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Mbappé : « On a parlé des mois de sportif, des heures d’image et des minutes d’argent »
Après le silence, assourdissant, la prise de parole. Kylian Mbappé et Nasser al-Khelaïfi avaient donné rendez-vous, ce lundi 23 mai, à un parterre de journalistes dans l'auditorium du Parc des Princes pour répondre aux questions concernant la prolongation du nouveau prince de Paris. Extraits.
Est-ce que cette saison avec toutes les rumeurs concernant votre avenir a été éprouvante ?L’avantage, c’est qu’il y avait une saison, des objectifs auxquels on devait répondre. Mais bien sûr que ça pèse, c’était une décision difficile. J’ai toujours voulu me réfugier dans mon football. Je voulais prendre le temps de faire le meilleur choix possible, mon choix. Je n’ai pas de problème particulier avec la pression, j’en ai depuis que j’ai 14 ans, donc ça va.
À quel point aurez-vous du pouvoir sur la politique sportive du club ? Je reste quand même un joueur de foot. Je suis ancré dans un collectif, même s’il y a des statuts dans une équipe. Je n’irai pas au-delà de cette fonction. J’aime le football, j’aime parler foot, mais je n’irai jamais au-delà de ma fonction.
L’an dernier, vous vouliez absolument partir. Qu’est-ce qui a changé ?Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a un contexte sportif différent, un contexte privé différent aussi. C’est une décision que j’ai prise en tant que Français et en fonction de mon importance dans ce pays. C’est un pays où je veux vivre, vieillir, revenir après ma carrière. Il y a un côté sentimental. Le projet a changé, ils veulent changer pas mal de choses sur le plan sportif, ça m’a donné envie de continuer. Je pense que mon histoire ici n’est pas terminée.
Quand avez-vous pris votre décision et comment l’avez-vous annoncée à vos coéquipiers, et au Real Madrid ?J’ai pris ma décision la semaine dernière. Je ne l’ai pas annoncée à mes coéquipiers, le club voulait garder ça secret, que ce soit une surprise pour tout le monde même si vous étiez bien renseignés, d’après ce que j’ai compris. (Rires.) J’ai quand même pris la décision d’appeler le président Florentino Pérez, car j’ai beaucoup de respect pour lui et son club. Ils ont tout bien fait pour moi, ils ont essayé de me rendre le plus heureux possible, de faciliter mon arrivée. C’était mon devoir d’homme respectueux de lui parler personnellement. On a ensuite réussi à terminer les contours du contrat, et les joueurs l’ont appris à la télévision et dans le vestiaire.
Est-ce qu’après avoir manqué deux fois l’opportunité de signer au Real Madrid, c’est la fin de votre rêve d’enfant ?Dans le football, j’ai appris à vraiment regarder juste devant moi, jamais trop loin. Il y a un an, je ne pensais même pas être ici devant vous. Je pense avoir pris une décision personnelle, le meilleur choix pour moi. Je suis concentré sur ce nouveau projet, cette nouvelle ère, ce qu’il se passera dans le futur, je ne sais pas.
Aux trophées UNFP en 2019, vous parliez de prendre plus de responsabilités au club. Est-ce que c’est le cas aujourd’hui ? Est-ce que vous pensez par exemple demander le capitanat ? J’ai toujours répété après coup que cette sortie aux trophées UNFP, l’endroit, le timing, la forme était une erreur. Peut-être que le fond était bon, mais le reste non. Je pense avoir un peu plus de maturité. Les responsabilités, ça s’acquiert sur le terrain. J’ai le respect de mes coéquipiers et de mes adversaires sur le terrain. On n’a pas besoin de responsabilités pour s’inscrire dans un projet. Il y a déjà un capitaine, Marquinhos est un joueur important de notre projet, je ne veux pas venir lui couper la tête comme ça. Il mérite son brassard, ce n’est pas une priorité pour moi.
Quel est votre message aux Madrilènes ?Si j’ai un message, c’est de les remercier. Je n’ai jamais porté le maillot du Real Madrid — enfin si, à 14 ans, une semaine —, mais il m’ont toujours accepté comme l’un des leurs. Je comprends la déception, mais j’espère qu’ils comprendront que j’ai choisi de rester dans mon pays. Je suis français, et comme j’ai dit en tant que Français, j’ai envie de continuer encore un peu à essayer de mener la France vers les sommets, tirer ce championnat et ce club vers le haut.
Qu’en est-il de la question de vos droits à l’image ?Avant ce rassemblement de mars, personne n’a fait ne serait ce qu’un article, une brève sur le droit à l’image. Depuis, on ne parle que de ça. Pour vous répondre clairement : on a parlé des mois de sportif, des heures d’image et des minutes d’argent. Il y a eu ce petit quiproquo en sélection qu’on va régler très vite, avec intelligence et respect. Pour le reste, le football a changé, vous le savez mieux que moi. Il y a une nouvelle vague, et c’est juste donner un droit de regard sur ce à quoi notre nom est associé. J’ai envie de gérer ma carrière comme je l’entends, avec les valeurs que je veux prôner.
Par Alexandre Aflalo, au Parc des Princes