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Matuidi : welcome to Miami
C’est la petite surprise de ce début de mois d’août ensoleillé sur le marché des transferts : Blaise Matuidi devrait quitter la Juventus pour les États-Unis, et renforcer les rangs de l’Inter Miami de son copain David Beckham. Le début d’un grand ménage d’été chez la Vieille Dame et un pari étonnant pour Blaisou, un joueur au profil inhabituel de l’autre côté de l’Atlantique.
On avait énormément parlé de David Silva, rêvé d’Edinson Cavani ou de Luis Suárez, murmuré même une arrivée du « Guerriero » Arturo Vidal. Un gros nom offensif, à consonance hispanique pour coller à l’identité naissante du club, du genre à faire déplacer les foules et à vendre du jersey à la pelle : voilà ce qu’on attendait pour compléter le roster de l’Inter Miami CF et occuper ce troisième et dernier poste de « joueur désigné » 1. Sauf qu’en fait, c’est Blaise Matuidi, dont le dernier but fêtera bientôt son anniversaire2 et qui n’a sans doute d’hispanique que les asado entre coéquipiers, qui devrait rejoindre la franchise de David Beckham. Et autant vous dire que personne ne l’avait vu venir.
Pars très loin, et ne reviens jamais
Tout s’est fait très rapidement. Il y a 48 heures, Andrea Pirlo remplaçait Maurizio Sarri sur le banc de la Juve. Malgré ses cinq poumons qui fonctionnent toujours à plein régime et un rôle important dans l’entrejeu bianconero (45 matchs toutes compétitions confondues cette saison), Matuidi se retrouve rapidement dans les listes d’indésirables du Maestro relayées par les médias italiens, aux côtés de Khedira, Higuain, Rugani, Bernardeschi, Danilo ou Douglas Costa. « Le départ de Matuidi est le premier d’une longue liste, estime Federico Casotti, producteur exécutif pour la chaîne italienne DAZN. La grande mission de la Juve ces prochaines semaines sera de dégraisser, et donc se libérer de ces joueurs qui coûtent trop d’argent et qui ne font pas partie du projet d’Andrea Pirlo. La Juve a voulu envoyer un signal à ces joueurs et a commencé avec Matuidi, qui avait une opportunité de départ. » Lui dont le nom n’avait jamais été lié à la MLS auparavant se retrouve donc rapidement en position de prendre le prochain avion pour Miami. Une information rapidement confirmée par Fabrizio Romano, le Pape du mercato en Italie, et par le murmure d’un entretien entre le joueur et Didier Deschamps, qui lui aurait assuré que sa place chez les Bleus n’était pas mise en danger par ce choix de carrière. Ouf.
« Ce n’est pas celui dont on attendait le plus l’arrivée aux États-Unis »
Toujours est-il que le mariage entre Matuidi et la MLS, même si l’Inter Miami est le club de son ancien coéquipier au PSG David Beckham, est une surprise. Autant d’un côté que de l’autre. Côté Matuidi, « ce n’est pas celui dont on attendait le plus l’arrivée aux États-Unis, contrairement à Griezmann, qui en a parlé plusieurs fois, ou Suárez, dont le nom avait déjà été évoqué, » constate le rédacteur en chef de Culture Soccer Antoine Latran, « agréablement surpris » par la nouvelle. Côté Miami : « Ce n’est pas vraiment ce qu’on attendait d’eux, notamment au niveau du marché. Tout le monde s’attendait à voir un troisième joueur désigné très connu, offensif, parce que les deux premiers (le Mexicain Rodolfo Pizarro et l’Argentin Matías Pellegrini, N.D.L.R.) ne sont pas très connus. » Preuve en est : en juin, le CEO du club Paul McDonough annonçait que « le troisième joueur désigné sera sans aucun doute un offensif » , et qu’un 8 était aussi une priorité.
En MLS, il est vrai qu’on a plutôt coutume d’utiliser ses places de joueurs désignés à des attaquants : « En général, l’argent en MLS est massivement injecté dans les joueurs à vocation offensives, et les milieux de terrain n’ont pas toujours réussi là-bas en tant que joueur désigné » , observe Antoine Latran. En fin de compte, ce choix témoigne d’ambitions plus raisonnables de la part du club, qui avait également cruellement besoin d’un renfort au milieu de terrain, et d’un pari inhabituel pour la MLS. « C’est un bon coup à tenter pour Miami, assure-t-il. On a longtemps cru que Miami allait faire comme le New York City FC en 2015, qui avait signé Lampard, Pirlo et Villa. Au final, ils ont eu une approche beaucoup plus mesurée, plus modeste. Matuidi, c’est typiquement le joueur dont Miami a besoin : c’est un vétéran, un joueur calme, qui va s’intégrer parfaitement dans le milieu de terrain. » En attendant que des noms plus ronflants le rejoignent en Floride, Blaisou, 33 ans, va donc découvrir les States pour un nouveau pari surprenant. L’occasion pour lui de prendre le soleil, de découvrir l’American way of life et de prouver, du haut de son statut de champion du monde, que les milieux de terrain robustes ont aussi un rôle à jouer dans le soccer. « Who controls the terrain ? »
Par Alexandre Aflalo
(1) : La MLS disposant d'un plafond salarial, les clubs sont autorisés à un maximum de trois « joueurs désignés » auxquels ils peuvent donner le salaire qu'ils veulent. Ce qui leur permet de pouvoir attirer des plus gros poissons
(2) : Le dernier pion de Matuidi remonte à septembre 2019, et un but passé à l'Atlético Madrid en match de groupe de Ligue des Champions