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Max Hilaire : « Je prenais souvent des appartements meublés »

Propos recueillis par Florian Lefèvre
Max Hilaire : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je prenais souvent des appartements meublés<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À La Beaujoire, Les Herbiers vont tomber sur un os nommé Max Hilaire. De Bayonne à Cholet, en passant par Tarbes, le milieu défensif – remis sur pied après une élongation – a bourlingué dans les stades d’athlétisme pour finir, à 32 ans, par toucher du doigt une finale de Coupe de France au Stade de France. Interview avec un ancien chauffeur de bus qui s’est retrouvé face à la Seleção à la Copa América.

Avant d’arriver à Chambly l’été dernier, tu as joué successivement à Bayonne, Pau, Tarbes, Marseille-Consolat, Cholet et de nouveau Marseille-Consolat, alternant le CFA et le National…Je jouais en région parisienne, à Noisy-le-Grand. J’ai eu l’opportunité de faire un essai à Bayonne, en National, en tant que joker. La première année à Bayonne, j’étais surveillant dans un collège, ce qui me donnait un petit complètement à côté du foot. Après, j’ai vécu du foot, à part à Tarbes, où j’ai pointé au chômage pour pouvoir passer une formation de chauffeur de bus.

Comment vit-on le fait de devoir repartir dans un nouvel environnement comme c’est le cas pour toi depuis 2012 ?C’est vrai que j’ai beaucoup bougé. J’étais tout seul, donc ça ne me dérangeait pas plus que ça de changer de club. Tu mets toutes les affaires dans la voiture, et voilà. Je prenais souvent des appartements meublés, ça m’a facilité la tâche… J’aurais préféré rester longtemps dans un club, mais, nous, footballeurs, des fois, on ne décide pas trop.

Qu’est-ce qui a marqué ta carrière ?Avec Tarbes, on s’est maintenus en CFA à la dernière journée dans un match couperet. Et, en 2016, j’ai disputé la Copa América avec Haïti. J’ai eu la chance de jouer contre le Brésil, l’Équateur, le Pérou ! Ça restera gravé à jamais.

Premier match de la Copa América : tu es titulaire contre le Pérou, et le sélectionneur Patrice Neveu te sort au bout de 38 minutes de jeu. Qu’est-ce qui te passe par la tête à ce moment précis ?C’était un choix tactique. J’étais déçu de sortir, mais en vérité, tout ce qui m’arrive, je prends ça comme du positif, vu que je n’ai jamais été pro, que je n’ai pas fait de centre de formation. Le sélectionneur m’a refait jouer contre le Brésil lors du match d’après.

J’ai récupéré le maillot de Casemiro.

Pendant cette compétition, je me suis vraiment mis dans la peau d’un joueur professionnel de haut niveau. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la simplicité de ces grands joueurs : Casemiro, Dani Alves, Coutinho… Ils jouaient vraiment simple, c’était propre, on les sentait concentrés. Et j’ai récupéré le maillot de Casemiro.

Qu’est-ce que vous représentiez à Haïti ? Le peuple haïtien s’accroche au football. Le football, le football, le football. Les gens arrêtent de vivre pour regarder les matchs. Là, pour une fois, les gens pouvaient voir leur sélection dans une compétition majeure. Les matchs à domicile avec la sélection, ce sont des sensations inimaginables. La veille, ils ferment les magasins. Le stade est complet, les gens essayent de trouver des places sur le toit de la tribune, sur les lampadaires…

En quoi ça peut te servir d’avoir participé à un évènement comme la Copa América en vue de la demi-finale contre les Herbiers ?Comme contre Strasbourg, profiter du moment au maximum. Tout donner, ne rien regretter. Certains clubs pros ne disputent jamais de demi-finale de Coupe de France. J’ai vu que c’était historique pour Caen (pour la première fois de son histoire, le Stade Malherbe est dans le dernier carré de la compétition, N.D.L.R.). Avant Chambly, j’ai disputé deux 16es de finale avec Consolat – on s’est fait éliminer par le Red Star et Quevilly-Rouen. Cette fois, le tirage, on le sentait un peu entre nous. Le seul moyen d’arriver en finale, c’était de jouer Les Herbiers. C’est beau de rencontrer Paris, mais là, on a l’opportunité d’aller au Stade de France.

Depuis le début de votre parcours, à quel moment êtes-vous passés le plus proche de l’élimination ?Les tours les plus compliqués, c’était avant les 32es de finale. À Haguenau et Vire, on était favoris, donc les adversaires avaient plus de motivation. Nous, ce qui fait notre force, c’est de bien défendre. Le coach est italien, donc il accentue vraiment sur la défense.

D’où le fait que le logo de Chambly était calqué sur celui de l’Inter (avant que l’Inter ne demande à Chambly de changer le sien) ?Le coach est turinois. C’est son frère, le président, qui est pour l’Inter.

On en revient à la fratrie Luzi : Bruno, le coach, Fulvio, le président et Walter le père-fondateur, qui est décédé le soir de votre qualification en demi-finale…Il venait nous dire bonjour tous les matins à l’entraînement. Lors des déplacements, c’est lui qui nous faisait à manger. Il nous préparait des pâtes, on avait nos yaourts en dessert. On était vraiment ses bébés. Lors du match face à Strasbourg, on savait qu’il était à l’hôpital. On pensait déjà à lui, et quand on a appris son décès après la qualification, on a carrément oublié le match. Il n’y a pas eu de soirée, rien, on était refroidis. Maintenant, on veut le faire pour lui.

Est-ce qu’il y a une anecdote à retenir de votre parcours ?

Quand on rencontrait des équipes plus faibles et qu’on ne méritait pas de passer, des supporters nous souhaitaient soit la descente, soit l’élimination.

Quand on rencontrait des équipes plus faibles et qu’on ne méritait pas de passer, des supporters nous souhaitaient soit la descente, soit l’élimination. « Ne vous inquiétez pas, vous allez sortir au prochain tour… » Ça doit leur faire bizarre de nous voir aujourd’hui en demi-finales. On en a beaucoup rigolé entre joueurs.

Pour conclure, on a envie de savoir si vous écoutez du Francis Lalanne maintenant dans le vestiaire ?Non. (Rires.) Il nous encourage, c’est sympa. La semaine dernière, il a chanté (une version revisitée de La Maison du bonheur, N.D.L.R.) dans le vestiaire, accompagné de sa guitare !

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