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Mbappé et le PSG, les histoires d’amour finissent mal
La brouille entre Kylian Mbappé et le PSG ne cesse de gagner en aigreur. Une pente acide jusqu’à une inéluctable séparation qui ne s’effectuera pas, contrairement aux promesses passées, à l’amiable. Et les récentes déclarations de l’attaquant parisien sonnent surtout comme le bilan personnel d’une histoire terminée.
Est-il possible de se dire au revoir dans le petit monde du ballon rond ? Ronaldo à Manchester United et Messi au Barça l’ont montré par le passé, le départ d’un club, surtout quand il a occupé un rôle essentiel, voire décisif dans votre ascension, se révèle souvent un exercice délicat qui abîme l’image du footballeur. Et Kylian Mbappé ne déroge pas à la règle avec un Paris Saint-Germain qui traverse une énième crise existentielle. Mbappé, qui pense que si l’institution doit être plus grande que le joueur de passage – « pas de Kylian Saint-Germain » –, est en revanche devenu trop gros pour ce PSG-là. Les péripéties et les allers-retours entre Nasser Al-Khelaïfi et le capitaine des Bleus illustrent cette impasse, tant sur le plan contractuel que sentimental. Ou comment réussir à clore une histoire dans laquelle tout le monde avait placé tant d’espoirs, ou d’illusions.
La parole est à l’attaquant
Si clairement, le club parisien a décidé de reprendre l’offensive au niveau de la communication, à défaut d’avoir les clés en main pour le contraindre à resigner, Kylian Mbappé veut aussi imposer sa version de cette rupture. Et l’ancien de Monaco continue de distiller ses éléments de langage avant l’inévitable clash définitif (même si pour le moment le Real dément tout accord avec son entourage). Il vient d’ailleurs de dérouler de nouveau son argumentaire dans les colonnes de France Football, après avoir été élu joueur français 2022-2023 par les anciens lauréats du trophée du magazine. Il y explique à demi-mot pourquoi il s’en va, comme lorsqu’un couple en période de divorce tente de convaincre les amis communs.
Kylian Mbappé veut d’abord parler au peuple français et aux supporters parisiens. « En France, on m’a vu grandir, on me voit tout le temps, au PSG tous les week-ends ou en sélection. Et ça fait des années que je marque beaucoup. » Mais il veut aussi rappeler l’importance de ce qu’il a accompli et de qui il est dorénavant : « Je ne me suis jamais plaint que mes performances soient banalisées. Je suis jeune et j’ai eu la chance d’être observateur, il n’y a pas si longtemps que ça, avant d’être acteur. Et moi-même, je banalisais ce que faisait Messi, ce que faisait Cristiano Ronaldo, ce que faisaient les grands joueurs. On est dans une société de consommation, où prime le “c’est bien, mais fais encore”. Et le fait que je sois juste à côté, à Paris… »
Seul avec du monde autour
En se comparant à deux de ses immenses prédécesseurs, il s’intronise lui-même dans la cour des grands. Un petit cercle où le maillot du PSG ne lui permet plus de monter en grade. Notamment en raison d’un « plafond de verre », celui de la C1, qui paraît infranchissable, malgré toute sa bonne volonté. « Je ne sais pas, ce n’est pas trop une question pour moi. Il faut parler aux gens qui font l’équipe, qui organisent l’effectif, qui construisent ce club. Moi, j’essaie juste de faire mon boulot du mieux possible. (…) Je pouvais faire mieux par rapport à mes standards. Mais pas faire de magie non plus. Même les autres joueurs ont tout donné. Parfois, dans le football, tu es confronté à ce qu’on appelle un plafond de verre. C’est pour ça que ce n’est pas trop une question pour moi, mais plus pour au-dessus. » Traduire, il faudrait un miracle pour décrocher ce titre tant convoité. En toute « humilité », il ne se sent quand même pas l’âme d’un prophète…
Cette énième sortie a évidemment déplu au président du PSG, qui au regard des efforts financiers consentis pour le conserver, doit se sentir floué devant une telle avalanche de reproches. Mais aussi à certains de ses futurs coéquipiers qui, paraît-il, s’en seraient plaints à leur direction. Mais le fond de l’affaire est ailleurs, dans la distribution des rôles entre Kylian Mbappé, qui serait atteint de mégalomanie et d’ingratitude, et le PSG, qui n’aura finalement jamais su faire de son petit génie la pierre angulaire de son projet. La colocation jusqu’au départ vers Madrid risque d’être vraiment très compliquée. Même si elle pourrait ne pas durer très longtemps.
Par Nicolas Kssis-Martov