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Maurizio Gasparri : « Notre vie est rythmée par les Coupes du monde »

Par Lucas Duvernet-Coppola
Maurizio Gasparri : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Notre vie est rythmée par les Coupes du monde<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il est le vice-président du Sénat italien, et il est déjà l'un des grands personnages de cette Coupe du monde. Maurizio Gasparri, 57 ans, ancien député très à droite, ancien ministre de Berlusconi, président du groupe parlementaire Popolo della Libertà au Sénat, a provoqué un début de scandale diplomatique après la victoire de l'Italie contre l'Angleterre en tweetant, entre mille autres gazouillis : « Ça fait plaisir d'envoyer se faire … les Anglais, suffisants, couillons », avant d'insulter ses contempteurs. Entretien.

Alors, ce tweet ? Vous avez regardé le match où ?

J’ai regardé le match chez mon père. Mon père est de la Lazio, moi je suis de la Roma. Mais je vous préviens, je ne veux pas revenir sur la polémique. J’ai réagi comme un supporter, ça n’a aucune importance, ça ne doit pas faire un scandale international, donc je ne veux pas revenir là-dessus.

Vous avez le sentiment d’être allé trop loin ou simplement d’avoir dit ce que beaucoup d’Italiens pensaient au même moment ?

Ça n’a pas d’importance, je ne veux pas faire de scandales. J’ai réagi comme un supporter. N’en parlons plus.

Vous regardez toujours les matchs chez votre père ?

Non, j’étais à la campagne, mon père n’habite pas à Rome. Ça dépend des horaires, mais j’aime bien regarder les matchs chez moi, au calme, pour bien voir. Parfois, quand je suis en déplacement, je regarde ça sur l’I-Pad, mais ça n’offre pas une belle visibilité. Enfin bon, c’est déjà ça.

Vous êtes comment devant votre télé quand vous regardez un match ?

Disons qu’un commentaire ou deux peuvent bien m’échapper, notamment en cas de victoire. Mais bon, la joie d’une victoire nous emporte. S’il vous plaît, parlons du terrain.

D’accord : le match en lui-même ?

Je dois dire que ça a été une belle révélation. Je ne m’attendais pas à une Italie à ce niveau. Dans cette équipe, j’aime énormément Ciro Immobile. J’espère qu’il va faire comme Paolo Rossi en 82, ou Schillaci en 90. Le genre d’attaquant qui se révèle pendant la Coupe du monde, même s’il sort d’une grande saison. Son rush, à la fin du match, est arrivé un peu tard, mais si on lui laisse plus de temps, il aura d’autres occasions du genre. Quant à Balotelli, je l’aime aussi beaucoup. Il a finalement assez peu participé au jeu, mais du moment qu’il marque… Pour revenir sur Immobile, il ne faut pas oublier une chose : Paolo Rossi ne devait pas partir au Mondial de 82, il revenait tout juste de suspension, personne ne l’attendait à ce niveau. J’espère que ça va être pareil pour Immobile.

En tant que romaniste, vous avez pensé quoi de votre De Rossi ?

J’ai l’impression qu’il est dans un moment très positif de sa carrière. Sa prestation contre l’Angleterre n’a pas été au-dessus de la norme, mais il était très présent pour fermer et couvrir le jeu en défense.

On dit souvent que les Italiens, et particulièrement les Romains, ont toujours un peu de mal avec leur équipe nationale, préférant leur club.

Disons que la Roma voit rarement ses joueurs être des grands protagonistes de l’Italie. En 82, Roberto Pruzzo, notre bomber, notre meilleur buteur de la saison et du championnat, n’avait pas été appelé avec la sélection. Ça avait été très mal vécu à Rome. Mais bon, vu ce que Rossi avait fait ensuite… Bearzot avait raison. Après, quand l’Italie gagne, la vérité, c’est que les rues de Rome se teintent de drapeaux tricolores. Mais regardez : même en 2006, avec Totti, c’était compliqué, il était remplacé, il était contesté.

Prandelli vous plaît ?

Oui, parce que je crois que c’est un entraîneur sérieux, pas forcément brillant, mais sérieux. Pour lui, ce Mondial est un peu comme un examen, on va savoir si cette équipe – et lui – ont gagné en maturité. C’est bien de n’avoir pas pris de risque avec Buffon. Il fait attention à ne pas prendre de risque inutile, et il a raison. Il sait comment affronter l’ensemble de la compétition, avec tout un groupe. Sirigu a d’ailleurs été très bon.

