- France
- PSG
Mbappé menace-t-il l’économie du PSG ?
Dans une lettre adressée récemment à Kylian Mbappé, la direction du PSG ne se contente pas de lui reprocher une forme de trahison, du moins de ne pas tenir la parole donnée. Elle explique que sa décision de ne pas prolonger risque de coûter très cher au club, voire de conduire à une austérité dont pâtirait l’ensemble du club, y compris ses salariés les plus modestes, et par rebond finalement du foot français.
Dans une missive envoyée le 4 août au joueur parisien, dont le contenu a été révélé par L’Équipe, les dirigeants du club n’y vont pas par quatre chemins : si Kylian Mbappé persistait à refuser de resigner un nouveau bail – et de la sorte de pouvoir partir libre à la fin de la saison – non seulement, à les croire, il manquerait à ses engagements, mais surtout il ferait peser un lourd danger sur l‘avenir et le statut du PSG. « Nous serions alors confrontés à la nécessité de procéder à la cession de joueurs, de revoir la politique d’intégration des jeunes joueurs formés au club à l’équipe première et très probablement de devoir engager une vague de licenciements. » Il y a un arrière-goût quelque peu pathétique dans cette lamentation, presque la stratégie d’un amoureux qui menace de se jeter d’un pont de la ville lumière si sa dulcinée s’en allait dans les bras d’un autre. Surtout sur le fond, comment imaginer que QSI, et plus largement le Qatar, après avoir dépensé des fortunes dans les transferts ou salaires de Neymar, Messi et bien sur Mbappé (sans compter les 60 millions de Ramos), puisse être acculé dans une telle situation simplement au cas ou le capitaine des Bleus se contenterait d’assurer sa dernière année de contrat ? De quoi finalement justifier paradoxalement et rétroactivement, le concept de Kylian Saint-Germain.
Ne nous attardons pas sur l’indécence d’un possible écrémage des employés du PSG – comprenez les simples salariés aux rémunérations du commun des mortels. Une manière un peu surréaliste de dégainer et imposer la carte du devoir social de l’odieux footballeur millionnaire auquel furent accordées des « conditions financières extraordinaires que personne n’a obtenu dans le football » (soit 158 millions d’euros brut). Et il ne s’agit pas non plus de prendre le parti d’un Kylian Mbappé, et de son entourage, qui jouent sa partie, également pour des motivations pécuniaires, et ont sûrement dû avancer caché en certaines occasions. Le problème reste que si le PSG se retrouve bel et bien au bord du gouffre, en raison de ses investissements dans son centre de formation, ou encore l’épée de Damoclès du faire-play financier (pourtant largement affadi par l’UEFA, à la demande, entre autres, de Nasser al-Khelaïfi), les premiers fautifs occupent les bureaux de la Factory. Le manque d’anticipation et de préparation de ce dossier, apparemment vital pour l’avenir de « l’entreprise », justifieraient un licenciement pour faute grave de certains cadres seniors. On sait néanmoins que dans le capitalisme, ce type de sanction ne frappe que les petites mains.
Enfin, demeure en toile de fond la bataille de communication et cette volonté de rallier l’opinion, ou du moins les supporters (dont on voit les effets dans la guéguerre d’analyses sur les réseaux sociaux ou les prises de position sur les plateaux télé). La diabolisation de Kylian Mbappé (qui effectivement pour le coup gère d’abord sa carrière mais en désirant terminer son contrat actuel) cherche naturellement à faire basculer du coté de « l’institution », celle d’un PSG né en 2011, l’amour des fans. La mise en avant de « tout ce qui a été construit au sein du club », des jeunes issus du centre français, la logorrhée de la « francisation » de l’effectif, ou bien le cas Neymar, participent à ce storytelling. Reste une question : faudra-t-il lancer un crowdfunding pour pouvoir boucler le prochain transfert ?
Par Nicolas Kssis-Martov