- C1
- 8es
- PSG-Manchester United (1-3)
Mbappé, l’orgueil plus gros que le ventre
Après avoir vendu l'optimisme dans les couloirs d'Old Trafford il y a trois semaines, Mbappé s'est effondré comme le PSG, mercredi soir au Parc des Princes, face à Manchester United (1-3). Malgré une passe décisive en début de match, le champion du monde n'a pas répondu présent au moment où on l'attendait le plus.
Il y a des soirées pour briller, pour rêver, pour triompher. Mbappé y a déjà souvent goûté, à commencer par le 15 juillet dernier. Puis, il y a celles pour tout gâcher, pour passer à côté, pour apprendre l’humilité. Mardi soir, le petite prodige français s’est rappelé qu’il ne pouvait pas tout gagner, lui qui a déjà raflé une Coupe du monde et les quatre trophées nationaux sur le territoire français. Le score final sonne comme un terrible karma, punissant l’immense orgueil du gamin de Bondy. Un pion de Lukaku après deux minutes de jeu ? Pas d’inquiétude, ce cher Mbappé est venu mettre le désordre dans une défense mancunienne dépassée pour servir l’égalisation à Bernat sur un plateau. Une quinzième passe décisive cette saison, célébrée comme un pion par Kylian et son melon, désireux de rassurer le Parc des Princes : rien ne pouvait vraiment inquiéter le PSG tant qu’il était présent sur le terrain.
La suite ? Une prestation hyper brouillonne, des pinceaux qui s’emmêlent et un face-à-face manqué devant De Gea dans les derniers instants. Un coup dur pour celui qui venait d’enchaîner les caramels contre Sainté, Montpellier, Nîmes et Caen et qui collectionnait les superlatifs depuis des semaines. Résultat : Mbappé s’est effondré sur la pelouse au coup de sifflet final, complètement sonné, restant allongé plusieurs minutes, le visage enfoui dans ses grandes mains. Comme pour rappeler ce que l’on avait tendance à oublier : l’attaquant précoce a des failles, et même le futur meilleur joueur de la planète foot peut se rétamer dans un grand rendez-vous.
À côté de la plaque
Cette fois, Mbappé a pêché dans la finition, ne parvenant pas à faire trembler les filets de De Gea comme à l’aller. Le meilleur buteur du championnat de France commençait pourtant à nous habituer à sa célébration les bras croisés ces derniers temps, même quand il paraissait moins à l’aise et influent dans le jeu du PSG. Face à Manchester, il a pourtant essayé de faire briller ses partenaires par ses passes (83% de réussite) et ses déplacements, avant de s’effondrer et décevoir au fil des minutes. La leçon est évidente : l’international français aurait dû faire parler son grand talent mercredi soir, et non pas à Michel d’Ornano le week-end dernier. Même à vingt piges, il aurait dû être celui qui devait guider Paris vers un quart de finale espéré depuis maintenant trois ans. Mbappé a beau être mature pour son âge, blindé de confiance, ultra talentueux et champion du monde, il ne s’est pas hissé au niveau Ligue des champions. Il a également compris qu’il faudrait encore attendre au moins un an pour espérer soulever le trophée le plus convoité par le club de la capitale.
Puis, il a donné un sens impitoyable à ses mots prononcés lors d’un entretien au magazine Sports & Style de L’Équipe, à paraître… samedi 9 mars : « Bon okay, j’ai vécu quand même pas mal de choses, mais dans le football, il y a beaucoup de surprises, c’est ce qui fait sa beauté. » Aujourd’hui, l’attaquant parisien remplacerait probablement le dernier mot par cruauté. Et il finirait aussi par se rappeler qu’il est impossible pour lui de tout faire tout seul. Sans Neymar et Cavani, l’attaque parisienne a paru trop fébrile pour vraiment faire paniquer une défense mancunienne pourtant bricolée. Finalement, Mbappé s’est surtout pris en pleine face son propre message d’optimisme balancé trois semaines plus tôt dans les couloirs d’Old Trafford : « Il faut arrêter de vendre la peur. Il faut que les gens arrêtent d’avoir peur. Bien sûr que Neymar et Cavani sont importants, mais le foot se joue sur le terrain, on l’a montré ce soir. » Pas besoin de la vendre, la peur s’est installée toute seule, comme une grande, sur la pelouse du Parc des Princes. Et le prodige Mbappé n’a rien pu faire pour la contrer.
Par Clément Gavard