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Maxime Vachier-Lagrave : « Aux échecs, on connaît la troisième mi-temps »

Propos recueillis par Léo Tourbe
Maxime Vachier-Lagrave : « Aux échecs, on connaît la troisième mi-temps »

Sacré champion du monde d'échecs blitz le 30 décembre dernier, Maxime Vachier-Lagrave est un grand fan de football et porte l'OL dans son cœur. Entretien mêlant philosophie de vie à la Sidney Govou, Quique Setién et 4-4-2 losange.

Tu as posé la première étoile sur le maillot de l’équipe de France d’échecs blitz. Un peu déçu que personne ne soit allé sur les Champs ? Ah ! Non non… Mais j’ai reçu beaucoup de messages de plein de monde, c’était le plus important. Je ne demande pas encore la parade sur les Champs. Je peux encore attendre que les échecs deviennent le sport numéro un en France ! Ce serait beau.

Tu es supporter de l’OL… Comment ça se passe en ce moment ? Je sais que la vie d’un club est faite de hauts et de bas. Les fondations sont solides, mais c’est vrai que c’est moins sympa de suivre les matchs en ce moment. Puis c’est tellement énervant quand on gâche ces avances au score. C’est notre marque de fabrique depuis quelques années. Il n’y a pas de raison que ça parte complètement en cacahuète. On a un bel effectif et un bon centre de formation, donc je suis toujours optimiste pour l’avenir.

Pourquoi tu supportes Lyon, toi le Parisien ? C’est un peu par hasard. Quand j’étais jeune, j’ai choisi tout seul. Ma famille ne suit pas du tout le foot, donc j’aurais très bien pu ne supporter aucune équipe et ne pas m’intéresser au foot. Paris et Marseille, c’était la guerre dans la cour de récré, et partir dans des guerres de supporters à l’époque, c’était pas trop mon truc. Donc Lyon, c’était bien. Et puis ça commençait à se passer pas mal. Il y avait aussi une émission sur Europe 2, je crois, où Barth Ruzza commençait en disant « bonjour au Stade Gerland et toute la France », quelque chose comme ça. Ça date d’il y a vingt ans !

Joueur d’échecs, c’est comme un sportif de haut niveau, donc il y a eu des sacrifices à faire à l’adolescence. Notamment la vie sociale. C’était pas la bringue tous les soirs de mon côté.

Tu avais aussi dit que tu te retrouvais plutôt bien dans la philosophie de vie de Sidney Govou. Ça veut dire quoi ? Oh bah, c’est un fêtard ! En fait, il y a deux points importants chez Sidney Govou. Déjà, la recherche du très haut niveau et de l’excellence. Mais tout en gardant un épanouissement de vie assez important. Peut-être même trop important par rapport à ce qu’il pouvait se permettre s’il voulait franchir des étapes supplémentaires. Il y a un équilibre à trouver. Mais j’aime bien ce type de philosophie de vie, même si j’essaye d’être encore plus rigoureux pour franchir les dernières étapes qu’il me reste.

On doit souvent te le dire, mais joueur d’échecs et fêtard, c’est pas vraiment ce qu’on se dit en premier… C’est vrai, mais on sait bien rigoler ! Il faut savoir que joueur d’échecs, c’est comme un sportif de haut niveau, donc il y a eu des sacrifices à faire à l’adolescence. Notamment la vie sociale. C’était pas la bringue tous les soirs de mon côté. Il y a une forme normale de décompression que ce soit en fin de tournoi ou alors avant les journées de repos. Entre les tournois aussi. En plus, beaucoup d’entre nous sont des gamblers, on a cette adrénaline du jeu. Pas tout le monde, bien sûr. Mais ce n’est pas rare d’avoir certains joueurs dans des casinos. D’autres préfèrent une bonne soirée en fin de tournoi. On connaît le principe de la troisième mi-temps !

Prends ça, la FFL.

Si tu devais te décrire comme un joueur de foot, tu le ferais comment ? Je me vois en milieu de terrain offensif, à distribuer. J’aime bien faire un coup à gauche, un coup à droite, donner le tournis aux adversaires. Avoir ce côté un peu imprévisible, réussir à faire la passe inattendue… Attention, on parle des échecs. Quand je joue au foot, malheureusement, c’est plus compliqué…

Tu joues quel poste ? Souvent, ce sont des fives, donc je me retrouve un peu partout. On m’a fait jouer attaquant, ce n’était pas forcément une grande réussite. Gardien, c’est compliqué, même si je peux parfois faire quelques beaux petits arrêts. Mais si on doit me placer dans un onze de départ, malheureusement, ce serait latéral gauche, et pas pour les bonnes raisons. (Rires.)

