- Coupe de France
- Finale
- Rennes-PSG (2-2, 5-6 tab)
Mbappé, côté face
Attendu comme le fer de lance d'une attaque parisienne enfin au complet, mais à court de rythme, Kylian Mbappé a failli à sa tâche. Dans l'ombre de Neymar d'un bout à l'autre du match, le meilleur buteur de Ligue 1 a notamment croqué deux balles de break et une balle de 3-2 durant la prolongation. Prolongation dont il n'a pas vu le terme, puisqu'il a été exclu pour un vilain geste sur Da Silva. Le point final d'une soirée à oublier pour le numéro 7 parisien, incapable de peser comme lors du match retour contre Manchester United.
Dans l’esprit de pas mal de Footix, l’échec des Bleus en finale du Mondial 2006 porte un nom : Zinédine Zidane. Sa faute ? Avoir laissé ses coéquipiers à dix à quelques minutes d’une séance de tirs au but où son aura et son sang-froid n’auraient pas été de trop. Trop passionnelle, l’analyse était bien sûr erronée. Ne serait-ce que parce que Zizou n’aurait au mieux tiré qu’un péno, ce 9 juillet 2006. Il n’empêche : à voir le tir au but de Christopher Nkunku s’envoler, difficile de ne pas se souvenir des circonstances dans lesquelles ce dernier est entré en jeu. Aurait-il fait son apparition sur la pelouse du Stade de France si Kylian Mbappé n’avait pas vu rouge ? Pas dit. Plus globalement, serait-on allé jusqu’à la cette loterie si le numéro 7 parisien avait tenu son rang ? Certainement pas.
Deux balles de break manquées
Car ce match, Kylian Mbappé a eu plusieurs opportunités de le faire basculer en faveur du PSG. Au quart d’heure de jeu et alors que le Stade rennais était à peine remis de cette volée monstrueuse de Dani Alves (1-0, 13e), l’enfant de Bondy a eu une énorme occasion de remettre les Rennais sous l’eau. Idéalement décalé par Di María sur un joli mouvement collectif, plein axe, à 18 mètres, le meilleur buteur de Ligue 1 a choisi la force, trouvant sur son passage un Koubek solide (15e). Cette possibilité de donner au Paris Saint-Germain deux buts d’avance au moment idoine s’est représentée à lui, juste avant la pause. Paris venait de concéder un peu par hasard la réduction du score, Kimpembe trompant Areola sur un centre de Traoré (2-1, 40e). Di María, encore lui, a fixé l’arrière-garde rennaise et servi Mbappé dans la surface. Encore une fois, ce dernier a choisi d’enchaîner vite et fort et s’est de nouveau heurté à la main ferme de Koubek (45e).
À ce moment-là du match, la maîtrise parisienne était telle qu’en dépit de ce retour rennais, aucune menace réelle ne semblait planer sur les hommes de Thomas Tuchel. Neymar, titulaire pour la première fois depuis le 23 janvier, était dans le bon tempo, jouant assez simple et gratifiant le public du Stade de France d’un bijou en guise de 2-0. En jambes, mobile, Mbappé se montrait lui disponible, à défaut d’être efficace, servant fréquemment de point d’appui dans les offensives de son équipe. Et l’on se disait que, comme souvent, à force d’insister, cela finirait par passer pour « Kyky » . Mais ce n’est pas passé. Beaucoup plus discret après le repos, l’attaquant parisien a progressivement disparu des radars, ne réapparaissant qu’à la 72e minute pour couper ce centre de Dani Alves et trouver le petit filet de Koubek. Faute de briller, le champion du monde 2018 a bien pensé débloquer la situation quand il a déposé l’arrière-garde rennaise, glissant le ballon dans les six mètres pour Neymar. Koubek était battu, mais le Ney était trop court (86e), et Rennes a gratté la prolongation. Trois tirs, deux cadrés et un frisson : c’était peu, bien trop peu pour un garçon de la trempe de Mbappé.
118 minutes pour régler la mire
Un garçon dont on attendait forcément beaucoup : jusqu’à cette alerte musculaire hier en fin d’entraînement, il était le seul, dans le compartiment offensif parisien, à être plus ou moins à 100%. Les derniers doutes levés dans la journée, Mbappé devait donc être le fer de lance d’une attaque parisienne enfin au complet, mais clairement à court de rythme. Ce rôle, c’est Neymar et ses 45 minutes dans les cannes qui l’ont endossé et assumé, 120 minutes durant. D’une percée ponctuée d’un ballon délicieux dans l’intervalle en pleine surface de réparation à destination de Mbappé, « Junior » a d’ailleurs bien failli tirer les marrons du feu et sauver le match de son comparse. Mais Mbappé, lancé, a trouvé le poteau opposé (99e). Et Paris s’est enfoncé un peu plus dans le bourbier rennais.
Il s’y est retrouvé coincé jusqu’au cou quand, à deux minutes du terme de la prolongation, le numéro 7 a laissé traîner ses crampons sur le genou de Damien Da Silva, faisant certes enfin preuve d’une certaine précision, mais récoltant surtout le second rouge de sa carrière après celui reçu l’an dernier en Coupe de la Ligue… contre Rennes. Le destin est vicieux. Il l’a d’autant plus été que cette exclusion a entraîné un réajustement tactique côté PSG. Exit Diaby, pourtant entré un petit quart d’heure plus tôt, place à Nkunku. Qui, d’invité surprise, s’est mué en bourreau du PSG en foirant le sixième penalty parisien, synonyme de défaite. Difficile de ne pas y associer les manqués de Mbappé, dont on se souvient soudain qu’il n’est encore qu’un môme de vingt ans au talent effarant, mais perfectible. Un rappel qui intervient au plus mauvais moment pour le PSG : dans un match couperet. Ça ne vous rappelle rien ?
Par Simon Butel