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Mbappé : prolongation, espoir et mirage
Une nouvelle fois décisif pour le PSG ce week-end face à Brest, Kylian Mbappé est surtout, depuis le 1er janvier, libre de s’engager où bon lui semble. À six mois de la fin de son contrat, le Français est toujours engagé dans une course contre la montre avec son club, qui assure toujours avec une confiance déconcertante qu’il finira bien par prolonger. Mais seulement pour mieux partir, sans doute.
Depuis qu’il a posé ses valises Porte d’Auteuil le 31 août 2017, Kylian Mbappé a pris part à 82% des matchs du Paris Saint-Germain (203 sur 248). Une statistique qui, au-delà de faire franchement rougir son coéquipier numéro 10, dit deux choses : la première, c’est qu’il a été l’un des joueurs les plus constants et les plus performants d’un PSG en constante évolution (même si ça, ses 151 buts et 91 passes décisives le disent tout aussi bien) ; la seconde, c’est que le Bondynois n’a pas vraiment habitué le PSG à son absence. Or, c’est quelque chose à quoi Paris – le club comme la ville – va sans doute devoir se faire. Ce n’est un secret pour personne, tant cela a fait couler d’encre : l’attaquant parisien se rapproche dangereusement de la fin du contrat qu’il avait signé avec le PSG, et qui court jusqu’au 30 juin. Depuis le 1er janvier, comme le veut l’usage, l’international Français est libre de signer un précontrat avec le club de son choix, qu’il rejoindrait au 1er juillet. Dans l’état actuel des choses, Mbappé n’ayant pas prolongé son bail avec Paris, et même s’il ne s’est pas encore promis à un autre club, il quittera le PSG à l’été en homme libre.
Sauver la face
Or, depuis quelques jours, le vent semble tourner pour le club de la capitale. Si le joueur ne fait aucun secret de son souhait de quitter Paris pour rejoindre le Real Madrid, et qu’il a poussé fort pour un départ cet été qui lui a été refusé par ses dirigeants, il existe au moins un espoir que le joueur pose une dernière fois sa signature sur un contrat tendu par Nasser al-Khelaïfi avant de plier les voiles. Comme le détaillait Le Parisien il y a quelques jours, Mbappé ne serait pas totalement fermé à une prolongation à une condition : que celle-ci soit de courte durée, et préalable à un transfert – ce n’est pas un secret non plus – au Real Madrid. Il n’y a derrière cela pas grand mystère : ce serait tout simplement la meilleure des solutions entre deux parties qui sont destinées à se séparer, d’un côté le PSG qui se verrait mal laisser partir son meilleur joueur gratuitement et de l’autre un Mbappé qui ne veut pas quitter sur une mauvaise note le club dans lequel il vient de passer cinq saisons. Pour un garçon qui fait aussi attention à son image, un départ libre dans ce marché des transferts dicté par les grosses sommes ferait forcément tache. Avec toute l’énergie qu’il abat sur le terrain et tous les services sportifs qu’il a rendus au PSG depuis cinq ans, il serait regrettable que Paris garde de lui l’image amère d’un joueur parti sans laisser un centime derrière lui dans les caisses du club. Si son clan est partagé entre le « prolonger » et le « ne pas prolonger » , l’hypothèse de cette prolongation de courte durée, suivie immédiatement d’un départ qui, lui, ne fait a priori pas de doute, ferait son chemin dans la réflexion du joueur. Le club a, en tout cas, toujours répété son espoir de voir le deal se faire.
Comme je l’ai récemment évoqué, le PSG insiste pour prolonger #Mbappé mais uniquement sur un contrat de courte durée afin d’éviter un départ libre en fin de saison ? https://t.co/Uwvd5gy2Es
— Abdellah Boulma (@AbdellahBoulma) January 14, 2022
Pas le premier à prolonger pour mieux partir
Kylian Mbappé ne serait pas le premier joueur à prolonger pour rendre un service financier à son club, sans que cela ne l’engage spécialement à honorer sur le terrain les années de contrat pour lesquelles il rempilerait. En 2008, l’Olympique de Marseille avait connu une situation similaire avec Samir Nasri, prolongé in extremis par Pape Diouf et Julien Fournier, respectivement président et secrétaire général du club à l’époque, avant de s’envoler à Arsenal dans la foulée. Le PSG lui-même s’était retrouvé du « mauvais » côté d’un deal similaire avec l’AC Milan, qui avait prolongé Thiago Silva le 2 juillet 2012 avant de le vendre au PSG le… 14 juillet de la même année. Le Milan, alors en proie à des difficultés financières, avait pu profiter du regain de valeur marchande de son joueur pour bien le vendre à Paris, qui construisait alors sa première « dream team » qatarie. Dix ans plus tard, si le PSG n’est pas vraiment dans la panade financièrement, il pourrait offrir cette prolongation de contrat à Kylian Mbappé dans le seul but de ne pas le voir s’envoler gratuitement, et éviter de faire une croix sur un pactole conséquent. Sur les trois derniers classements des valeurs de transfert fournis par l’Observatoire du football, établis en janvier 2021, juin 2021 et janvier 2022, la valeur du Français a diminué de plus de moitié (149,4 millions d’euros, 118,3 puis 71), montrant l’importance qu’une simple année de contrat peut avoir en matière de valeur marchande. Décisif sur le terrain, Kylian Mbappé a également le pouvoir de l’être dans les finances du PSG. Ça, c’est une certitude. Mais pour savoir s’il changera drastiquement d’avis et décidera de rester pour de bon à Paris, en revanche, il faudra sans doute patienter. Et commencer à se faire à l’idée que ça ne sera sans doute pas le cas.
Par Alexandre Aflalo