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Kylian Mbappé doit-il vraiment craindre le coup de pression de Nasser al-Khelaïfi ?
Nasser al-Khelaifi a semblé mettre la pression à Kylian Mbappé à l’occasion d’une conférence de presse qui devait surtout introniser Luis Enrique en tant que nouvel entraîneur. Le président du PSG laisserait même deux semaines à son attaquant pour donner sa décision. Comme si le dirigeant avait les cartes en mains...
« Ma position est très claire. Je ne veux pas me répéter à chaque fois : si Kylian veut rester, on veut qu’il reste. Mais il a besoin de signer un nouveau contrat. On ne veut pas laisser partir gratuitement le meilleur joueur du monde. C’est impossible. C’est un club français. C’est sa ville. Il a dit qu’il ne partirait jamais gratuit. S’il change d’avis aujourd’hui, ce n’est pas de ma faute. On ne veut pas perdre gratuitement le meilleur joueur au monde. C’est très clair. Je ne veux pas le répéter, merci. Vous avez ce que vous voulez maintenant. » Avec cette sortie orageuse et à en croire les premières réactions qui ont suivi, Nasser al-Khelaïfi a visiblement rassuré de nombreux fans qui ont cru voir là un coup de pression d’un homme qui « parmi 1538 dialectes parlés dans le monde a choisi celui des termes » comme disent les Tweetos.
Un ultimatum sans sanction
Sauf qu’au fond, Nasser ne fait que rappeler la fragilité du PSG dans cette affaire. S’il avait vraiment voulu mettre Mbappé sous pression, NAK aurait tout simplement poursuivi sa phrase avec un mot que tous les enfants qui font une connerie connaissent bien : « Sinon… » Bah oui, sinon quoi, au juste ? Si Mbappé rejette l’idée de prolonger, si Mbappé refuse de rejoindre un club qui proposerait une somme acceptable au PSG pour telle ou telle raison, comme le droit d’un travailleur l’y autorise, si Mbappé veut réellement partir libre et gratuitement l’été prochain pour se baigner dans une rivière de primes en tous genres, que ferait Nasser ? Il demanderait à Luis Enrique de le mettre sur le banc pendant des mois entre Timothée Pembélé et Renato Sanches pour qu’il regarde Neymar tirer les pénaltys ? Il lui ferait jouer les matchs de Coupe de France pour reposer Hugo Ekitike en vue des échéances européennes ? Il l’enverrait en réserve ? Il le priverait de sortie et de pass NBA en lui faisant les gros yeux ? Sans sanction à mettre en face d’un ultimatum, la série 24 heures chrono n’aurait pas eu grand intérêt, et Mbappé n’a donc aucun « besoin de signer un nouveau contrat » comme l’assène son président. À moins que ce soit un contrat qui lui garantisse de s’y retrouver d’une façon ou d’une autre, par exemple au niveau des sommes qu’il attend pour partir cet été ou en attendant le suivant, bien entendu.
Dans une interview livrée au Parisien, le dirigeant qatari développe même encore un peu plus : « C’est pour ça qu’il doit se décider la semaine prochaine, ou maximum dans deux semaines. Et s’il ne veut pas signer un nouveau contrat, la porte est ouverte. C’est comme ça pour lui et pour tous les autres. Personne n’est plus grand que le club, aucun joueur, même pas moi. C’est très clair. Dans les standards du football, vous ne voyez jamais votre meilleur joueur quitter le club gratuitement. Cela n’arrive jamais. » Là encore, le constat demeure le même : Nasser veut mettre la pression, mais à l’heure actuelle, c’est toujours lui qui a chaud. C’est toujours lui qui risque plus que jamais d’être le président qui aura laissé son « meilleur joueur quitter le club gratuitement » comme il le dit lui-même. Les institutions en difficulté rappellent souvent que « personne n’est plus grand que le club » en période de turbulences, mais parfois, il arrive que le club n’ait pas le compas dans l’œil et que le joueur soit en réalité beaucoup plus gros que lui. Ce qui est largement imaginable à la pesée entre Kylian Mbappé et le Paris Saint-Germain aujourd’hui.
Et si tout était déjà écrit ?
Toutefois, si Mbappé apparaît toujours en position de force et maître de son destin dans ce dossier, un élément nuance la situation : quelle serait la réaction et l’accueil du Parc des Princes tout au long de l’exercice 2023-2024 vis-à-vis de son attaquant s’il restait sans prolonger pour finalement partir libre pour empocher lui-même le pactole absolu ? À moins qu’il ramène la Ligue des champions avant de prendre son Transavia pour Madrid, c’est un point non négligeable qui peut s’annoncer délicat à gérer. D’ailleurs, c’est bien le seul argument recevable dans la déclaration de Nasser : « Il a dit qu’il ne partirait jamais gratuit. » Aussi Kylian Mbappé pourrait-il s’inquiéter de la réaction du Real Madrid qui pourrait se lasser d’être le lésé de l’histoire chaque été, mais sa volonté de signer le Parisien un jour semble pour l’instant plus forte que ça. Dès lors, il existe une autre hypothèse qui expliquerait pourquoi Nasser a senti que c’était le moment de montrer ses biscotos aux journalistes ce mercredi. Finalement, peut-être que tout cela n’est qu’une simple mise en scène de communication : Nasser détiendrait évidemment des informations que le public et la presse n’ont pas et préparerait le terrain pour l’une des deux options digestibles pour le club, à savoir un départ ces prochaines semaines consenti par le joueur qui permettrait au champion de France de récupérer une compensation financière importante ou une prolongation qui l’empêcherait de partir libre l’été prochain. Sinon…
Par Pierre Maturana