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Mbappé : « J’espère qu’on sera encore fiers de porter ce maillot le 7 juillet »
En conférence de presse à la veille d’Autriche-France, Kylian Mbappé n’a pas beaucoup parlé de foot, recevant en majorité des questions sur l’actualité politique. Le capitaine des Bleus a lancé un appel à aller voter et à se mobiliser contre les extrêmes.
La Fédération française a fait un communiqué par rapport aux différentes prises de position de tes coéquipiers. As-tu un message à faire passer en tant que capitaine ?
J’ai eu écho de ce communiqué, maintenant je pense qu’on est dans un moment crucial dans l’histoire de notre pays : il faut savoir faire la part des choses et avoir une priorité. L’Euro a une place importante dans notre carrière, mais on est des citoyens avant tout, on ne doit pas être déconnectés. On est dans une situation inédite, j’ai envie de m’adresser à tout le peuple français et à la jeune génération : on est une génération qui peut faire la différence. Aujourd’hui, on voit que les extrêmes sont aux portes du pouvoir. J’appelle tous les jeunes à aller voter, prendre conscience de la situation. On a besoin de s’identifier à ce pays, à nos valeurs qui sont la mixité, la tolérance, le respect. Chaque voix compte, j’espère qu’on va faire le bon choix et qu’on sera encore fiers de porter ce maillot le 7 juillet.
Marcus Thuram a appelé à voter contre le Rassemblement national. Est-ce que tu le suis là-dessus ?
Je partage les mêmes valeurs que Marcus. Des valeurs de mixité, de tolérance et de respect. Bien sûr que je suis avec lui. Pour moi, il n’est pas allé trop loin. On a ce qu’on appelle la liberté d’expression, on est toujours dans un pays où elle existe. Il a donné son avis et je me range avec lui.
Ton message est assez clair. Est-ce que le fait que l’on démarre cette conférence de presse par autre chose que du foot à J-1, ça peut avoir une incidence sur votre préparation ?
On vous a souvent reproché des choses, parfois à tort, parfois à raison. Mais je pense que vous avez tout simplement le sens des priorités. Je le répète encore : le match de demain est très important, je suis bien placé pour le dire. Maintenant, il y a une situation beaucoup plus importante que le match de demain, ça ne change rien au fait qu’on soit très concentrés. On l’a préparé du mieux possible. C’est à moi en tant que capitaine d’essayer de remobiliser au maximum le groupe et bien sûr ne pas rester déconnecté. On sera là pour défendre les couleurs de notre pays, l’un n’empêche pas l’autre. C’est une situation différente, mais on est des grands joueurs et on doit s’adapter.
Souhaites-tu porter ce message de manière collective, est-ce qu’il y a quelque chose de prévu à ce niveau ?
C’est vrai qu’en tant qu’équipe, on a pensé à faire quelque chose. Je pense aussi pour essayer de protéger un peu cette compétition, sans être indifférents à la situation. On a beaucoup échangé sur le message qu’on pouvait donner. C’est sûr que c’est important pour nous, et ça permet aussi de protéger les plus jeunes. Ce n’est pas qu’il y en a qui ne veulent pas s’exprimer, ils ne savent peut-être pas comment le faire. C’est difficile de venir ici s’exprimer devant des journalistes sur un domaine qu’ils ne maîtrisent pas forcément. Personne ne s’en fout dans l’équipe, on est pleinement conscients de la situation. Certains sont plus à l’aise que d’autres. Je pense qu’on va faire quelque chose très bientôt.
Est-ce que Kylian Mbappé le capitaine de l’équipe de France appelle à ne surtout pas voter pour le Rassemblement national ?
Kylian Mbappé est contre les extrêmes, contre les idées qui divisent. On a l’opportunité de choisir le futur de notre pays. Il y a peut-être plein de jeunes qui n’en ont pas conscience. Quand on voit le taux d’abstention dans les campagnes, les banlieues. C’est pour ça que je veux parler aux gens de ma génération, on peut se dire qu’une voix ça ne change rien, mais si, si, ça peut changer. L’urgence de la situation fait que je n’ai pas envie de représenter un pays qui ne correspond pas à mes valeurs, nos valeurs. Il ne faut pas se cacher, on dit souvent qu’il ne faut pas mélanger politique et foot, je suis d’accord quand ça concerne des broutilles. Quand ce sont des situations comme celle-ci, c’est très important. Et c’est plus important que le match de demain, j’espère qu’on ne m’en voudra pas.
Tu ne vises pas davantage un extrême qu’un autre ?
Ce sont des idées qui divisent et je suis contre la division et pour des idées qui rassemblent.
Quel rôle le sélectionneur attend de toi sur cette compétition ?
J’ai eu une discussion avec le coach quand je suis arrivé en sélection, il m’a dit que je pouvais évoluer à plusieurs postes et qu’il fallait que je me tienne prêt. Je lui ai dit que j’avais déjà joué partout en attaque dans ma carrière. Je suis prêt à jouer là où il va me mettre, du moment que ce n’est pas sur le banc… (Rires.) Je vais m’adapter.
En ce qui concerne les JO, es-tu désormais sûr de ne pas y participer ?
Mon club a eu une position très claire, à partir de ce moment-là, je ne participerai pas aux Jeux. J’arrive dans une nouvelle équipe, je vais souhaiter le meilleur à cette équipe de France et j’espère qu’ils vont nous ramener la médaille d’or.
Propos recueillis par CG, à Düsseldorf