Le parallèle le plus simple que l’on peut faire entre les échecs et le foot, c’est sûrement la tactique de départ. Si t’étais coach, tu jouerais dans quel système ?Déjà, j’ai bien envie d’avoir une base d’arrières solide, une défense compacte. J’aimerais aussi avoir un beau milieu de terrain, donc même si c’est compliqué à mettre en place, je jouerais en 4-4-2 losange, ça renverrait aux belles années à Lyon. Enfin les belles années… celles du centre de formation.

La patte Hubert Fournier… Oui, c’était même Rémi Garde qui l’avait installé.

Pendant longtemps, j’essayais de ne pas louper les matchs de Lyon. Même dans les aéroports avec des sites de streaming obscurs en 144p, mais ce n’était pas aussi fluide qu’aujourd’hui.

Quand tu es dans une partie d’échecs, c’est quoi ta tactique ? Ça dépend si j’ai les blancs ou les noirs ! Les blancs ont un avantage, donc avec eux, je vais plutôt chercher à produire un jeu de possession, où je vais être solide, bien garder la balle et ne pas laisser d’opportunités à l’adversaire. Quitte à ce que ça mette un peu plus de temps jusqu’à ce que le ballon rentre dans le but. Avec les noirs, au contraire, je vais tenter de me créer des opportunités en contres, tout en sachant que je peux être plus exposé. Je peux aussi utiliser des feux follets à gauche et à droite pour déborder.

Les entraîneurs sont-ils de bons joueurs d’échecs dans l’âme ? Dans l’esprit, oui ! Et puis il y a l’exemple de Quique Setién qui avait fait une pige au Barça. Ça ne s’était pas très bien passé, mais j’ai l’impression qu’en ce moment, il n’y a pas grand-chose qui se passe bien là-bas. (Rires.) C’est un joueur à 2000 (son score Elo, celui de Vachier-Lagrave est de 2761, NDLR). Sinon il y a aussi des exemples de joueurs qui sont assez forts. Hatem Ben Arfa, Esteban Granero aussi. J’ai dû le croiser quand j’ai joué un tournoi à San Sebastián. Je crois que c’est même devenu la mode en équipe de France, de jouer aux échecs.

Tu vas être invité à Clairefontaine alors ? Pourquoi pas ! Ce serait bien.

Matrix : Chess edition.

Comment suis-tu le foot quand tu es en déplacement ? Je le suivais beaucoup plus à l’époque ! Les matchs de Ligue des champions, je ne les ratais jamais, même si j’étais en Chine et qu’il était 3h45. J’ai vu plein de rencontres vers 2-3 heures du mat’. Des matchs tout pourris et d’autres plus sympas. Du Marseille-Lorient 3-5 sous Bielsa, par exemple. Pendant longtemps, j’essayais de ne pas louper les matchs de Lyon. Même dans les aéroports avec des sites de streaming obscurs en 144p, mais ce n’était pas aussi fluide qu’aujourd’hui. Maintenant, j’essaye de suivre le maximum de matchs, mais avec les droits télé qui changent chaque année, c’est compliqué de s’adapter et de changer tous ses abonnements. Ça, j’en ai un peu marre. Et puis j’essaye d’être plus rigoureux ! Avant, si j’étais le samedi chez moi, il pouvait y avoir la télé allumée toute la journée.

Tu as 31 ans. Tu en es à quelle phase de ta carrière ? Je suis dans la deuxième moitié de ma carrière, clairement. Après, il me reste à peu près dix ans de carrière. Donc je peux encore essayer de gravir les échelons et devenir champion du monde en classique.

Alireza Firouzja, l’autre grand joueur français, est deuxième mondial à 18 ans. Est-ce que vous ne seriez pas une sorte de duo Mbappé-Benzema ? Ce serait pas mal, oui ! Son addition en équipe de France nous a déjà été très bénéfique cette année. Moi, si je suis Benzema et lui Mbappé, ça me va. On va essayer de remporter un titre aux Olympiades, ça va être sympa. La vitrine du haut niveau français ne dépend plus uniquement de mes performances. Donc les bonnes prestations se multiplient et il y a toujours plus d’occasions de parler des échecs en France, et ça, c’est très positif.

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Propos recueillis par Léo Tourbe

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