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Maxi Kondratiuk, ou la lutte contre une maladie incurable
Maximiliano Kondratiuk, ancien défenseur central de Gimnasia La Plata, a été contraint d'arrêter sa carrière en 2011, pour lutter contre son adversaire le plus coriace : la maladie de Wilson. Gravement atteint, le joueur se bat aujourd'hui pour sa vie.
Les histoires de dépassement de soi pour devenir footballeur professionnel sont légion. Celles de carrières brisées aussi. Mais le parcours de Maximiliano Kondratiuk est unique. Rugueux défenseur central surnommé « El gordo » , l’Argentin a débuté sa carrière à Gimnasia la Plata, où il disputera seulement deux matchs de première division. En 2007, il vit sa plus grande émotion en tant que footballeur, après avoir quitté son club formateur. Joueur de San Martín de San Juan, Kondratiuk participe à la montée en première division du petit club de la province de San Juan, dans l’Ouest de l’Argentine. Né à Berisso, dans la province de Buenos Aires, Kondratiuk a ensuite vagabondé entre les clubs de seconde zone : d’abord le CA Atlanta, puis Villa San Carlos, club de sa ville natale.
Un combat quotidien
En 2011, c’est le triste tournant de sa carrière : transféré à Lariano, en Italie, le défenseur est interné à plusieurs reprises pour des douleurs au foie. De retour dans son pays natal, Kondratiuk sera diagnostiqué d’un syndrome très rare : la maladie de Wilson. Cette affection génétique caractérisée par l’accumulation toxique de cuivre dans l’organisme, essentiellement dans le foie et le cerveau, provoque des troubles neurologiques, rénaux, oculaires et digestifs. Les symptômes de cette maladie se manifestent tardivement, ce pourquoi elle est difficile à traiter.
« Il se bat comme il le faisait sur le terrain. » Vanesa est désormais tous les jours aux cotés de son frère. En chaise roulante, affaibli par la maladie et ne pouvant plus parler, Maxi a dû abandonner son quotidien de footballeur. « Il a toujours été motivé, capable de se dépasser. Il y a une expression argentine, « dejar todo en la cancha » (laisser sa vie sur le terrain, ndlr), qui représente parfaitement la mentalité de mon frère quand il était défenseur. Aujourd’hui, avec la maladie, c’est pareil, il ne renoncera jamais » explique Vanesa. Aujourd’hui, le joueur, qui a dû mettre un terme à sa carrière suite à ce diagnostic, reçoit la visite quotidienne de ses deux sœurs, Vanesa et Marcela. De plus, il vit avec une infirmière. « Notre père vit dans un institut gériatrique et notre mère est décédée quand nous étions jeunes » ajoute Vanesa. En grande difficulté financière, la famille a donc tenté de médiatiser le cas de Maxi. Pour payer les médicaments produits en France, la famille a besoin de 20 000 pesos par mois (environ 2015 euros). L’ancien défenseur doit aussi subir des injections de botox dans les bras pour retrouver de la force. « Malgré son statut d’ancien footballeur, Maxi ne dispose pas de sécurité sociale. C’est seulement maintenant que le syndicat des footballeurs argentins (Futbolistas Argentinos Agremiados) nous a contacté pour aider financièrement Maximiliano » explique Vanesa. La famille a mis en place une campagne de soutien, notamment avec une page Facebook « Ayudemos a Maxi » et une collecte de dons.
Le soutien du monde du football
À l’origine de la campagne se trouve aussi Marcelo Goux, ancien coéquipier de Kondratiuk : « On m’a informé la semaine dernière de la maladie de Maxi. J’ai joué avec lui à Gimnasia. Tous nos anciens coéquipiers se sont rapidement mobilisés » a-t-il affirmé sur les ondes de la radio La Redonda. Et d’ajouter : « J’ai aussi contacté Marchi, le secrétaire général du syndicat FAA, pour que Maxi reçoive une retraite, comme tous les footballeurs qui ne peuvent plus pratiquer leur métier pour des problèmes de santé. » Pedro Troglio, idole et actuel entraîneur du club de La Plata, s’est de suite rendu au domicile de Kondratiuk. Le coach a aidé financièrement la famille. Des anciens joueurs d’Atlanta ont aussi envoyé une lettre à la Fédération argentine pour demander une aide économique. « Samedi dernier, ils sont venus à la maison, ont offert un maillot dédicacé à Maxi, et nous ont promis de nous aider. Vous n’imaginez pas l’émotion dans les yeux de Maxi » raconte sa sœur. Une vague de soutien qui étonne Marcela Kondratiuk : « Je ne vais citer personne en particulier. Mais l’élan de solidarité qu’a généré notre annonce est exceptionnel. Les gens nous appellent tous les jours. » Une campagne aussi relayée par certains joueurs professionnels argentins tels que Gerónimo Rulli, jeune gardien de la Real Sociedad.
#AyudemosaMaxi y que se siga difundiendo esta causa para que pueda ganarle a la enfermedad de Wilson. pic.twitter.com/JMonXchTX4
— Gero Rulli (@gerorulli) 19 Mai 2015
Ne pouvant communiquer que par le biais d’un ordinateur, Maximiliano Kondratiuk souligne l’importance du soutien du monde du football : « J’étais atteint moralement, car la situation économique de ma famille et ma santé ne s’améliorait pas. J’ai vraiment touché le fond il y a trois mois. Mais quand tous mes amis se sont mobilisés, j’ai mis de côté la honte et le mal-être de ma situation. Avec la diffusion dans les médias et le soutien incroyable du football argentin, j’ai retrouvé le moral » , affirme-t-il. « Avec les différentes aides économiques, mon traitement est couvert pour les mois qui viennent. » Sa sœur Vanesa conclut : « Il y a des cas de personnes atteintes de ce syndrome qui ont pu contrôler la maladie toute leur vie. C’est incurable, mais Maxi peut avoir une vie normale à long terme. » Le match le plus difficile de sa vie.
Par Ruben Curiel