et compagnie. Et le gamin de Bondy pourrait disputer son 30e match d’affilée avec l’équipe de France, la preuve qu’il est évidemment devenu indispensable dans l’esprit de Didier Deschamps. Le sélectionneur l’a d’ailleurs confirmé en décidant de le laisser errer sur la pelouse pendant toute la rencontre ce samedi soir. Comprendre : même dans un mauvais soir, la pépite du PSG pourrait avoir une ou deux fulgurances pour délivrer les Bleus. Pas cette fois, l’attaquant de 20 piges a trop souvent misé sur l’individualisme, oubliant trop souvent ses copains et passant sa rencontre à temporiser quand il aurait pu accélérer le jeu. Sans oublier un comportement laissant à désirer. Faire semblant de faire des efforts ? Non merci.
La question va donc inévitablement revenir en conférence de presse comme dans l’esprit du sélectionneur : quelle place sur le terrain pour Mbappé en équipe de France ? « Il peut jouer dans différentes positions et différents systèmes, l’important c’est qu’il ait de la liberté, il peut être efficace sur tout le front de l’attaque, avait déjà répondu Deschamps vendredi soir. Il ne faut pas l’enfermer dans un poste bien précis. Dans l’axe, il est plus dos au jeu. Ce qui l’empêcherait sans doute de prendre aussi souvent qu’il le souhaite de la vitesse, lui faisant alors perdre l’un de ses principaux atouts. » Le bonhomme a besoin de liberté pour s’exprimer, d’autonomie pour pouvoir briller, DD l’a bien compris. À Konya, Mbappé retrouvait son côté droit après une petite pige en pointe contre la Bolivie, sans jamais réussir à combiner avec ses partenaires en attaque. Problématique. Plus qu’un problème individuel, le salut des tricolores passera peut-être par des évolutions dans le jeu, le Parisien étant désormais pris par deux ou trois joueurs à chaque match. Mais cette prestation insipide de Mbappé fait aussi écho aux dernières semaines. Entre son coup de sang en finale de Coupe de France et sa sortie à la cérémonie des trophées UNFP pour demander « plus de responsabilités » dans son club, l’attaquant s’est peut-être un peu trop éparpillé. Et si le petit génie français n’était plus aussi génial ? Et s’il était véritablement devenu l’exemple type du talent agaçant ? Pas besoin de dramatiser la chose, après tout, il avait fait le boulot contre la Moldavie et l’Islande en mars dernier. Mais les vacances arrivent sûrement au bon moment pour se déconnecter de la folie Mbappé et réapprendre à l’apprécier.
Par Clément Gavard