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Mbaka : « Oman, ce n’est pas un traquenard »

Propos recueillis par Tanguy Le Séviller
8 minutes
Mbaka : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Oman, ce n’est pas un traquenard<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Une frontière avec le Yémen, une autre avec l’Arabie saoudite, le Pakistan un peu plus au nord, le sultanat d’Oman n’a pas forcément la meilleure situation géographique du monde. Pourtant, c’est bien là-bas que Philtzgérald Mbaka (vingt-trois ans) a posé ses valises en juin dernier. Passé par Clairefontaine et le PSG, il y a trouvé un pays « sécurisé », mais où le football peine à remplir les stades.

Philtzgérald, où et comment as-tu commencé le foot ?J’ai commencé tout petit, d’abord à Sevran, en Seine-Saint-Denis (93), puis au Blanc-Mesnil. Ensuite, j’ai intégré Clairefontaine. J’étais dans la promo de Raphaël Guerreiro (Borussia Dortmund), Tristan Do (Muang Thong United), Jérémy Bela (Dijon), Jérôme Roussillon (Montpellier), Abdelrafik Gérard (Lens), Jonathan Beaulieu (US Granville), William Picout (Wildcats du New Hampshire) et même Alphonse Areola (PSG). J’ai d’ailleurs retrouvé Alphonse au PSG. Mon poste de prédilection, c’est numéro 8 ou numéro 10, et c’est là que je joue avec Oman Club. D’ailleurs, ça a toujours été mon poste, même si ça m’est déjà arrivé de dépanner au poste de milieu gauche.

Effectivement, tu t’es retrouvé ensuite au centre de formation du PSG…Ça s’est bien passé là-bas, il y avait donc Alphonse, Jean-Christophe Bahebeck, Jordan Ikoko… On a gagné la Coupe nationale, j’ai joué en U18, U19. On a même remporté le championnat de France avec la génération 92, Neeskens Kebano, Loick Landre. Mon entraîneur, c’était David Bechkoura. Je suis allé jusqu’en CFA, j’ai même fait un banc avec les pros en Coupe de France (8es de finale le 23 janvier 2013, avec Pastore et Verratti notamment). À l’époque, pour les jeunes, c’était plus dur que maintenant. Juste pour s’entraîner avec les pros ou simplement que quelqu’un vienne nous observer, c’était plus compliqué. J’avais un bon CV pour signer pro. Ça ne s’est pas fait et, de toute façon, signer pro pour jouer en CFA, ce n’était pas mon projet.

Du coup, comment as-tu réussi à rebondir ?Juste après le PSG, j’ai effectué la reprise de la saison avec Le Havre. Malheureusement, je me suis blessé à ce moment-là. Une déchirure aux ischio-jambiers. Forcément, ça a capoté. Des clubs m’appelaient pour des essais, mais je ne pouvais pas m’y rendre, je ne pouvais rien faire. Je me suis finalement retrouvé à Santander, en Espagne, avec l’équipe réserve. Ça se passait bien, mais le club était en crise. Et au bout de deux ou trois mois, ça ne payait pas ! Ça m’a soûlé, je suis parti. Je me souviens juste d’un joueur ivoirien, Mamadou Koné (aujourd’hui à Leganés, en Liga, ndlr), il allait trop vite, il était trop technique (rires). J’ai récupéré ma lettre de sortie et j’ai enchaîné quelques tests…

Où ça ?En Écosse… Mais le jeu ne me plaisait pas. Il pleuvait, mais il ne faisait pas froid. Je ne touchais pas de ballons, ce n’était que du combat. Et finalement, j’ai atterri au dernier moment à Getafe.

Comment c’était là-bas ?La première année, ça s’est bien passé. On s’entraînait beaucoup avec les professionnels, mais ça ne veut rien dire là-bas. Ça veut même parfois dire que tu ne vas pas jouer du week-end (rires). Ceci étant, à la fin de mon année, j’ai été sélectionné avec les U23 du Congo, puis appelé en A par Claude Le Roy. Y avait Prince Oniangué, Delvin Ndinga, Férébory Doré. Et là-bas, au Congo, c’est la pression. Les ministres viennent te parler dans les vestiaires. Ils te disent : « Faut gagner, sinon il va y avoir des émeutes dans le pays. » (Rires) J’ai été appelé trois, quatre fois. Ils me suivent, je sais que mon agent est en contact avec les gens de la Fédération. Si je peux y retourner, j’irai évidemment. C’est un plus. Là-bas, les stades étaient blindés. En Afrique, les supporters, ils sont chauds. C’est la première fois où j’ai joué devant autant de monde. Du coup, j’ai déjà joué contre le Ghana, y avait les frères Ayew en face.

National Team With @asamoah_gyan3 ⚽️💪🏾 ..

Une photo publiée par Muscat , Oman 🇴🇲 (@mbak_31) le 15 Juil. 2016 à 4h40 PDT

Tu as donc connu pas mal de galères avant de débarquer en juin dernier dans le sultanat d’Oman…En fait, j’étais en Australie juste avant. J’ai passé six mois là-bas, dans le club de South Melbourne FC, en deuxième division. Ça ne se passait pas très bien, on m’avait promis des choses, il y a eu quelques problèmes. À ce moment-là, mon agent commençait déjà à regarder pour trouver une solution et il m’a proposé le projet à Oman. C’était un beau projet, une belle opportunité. Quand tout a été réglé là-bas, j’ai résilié mon contrat en Australie et j’y suis allé. Avant de signer, j’ai eu quelques touches en Espagne et même en France, avec Clermont, mais il n’y a rien eu de concret. Après, pour Oman, je ne me suis pas jeté sur un coup de tête, j’ai bien réfléchi. Il y a eu un peu d’appréhension, c’est sûr, mais mon agent Mamadou y avait passé trois semaines, avait rencontré les dirigeants et m’avait dit que c’était ok. Il ne m’a pas envoyé au charbon, il m’a rassuré. Ici, c’est un beau pays, sécurisé, y a pas de guerre. Au club, tout était clair, concret. Ce n’est pas un traquenard.

