- France
- PSG
Mbappé-PSG : com’ un malaise
Il aura suffi d’un clip de promotion concernant la prochaine campagne d’abonnement pour provoquer un nouveau psychodrame au PSG. Kylian Mbappé, mis au centre de cette vidéo, n’a pas du tout apprécié de ne pas être prévenu de l’utilisation de son image. Le club s’est platement excusé, plaidant une erreur interne.
« À aucun moment je n’ai été informé de la teneur de l’entretien avec mon interlocuteur. Cela ressemblait à une interview basique lors d’une journée marketing du club. Je ne suis pas en accord avec cette vidéo publiée. Voilà pourquoi je me bats pour les droits sur l’image individuelle. Le PSG est un grand club et une grande famille, mais il n’est surtout pas le Kylian Saint-Germain. » La parole de l’enfant de Bondy est toujours pesée, et chaque mot fait son sens. Cette réaction sur les réseaux sociaux à la diffusion de la vidéo annonçant le lancement de la campagne d’abonnement pour la saison 2023-2024 illustre donc le malaise qui règne aujourd’hui dans la capitale. Certes, l’agacement de l’attaquant parisien, qui, avec son entourage, n’a de cesse de vouloir maîtriser de bout en bout sa communication, s’avère légitime, ou du moins compréhensible. Et personne ne pouvait l’ignorer dans les murs du club parisien. Que ce dernier, et son président en tête, sorte la carte, pour se défausser, d’un couac interne (ce spot n’aurait été validé ni par la com’ ni par la direction), laisse songeur. Si c’est le cas, la faillite structurelle de la propriété de QSI dépasse donc largement la gestion de l’effectif et affecte l’ensemble, à tous les échelons, de la « boîte ».
Il est toutefois difficile de souscrire à une telle ligne de défense. Le script de ces quelques minutes colle trop parfaitement aux enjeux du moment pour qu’il ne puisse se résumer à l’empressement d’un stagiaire qui aurait oublié d’envoyer le fichier mpeg à son N+1. Centré sur le désormais capitaine des Bleus, et mettant surtout en avant les jeunes pousses issues de la formation (Ismaël Gharbi et Warren Zaïre-Emery), le message de ce clip constitue une main tendue à des supporters particulièrement critiques au regard du contexte sportif. Choisir Kylian Mbappé s’avère une évidence. Un joueur de la région parisienne, portant le brassard de la sélection nationale, qui récite si parfaitement son credo : « Être parisien, c’est être fier de ce que l’on est, de ce que l’on représente, fier d’être ambitieux, de vouloir faire des choses, une envie de gagner, toujours se surpasser et ne jamais oublier d’où on vient. » Pour mémoire, l’attaquant international s’était déplacé, avec Achraf Hakimi et Gianluigi Donnarumma, auprès de la K-Soce team qui préparait son tifo d’avant-match pour son anniversaire. Bref, un parfait un storytelling afin d’occulter une situation problématique et l’échec de Neymar ou la brouille grandissante autour de Lionel Messi.
Le PSG trop faible pour lui tenir tête
Kylian Mbappé n’a clairement pas apprécié. Il ne désire pas, ce qu’il répète à longueur de temps, laisser accréditer une vision de sa personne et du joueur en mégalo qui se croit au-dessus de l’institution ou du fameux « projet ». Il ne souhaite sûrement pas davantage servir de cache-misère aux difficultés du club, qu’il doit par ailleurs certainement attribuer à la direction. Son souci de la maîtrise totale de son « droit à l’image » le démontre. Il en fut finalement de même lors de sa première conférence de presse en tant que capitaine des Bleus où, malgré ce statut, il ne cessa de vouloir déminer tout procès en mégalomanie ou culte de la personnalité. En face, le PSG se révèle trop faible, sur tous les plans, pour lui tenir tête, ou s’offrir le luxe de se fâcher. Il n’existe certes pas de Kylian Saint-Germain, ce qui peut de fait se discuter, mais il incarne à lui seul un club et une entreprise. Il communique directement auprès du public et des médias, sans se soucier d’une voie hiérarchique. Il regarde dans les yeux le PSG, à la même hauteur. Il est parvenu à faire plier la FFF et renverser un rapport de force établi depuis Knysna en défaveur des capés. Il a accéléré – sinon provoqué – par un tweet la chute d’un Noël Le Graët qui semblait indéboulonnable malgré son lourd dossier à charge. La victoire cette fois fut d’autant plus aisée que la faute du club reste incontestable. Toutefois en retour, il est possible de lui rétorquer que les conditions de sa prolongation, son salaire de 6 millions par mois et de fait sa stature sur le terrain l’intronisent inévitablement en tête de gondole d’un PSG qui a bien besoin d’un peu de lustre en ce moment. Kylian Mbappé a beau vouloir ne pas se placer au-dessus de l’institution PSG, force est de constater que le PSG n’a aucun problème à baisser les yeux lorsqu’elle se mesure à l’institution Kylian Mbappé.
Par Nicolas Kssis-Martov