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Maxwell, le discret
Arrivé au PSG en janvier dernier, Sherrer Maxwell apporte aux Parisiens ce qu’ils n’ont pas : l’expérience. Souci, depuis quelques semaines, le latéral gauche est vivement critiqué pour ses performances. Pourtant, il est l’un des meilleurs passeurs de L1. Un paradoxe qu’il doit peut-être à son caractère sur et en dehors du terrain. Car Maxwell est plutôt du genre discret.
Sherrer Maxwell, c’est un palmarès impressionnant, acquis lors d’expériences dans des clubs parmi les plus prestigieux d’Europe : 186 matchs à l’Ajax, 125 à l’Inter, 101 au Barça. Le tout pour sept championnats et une Ligue des champions, entre beaucoup d’autres choses. Un C.V. en béton, voilà donc la raison principale de son arrivée au PSG en janvier dernier. Première recrue de l’ère Ancelotti, Maxwell, performances mises à part, est un lien nécessaire dans la mutation du PSG. Ce joueur à l’expérience internationale, chargé de faire partager son vécu et ainsi favoriser le changement de dimension du club de la capitale. Pourtant, il est loin de faire l’unanimité chez les médias et supporters. Des performances discrètes, maladroites selon certains. Une chose est sûre, le Maxwell n’est pas un amoureux de la prise de risque. Pour un latéral brésilien, ce serait presque choquant. Et c’est peut-être ça, que le public attendait de lui. À tort.
Un casanier, du genre « suédois »
« Il n’a rien d’un Brésilien. On se demandait même s’il n’était pas plutôt suédois. Ce n’est pas du tout un fêtard ni un extraverti. Il est plutôt casanier, très proche de sa famille. Mais c’est certainement la personne la plus gentille que j’ai rencontrée dans ma vie. Je ne l’ai jamais vu s’énerver. » Olivier Dacourt connaît bien Maxwell, pour l’avoir fréquenté trois ans dans les vestiaires de l’Inter. Et voilà ce qu’il lâchait au Parisien à propos de son ex-coéquipier, peu avant son transfert vers la capitale. Maxwell, c’est donc un mec sympa, travailleur, réservé. Cheveux mi-long, belle gueule, pas de tatouages apparents. Un look qui va de pair avec son caractère. Passe-partout, le Brésilien n’aime pas s’afficher, malgré un C.V. qui pourrait lui permettre aujourd’hui de se la péter. « C’est une personne assez réservée. On ne l’a jamais vraiment entendu ici à Milan. Et dans les journaux, il est également discret… » , raconte quant à lui Benoît Cauet, actuel coach des jeunes nerazzurri, qui l’a également côtoyé en Italie. Pas du genre à s’étaler, Maxwell en garde néanmoins un talent : celui d’intégrer parfaitement un effectif. Et ce, quelle que soit la concurrence. Partout où il est passé, le Brésilien a fait preuve d’une étonnante capacité d’adaptation, tandis que sa gentillesse et son côté avenant lui ont valu de se faire pas mal de potes, dont Zlatan, pourtant son opposé niveau caractère (il a d’ailleurs joué un rôle dans l’arrivée du Suédois à Paris, si besoin est de le rappeler). Peut-être pour ça qu’un mec pareil, à la fois réservé et sympa, avec un évident détachement pour le côté bling-bling du football d’aujourd’hui, parvient à se fondre à merveille dans des effectifs pléthoriques.
Un joueur trop propre ?
Mais si, dans son caractère, Maxwell est aux antipodes de l’idée que l’on a d’un Brésilien, dans son jeu, bah, il est aux antipodes du concept de latéral brésilien. La prise de risque, très peu pour lui. Jamais un dribble de trop, (quasiment) jamais de frappe. « C’est un joueur très collectif, qui ressort bien le ballon, très propre. Il ne cherche jamais à réaliser de choses compliquées. Donc si les gens s’attendent à ce qu’il dribble dix joueurs pour aller marquer, bon… Et encore, de par ses capacités, il pourrait. Mais c’est un joueur qui joue simple, et qui s’est parfaitement fondu dans le collectif parisien » , analyse Benoît Cauet. Sobre, propre, facile. Alors, c’est ça qui énerve et déçoit ? Le fait qu’il donne l’impression de ne pas se donner suffisamment ? Ou serait-ce plutôt le fait que la France, en le voyant débarquer, s’attendait à découvrir un joueur spectaculaire, dans la pure tradition des latéraux auriverdes ? Un peu de tout ça, sans doute. Car il faut bien se l’avouer, la France du football ne connaissait pas Maxwell avant qu’il ne débarque à Paris, et ce, malgré son C.V. Question de caractère et de style, bien sûr.
En attendant, si les médias et supporters ont aujourd’hui tendance à lui tomber dessus (ok, c’est bien lui, le responsable sur le but de Porto en LDC), Maxwell, lui, en est à trois passes décisives en L1. Soit le troisième meilleur total de la discipline en championnat. Un sacré paradoxe. « Il joue des matchs de haut niveau, il a une excellente technique… Sa valeur ne peut être remise en cause. Il y a juste des moments difficiles à gérer dans une saison » , croit savoir Cauet. Plus que ses quelques errements défensifs, c’est le style qui gêne certains. Ceux-là même diront que Maxwell est le point faible du PSG ou qu’il ne doit sa place sur le côté gauche qu’à l’absence de concurrents, les seuls Tiéné et Armand faisant le nombre à ce poste. Sûr qu’au Barça, il luttait avec Abidal et Adriano. À l’Inter, avec Grosso, puis Chivu. Pas les mêmes bestiaux, c’est évident. Mais ce n’est pas pour autant qu’il jouait différemment. Et exceller dans la sobriété, c’est possible. Même aux côtés de stars exubérantes. Seulement, dans ce cas, une erreur suffit pour être condamné. Voilà la conclusion du cas Maxwell au PSG : ce latéral est juste coupable d’excès de sobriété dans un effectif qui se veut clinquant et spectaculaire. Mais on ne change pas la nature d’un joueur. Né discret, Maxwell le restera. N’en déplaise aux nostalgiques de Roberto Carlos et consorts.
Par Alexandre Pauwels