Forcément, on s’imagine que tu fais une belle opération financière…Financièrement, je gagne un peu plus qu’en Australie. Je ne me plains pas. Mais je ne suis vraiment pas venu pour l’argent. Moi, je voulais vraiment jouer. Je suis bien, j’ai mon appartement, ma voiture, une Nissan. Elle n’est pas trop cabossée, je roule doucement. (Rires). Dès que j’ai un problème, au club, on s’occupe de moi.

Les conditions d’entraînement sont comment ?Il y a l’office (sic), le terrain est tranquille. S’il fait chaud en revanche, il se dégrade un peu. Il y a aussi un vestiaire, mais comme il y en a beaucoup qui travaillent, ils n’ont pas trop le temps de rester et de discuter. Quant aux stades où on joue, ils sont peu remplis. Pourtant, ils sont grands, c’est choquant. Ça m’est déjà arrivé de jouer des matchs devant 30-40 personnes, dans des stades qui pouvaient contenir entre 20 000 et 30 000 spectateurs. Je ne sais pas si le football est le sport numéro 1 à Oman, mais la première division est télévisée. C’est du sérieux. Il y a cinq stades et toutes les équipes jouent là. C’est comme si en France, on sélectionnait le Parc des Princes, le Vélodrome, etc. et que toutes les équipes y jouaient l’intégralité de leurs matchs.

Sportivement, ça donne quoi concrètement ?Mon club vient de monter en première division. Au début de la saison, ça a mis un peu de temps pour qu’on s’organise correctement. Par certains détails, c’était original. À l’entraînement, il y en a qui venaient avec le maillot de la Juve, du PSG. Moi, j’avais mon maillot de l’Australie (rires). Grâce à notre coach, un Espagnol, qui est clair et cash, ça s’est arrangé rapidement. Il a mis la pression tous les jours et avant que le championnat ne commence, c’était réglé. Et en plus, on joue en Adidas, c’est pas mal. Je voulais le numéro 23 ou le 99, mais ils étaient déjà pris, du coup, j’ai pris le 31, comme ça. Dans la Ligue, on a droit à trois joueurs étrangers, plus un Asiatique. Sinon, ce ne sont que des Omanais. Dans notre équipe, il y a un Brésilien (Felix Rodrigo), qui est un peu mon guide ici, un Chilien (Francisco Pizarro) et l’Asiatique, c’est un mec qui vient du Kazakhstan (le Kirghiz Anatoli Vlasichev, ndlr).

Et des Français, t’en croises aussi ?Oui, oui, il y en a deux qui jouent à Al-Nasr. C’est mon agent qui les a mis là-bas. Je n’ai pas eu de contacts avec l’ambassade française, pour les visas, c’est le club qui a tout géré. J’ai ma carte de résidence et, du coup, je peux voyager dans les pays du Golfe. Après, je n’ai pas encore pu vraiment y aller, car on joue tous les trois ou quatre jours. Il y a les matchs de Coupe, la Coupe Mazda et celle du Sultan. C’est celle-ci la plus importante, car elle concerne les équipes de première, deuxième et troisième divisions.

Beach with camel ..

Une photo publiée par Muscat , Oman (@mbak_31) le 8 Nov. 2016 à 11h39 PST

Tu parlais de voyages juste avant, est-ce que tu as eu l’occasion de visiter un peu le pays ?Pas trop. Seulement un peu avec le club. On a été dans le Sud, à Salalah. Sinon, vers Mascate, là où on est, il y a une superbe plage à dix minutes, de beaux hôtels comme le Shangri La qui est un peu en dehors de la ville, le Hyatt aussi. Franchement, c’est paisible, c’est sécurisé. Tu peux laisser ton téléphone, les gens laissent leurs voitures allumées avec la clim dedans, vont au resto et reviennent tranquillement les récupérer.

Côté contrat, ça se passe comment pour toi ?J’ai signé pour deux ans, jusqu’en juin 2018. Mon club se situe à Mascate, la capitale. Si je fais bien les choses, je peux espérer signer un meilleur contrat ou dans un meilleur club. J’ai beaucoup de potes qui galèrent en CFA, j’en ai déjà parlé à l’un d’entre eux, mais il a privilégié rester en France, pourtant il a largement le niveau ici. Et, ici, ça peut vraiment être un bon tremplin. Il y a un Brésilien qui jouait dans mon club, il a mis une dizaine de buts et il a signé un gros contrat au Japon. Si tu fais une bonne saison, ça peut aller vite.

Tu t’y sens bien en tout cas…Je n’ai pas encore marqué, mais j’ai déjà fait quelques passes décisives, six je dirais (rires). L’entraîneur est content de moi et puis tout le monde pensait qu’on allait prendre des 4-0, des 5-0. Là, on est la surprise du championnat, on est sixièmes au classement. On a aussi trois joueurs qui sont partis en sélection omanaise, ce n’était jamais arrivé avant !

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Propos recueillis par Tanguy Le Séviller

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