Vous avez toujours été très foot ?

J’ai 57 ans, donc mes souvenirs de foot ont 50 ans. Ma première fois au stade remonte au tout début des années 60. Ça devait être la saison 62, ou bien en 63. J’ai un souvenir très précis de Pedro Manfredini, un Argentin qui avait rejoint la Roma en 59. C’était magnifique. Mais ma Roma préférée est celle de Liedholm, celle qui gagne le Scudetto en 83.

La Roma de Falcao ?

La Roma de Falcao. Le vrai Falcao, pas le faux. Le seul. Une élégance. Un toucher de balle. Une vision du jeu. Évidemment, j’aime énormément Totti aussi. Totti est un homme qui résiste. Il est très sérieux.
Le foot ne résout pas les problèmes, il aide, simplement, à aller mieux.

Cette Coupe du monde donne aussi lieu à des manifestations.

Le Brésil est un pays en pleine croissance, qui est en train de devenir un grand pays. C’est un pays immense, plein de contradictions, avec d’inévitables poches de souffrance à l’intérieur. Les manifestations sont graves, mais pas très graves. Quant à tout ce qu’on reprochait à l’organisation, j’ai l’impression que les terrains sont plutôt adaptés au jeu, que les tribunes sont joyeuses, j’espère que cela va rester comme ça et que les manifestations se dérouleront dans les bonnes limites. Je ne pense pas qu’une victoire du Brésil résoudrait les problèmes, ou les ferait oublier. Je ne pense pas qu’il y ait un lien direct entre le foot et la politique. Au Brésil, comme en Italie, on vit le football avec une plus grande intensité qu’ailleurs. On parle de deux super puissances footballistiques. Le foot ne résout pas les problèmes, il aide, simplement, à aller mieux.

Vous mettez l’Italie au même plan que le Brésil ?

Bien sûr. Je mets l’Allemagne également, et pour nos trois pays, je parle de puissances footballistiques condamnées à viser la victoire finale. Juste en dessous, je place des puissances moyennes : la France, la Hollande, l’Argentine, l’Espagne, l’Uruguay. Une chose est sûre, et je vais la répéter : l’Italie, comme le Brésil, n’a pas le droit de ne pas viser la victoire.

On dit souvent du football italien qu’il ne veut que la victoire, peu importe la manière.

On dit aussi que Prandelli a changé un peu ça. Mais ce sont des clichés. Si vous regardez nos victoires, c’est simple, elles sont belles, et le jeu était beau. Regardez 82 : nous avons battu l’Argentine de Maradona, le Brésil de Falcao, sans doute le plus beau Brésil de tous les temps. Falcao avait inscrit un but extraordinaire, mais nous avions Rossi. Ce match est l’un des plus beaux de la Coupe du monde. Puis nous avions battu la Pologne, et l’Allemagne. En 2006, nous avions progressé au fur et à mesure de la compétition, et même si nous avons gagné aux tirs au but, nous avions fait des matchs superbes. En 70, nous avions battu l’Allemagne 4-3 en demi-finale, avant de nous effondrer contre le Brésil. L’histoire ne ment pas : nous ne sommes pas seulement le pays du catenaccio.

Vous vous souvenez de tout ?

La vie est agrémentée de Coupes du monde. Notre vie à tous est rythmée par les Coupes du monde. Qu’on aime ou pas le foot, on se souvient de choses en fonction des matchs du Mondial. C’est comme ça quand on n’aime pas le foot. « Tu te souviens de ça ? » « Ah oui, c’était en 70, avant tel match » , « Ah oui, c’était en 78, en 90, avant tel match, lorsque tel joueur avait fait ça. » C’est comme ça quand on n’aime pas le foot, c’est comme ça quand on aime le foot. Et moi, j’aime le foot.

Un dernier mot sur l’actualité italienne : si Matteo Renzi (le président du conseil, centre-gauche, ndlr) était un footballeur ?

Je ne suis pas un supporter de Renzi, donc je ne vais pas lui faire l’honneur de le comparer à un joueur de football. S’il jouait, ce serait un footballeur un peu menteur, qui fait beaucoup de promesses, mais ne fait rien sur le terrain. Regardez bien : la Coupe du monde est pleine de joueurs qui parlent, mais qui au final ne traduisent pas leurs paroles en geste sur le terrain. Il serait l’un d’eux.
« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Lucas Duvernet-Coppola

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