- Coupe de la Ligue
- Demies
- Lyon-Lille
Maxence Caqueret, Gone Baby Gone
Avec l'arrivée de l'hiver est arrivé Maxence Caqueret. Un jeune joueur simple, collectif et efficace. Moins clinquant que les anciennes gloires de la formation lyonnaise comme Hatem Ben Arfa ou Karim Benzema, moins excitant que le nouveau phénomène Rayan Cherki, mais on ne peut plus révélateur de la qualité de la formation estampillée OL.
« Aussi longtemps que je m’en souvienne, il a toujours dit qu’il voulait réussir à Lyon. » Si Rayan Cherki a capté toute la lumière après sa performance contre Nantes en Coupe de France, Maxence Caqueret a pour lui d’être un symbole plus concret du savoir-faire lyonnais en matière de formation. Car quand l’attaquant prodige doit autant à la bonne fée qui s’est penchée sur son berceau qu’au travail, le petit milieu de terrain, lui, a l’air bien plus « normal » . Et son début d’éclosion est au yeux de Lionel Rouxel, le sélectionneur des U19 français, une situation idoine pour tout le monde : « C’est la situation idéale pour lui, dans un cadre familier, mais aussi pour l’OL, qui voit là un beau porte-drapeau du travail de formation et de l’identité du club. »
Si les observateurs les plus enflammés comparent déjà le gamin à un Xavi ou Iniesta pour son registre, l’éclosion aurait pu ne jamais avoir lieu, l’ère de domination du tiki-taka n’ayant pas encore commencé au milieu des années 2000. « Au début, ses parents voulaient le mettre à Vénissieux, dans sa ville natale, se souvient Jean-Louis Farizon, son tout premier éducateur à Corbas puis à Chaponnay-Marennes. Les gens de là-bas ont refusé de le prendre avant ses cinq ans, ils le trouvaient trop petit et frêle. Alors quand ses parents nous l’ont amené, on a dit « d’accord, nous on le prend », car on a tout de suite vu qu’il avait quelque chose. »
Le miel, Maxence et les abeilles
Un quelque chose que le formateur décrit avec une métaphore : « On disait entre nous qu’il restait à l’écart de l’essaim d’abeilles. À cet âge-là, tous les gosses s’agglutinent autour du ballon. Lui, il se tenait là où il y avait de l’espace. » Une intelligence de jeu rare qui s’est donc rapidement manifestée à en croire Farizon. « Les petits, on doit leur apprendre à toucher le ballon, intérieur, extérieur du pied, à se placer correctement, aussi. Lui, il savait déjà faire ces gestes de base, il avait de manière innée une vraie intelligence footballistique. Il se plaçait au bon endroit, donnait le ballon au bon endroit, si bien que ses carences en matière de gabarit n’étaient pas un frein. » Quinze ans plus tard, l’aisance technique continue de faire merveille, au plus haut niveau. Contre Bordeaux, lors de la 20e journée de Ligue 1, il a ainsi réussi 87% de ses passes, dont 38 dans le camp adverse, remporté 86% de ses duels et récupéré 8 ballons (statistiques Opta). De quoi lui valoir une place dans l’équipe type de L’Équipe et une image de nouveau métronome lyonnais, en binôme avec Houssem Aouar.
Le goût de la simplicité
Lionel Rouxel présente son protégé : « Ses plus grandes qualités pour réussir, c’est son niveau technique. Il sait jouer vite et efficace. Il est très bon pour fluidifier le jeu, faire la bonne passe, notamment la dernière. Avec moi en équipes de France de jeunes, il était souvent milieu offensif axial, derrière l’attaquant. Il sait passer, marquer… Il va falloir qu’il confirme pour vraiment s’installer, mais je pense qu’il a les qualités pour. Il lui faut prendre de l’épaisseur physique, augmenter ses statistiques, se révéler décisif dans des matchs importants, mais peut-être aussi refréner certains excès de sa générosité. » Un défaut que le technicien constatait via « des pressings défensifs non pertinents, ce qui pouvait parfois déstabiliser son propre bloc équipe » . Mais le natif de Vénissieux est un garçon intelligent, porté sur l’auto-critique. « Il a corrigé ça, il est encore plus intelligent collectivement et sait désormais très bien se placer et réagir. Il a un gros volume de jeu, il se rend disponible pour recevoir le ballon, et il n’abuse pas de sa qualité technique, il l’utilise pour le collectif avec un jeu simple et efficace. »
Captain Caqueret
Ce sens du jeu simple n’est pas forcément un legs de la formation lyonnaise, mais bien un trait de caractère du jeune homme selon Farizon. « Dès son plus jeune âge, il a été tourné vers le collectif. Il y avait d’autres gamins talentueux, mais qui ne juraient que par l’exploit personnel. Lui savait faire des différences seul, mais naturellement, il pensait à la solution collective. C’est aujourd’hui sa qualité première en professionnel. Il simplifie tout. » Maxence Caqueret n’a pas encore dépassé les dix matchs en Ligue 1 ni poussé les portes de l’équipe de France espoirs. Cela pourrait ne pas tarder, mais Lionel Rouxel préfère rester prudent. « Il faut qu’il garde la confiance de son entraîneur, qu’il ne se blesse pas, qu’il n’ait pas de creux mental ou physique. » La différence entre un feu de paille et une vraie carrière se jouera donc au mental, « mais du mental, je peux vous assurer qu’il en a, sinon il n’aurait pas été capitaine dans plusieurs catégories de jeunes avec moi en sélection ou à Lyon » , assure Rouxel. Farizon, lui, croise les doigts pour que son ancien joueur soit à l’abri des blessures, et fasse une longue carrière sous le maillot de l’OL. « C’est un symbole potentiel : un vrai gamin de la région, qui a fait toutes ses classes à l’Olympique lyonnais depuis ses onze ans. Difficile de trouver un footballeur plus lyonnais que lui. »
Par Nicolas Jucha
Tous propos recueillis par NJ