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Mbappé survolté
Toujours aussi fort dans le jeu et imprenable pour les défenseurs adverses, Kylian Mbappé a désormais une nouvelle mission : apprendre à maîtriser la provocation. Histoire d'éviter les mauvaises surprises comme le carton rouge reçu à Nîmes.
Sa double réaction médiatique a laissé un certain sentiment de paradoxe. Comme s’il ne savait pas sur quel pied danser, contrairement à la séduisante chorégraphie qu’il propose sur tant de terrains de football depuis un an et demi. Comme s’il ne maîtrisait finalement pas encore tous les rouages de la communication, ce qui est totalement logique – et même presque rassurant – au vu de ses 19 ans. Après son carton rouge reçu à Nîmes pour une poussette sur Savanier consécutive à un tacle dangereux de ce dernier, Kylian Mbappé en a donc rajouté une couche à chaud en zone mixte avant de calmer le jeu sur Twitter.
Touche à un membre de ma clique negro tu verra qu’il y a Mbappe pic.twitter.com/zpCwZRUIPn
— Snake (@SnakeLoba) 1 septembre 2018
Prise de parole numéro un : « Le geste de Téji Savanier ? Je ne vais pas m’étaler là-dessus, mais ça n’a rien à faire sur un terrain de football.(…)Si c’était à refaire, je le referais. Et je m’excuserais auprès de tous les supporters et de tout le monde, mais je ne peux pas tolérer ce genre de chose, de geste. » Prise de parole numéro deux : « Mes chers supporters parisiens, je souhaiterais m’excuser auprès de vous pour mon geste d’hier soir et ma réaction qui gâche notre belle victoire collective. »
Lucide et imparfait
Avant cette mini-brouille, Mbappé avait une nouvelle fois montré l’étendue de son talent avec un enchaînement de toute beauté clôturé par un tremblement de filet nécessaire au Paris Saint-Germain pour reprendre l’avantage. Mais heureusement, le gamin, aussi surdoué soit-il, n’est pas parfait. Il doit encore apprendre, et plus que jamais, à ne pas se laisser aller à la provocation, qu’il y réponde ou qu’il la crée (comme il a pu en donner l’impression durant la Coupe du monde en Russie). Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il « répond » (expulsion à Rennes la saison dernière, dans des circonstances certes différentes), et c’est loin d’être le dernier traitement particulier qu’il aura à subir.
La superbe passe décisive de Kimpembe pour le but de Mbappe #NOPSG pic.twitter.com/9tZMgHyjbC
— Presnel Kimpembe Fan (@KimpembeFan_) 1 septembre 2018
Alors non, le Parisien ne devra pas rééditer son comportement « si c’était à refaire » . Lui-même le sait pertinemment – « Il faut apprendre, lorsqu’on joue face à ce genre de club, à passer outre. Si je m’énerve tous les week-ends, je vais prendre plusieurs rouges » –, et s’il lui arrive de l’oublier dans le futur, ses entraîneurs seront là pour lui rappeler. « Il a très certainement eu peur d’être blessé à plusieurs moments, a par exemple commenté Didier Deschamps à quelques jours de l’ouverture de la Ligue des nations pour les Bleus (opposés à l’Allemagne ce jeudi). Je n’accuse pas les Nîmois, ils ont un jeu fondé sur l’agressivité. Kylian, il va devoir gérer. Là, c’est Kylian champion du monde. »
Dégommer le ballon plutôt que péter les plombs
De son côté, Thomas Tuchel a pris le parti de le défendre en conférence de presse : « Il a subi une faute horrible et il a eu une réaction émotionnelle. Il a eu la chance de ne pas être blessé gravement. Je veux qu’il reste calme, mais dans un match comme ça, ce n’est pas facile. Il n’a frappé personne, il a juste bousculé son adversaire. » Problème : une bousculade se traduit parfois par un embêtant carton, et les défenseurs risquent désormais de tout faire pour obtenir un coup de sang vu qu’ils galèrent à l’arrêter par des méthodes plus conformes.
Mes chers supporters parisiens, Je souhaiterai m’excuser auprès de vous pour mon geste d’hier soir et ma réaction qui gâche notre belle victoire collective. Mais aussi remercier le @Co_Ultras_Paris pour votre soutien encore hier c’était énorme ?? ICI C’EST PARIS ??
— Kylian Mbappé (@KMbappe) 2 septembre 2018
S’il n’a jamais franchement affiché un véritable visage impulsif comme pouvait montrer Zinédine Zidane, le bonhomme doit tout mettre en œuvre pour ne jamais devenir cette pépite facile à déstabiliser par des petites paroles, des coups discrets ou des tacles sévères. Manquer des matchs à cause de gestes d’humeur s’avère aussi néfaste pour le joueur que dommage pour les supporters, tant sa présence sur le pré régale les yeux. Alors, autant qu’on le voie le plus possible.
Par Florian Cadu