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Maxime Chanot : « La progression du Luxembourg est folle »
À 34 ans, le Nancéien Maxime Chanot s’apprête à défier l’équipe de France avec le Luxembourg, mercredi, à Metz. Le futur coéquipier d’Olivier Giroud à Los Angeles parle de la progression d’une sélection qui n’est plus si petite, et qui rêve de se qualifier pour une compétition majeure dans les années à venir.
Dans quel état d’esprit es-tu avant d’affronter la France ?
Évidemment, on est contents de pouvoir jouer ce genre de matchs, c’est toujours agréable. L’état d’esprit est positif. On part confiants, toutes proportions gardées bien sûr, mais on est confiants à la suite de nos derniers résultats lors de la campagne des qualifications pour cet Euro, même si on a des absents. Il y a un grand écart entre les deux nations, on sait qu’on est outsiders, mais on va essayer de faire bonne figure parce qu’on sait qu’on va affronter les meilleurs joueurs du monde. En tout cas, on est enthousiastes.
Ça fait quoi de jouer contre un futur coéquipier dans ton club de Los Angeles FC, en la personne d’Olivier Giroud ?
C’est vrai que ça va être paradoxal d’être adversaires avant de devenir coéquipiers dans quelques semaines ! On en parlait récemment à Los Angeles, on rigolait en se disant qu’il faudrait que je lève le pied si je me retrouve à son marquage. (Rires.) On est très heureux de l’accueillir en Californie, il va nous faire du bien. C’est toujours un bonus d’avoir un joueur comme ça dans ton équipe. On a tous hâte de partager le vestiaire avec lui, et moi encore un peu plus en tant que français.
Quel est ton regard sur la MLS et la trajectoire que prend le championnat ?
Quand j’ai signé aux États-Unis, au New York City FC il y a près de dix ans (en 2016), le président de la Ligue avait dit que la MLS serait dans les trois meilleures ligues du monde dans moins de dix ans, justement. On n’y est pas encore parce qu’on n’a pas dépassé l’Angleterre ou l’Allemagne, mais on s’en approche, on est sur le bon chemin. C’est devenu un championnat encore plus compétitif depuis qu’ils ont levé le système de salary cap, ça permet d’attirer davantage de bons joueurs, ça tire le niveau vers le haut. Si on compare avec la Ligue 2 (il a fait une pige à Ajaccio cette saison, NDLR), la MLS est trois fois plus forte. Sur l’organisation, le niveau de jeu, l’ambiance, les stades… Ce n’est pas non plus le même budget, ça se rapproche plus des top championnats européens, mais des clubs comme Los Angeles ou New York ne feraient pas pâle figure en Ligue 1, loin de là.
Qu’est-ce qui t’a amené à jouer pour le Luxembourg ?
J’ai la double nationalité, du côté de ma mère. J’ai eu l’opportunité vers 20 ans de pouvoir représenter son pays, pour moi c’était logique. J’ai eu la chance d’être appelé par le sélectionneur, j’en suis très heureux et ça m’a donné l’opportunité de jouer des grands matchs. Ça m’a fait grandir en tant que joueur, mais aussi en tant que personne.
Le Luxembourg est une sélection très cosmopolite. Comment ça se passe dans le groupe ?
C’est un groupe que j’apprécie beaucoup, je prends énormément de plaisir à revenir, il y a beaucoup de joueurs avec des origines étrangères. La grande force de cette équipe, c’est que les trois quarts des joueurs ont joué ensemble en équipe de jeunes. Ils sont très proches, ça crée quelque chose. Il y a une entente exceptionnelle grâce à ça. L’ambiance au sein du groupe est incroyable, j’ai fait pas mal de clubs, mais c’est le vestiaire qui vit le mieux, c’est toujours un plaisir de retrouver l’équipe nationale. Tu quittes le quotidien du club, et c’est une bouffée d’oxygène, le groupe est jeune, il y a une belle marge de progression.
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Malgré le statut de petite équipe, le Luxembourg progresse chaque année.
Je pense que les résultats jouent en notre faveur, on a fait une campagne de qualification pour l’Euro à 17 points dans un groupe avec le Portugal, la Slovaquie, la Bosnie… Des nations qui se qualifient souvent dans les grands tournois. De mémoire, je crois qu’avec 17 points, la plupart du temps, tu te qualifies, mais on a loupé notre petite finale contre la Slovaquie. On perd 1-0 chez nous alors qu’on dominait, ça aurait été exceptionnel d’offrir cette première qualification. La progression est folle, quand je suis arrivé il y a dix ans, on était vraiment considérés comme une petite équipe, mais on a évolué dans notre philosophie de jeu, c’est ça dont je suis le plus fier. On est allé battre l’Irlande, la Bosnie, la Grèce… Avant, contre ces équipes, on n’avait aucune chance, maintenant on a des joueurs qui disputent la Ligue des champions, qui jouent au Dynamo Kiev, à l’Union saint-gilloise, au Borussia Mönchengladbach… La progression individuelle profite au collectif.
La qualification pour l’Euro 2028 est l’objectif principal maintenant, ça va être compliqué pour la Coupe du monde, mais il y a des équipes comme l’Islande, comme le Pays de Galles qui se sont qualifiées pour une compétition internationale, ce sont des inspirations pour nous.
Et donc quel futur est possible pour le Luxembourg ? Une qualification pour un grand tournoi prochainement, c’est possible ?
On a une équipe très jeune, il ne faut pas s’enflammer, parce que dans le foot, tout est possible et tout va très vite, mais on surfe sur les trois, quatre dernières années, on est sur le bon chemin. La qualification pour l’Euro 2028 est l’objectif principal maintenant, ça va être compliqué pour la Coupe du monde, mais il y a des équipes comme l’Islande, comme le Pays de Galles qui se sont qualifiées pour une compétition internationale, ce sont des inspirations pour nous. C’est le modèle sportif qu’on a, faire un grand tournoi avec cette génération. Mais il faut y aller pas à pas.
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Quelles sont les forces de cette équipe du Luxembourg ?
La solidarité et le don de l’effort sont des forces qu’on applique, en tant que petite équipe, mais on a quand même de belles individualités comme Gerson Rodrigues, de bons milieux, on a des bons éléments dans à peu près toutes les lignes, mais on met l’individuel au service du collectif. Il n’y a pas d’ego dans ce groupe et c’est notre force, tout donner pour le pays, cette équipe.
Gagner contre les Bleus ou même marquer à Metz, pour toi le natif de Nancy, ça doit être un petit objectif personnel, non ?
Oui, je n’y avais pas pensé, mais ça serait un beau clin d’œil pour quelqu’un de Nancy d’aller gagner à Metz, ou au moins marquer ! Après, faire un résultat, ça va quand même être très compliqué, on est ambitieux, mais on joue contre la meilleure équipe du monde. J’ai beaucoup bougé dans ma vie, je ne me sens pas plus nancéien que je suis américain ou luxembourgeois par exemple, ça serait quand même un clin d’œil pour tous les supporters nancéiens oui, mais l’important, ce n’est pas tant moi, que le collectif. Mais on va tout faire pour donner une belle image de notre équipe.
Propos recueillis par Maxime Verhille