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- Bulgarie-France (0-1)
Matuidi, le serrurier
Une fois de plus, la titularisation de Blaise Matuidi laissait songeur quant aux intentions de Didier Deschamps à asphyxier son adversaire. Mais une fois de plus, le Turinois a réussi à s'en sortir. Comment ? En débloquant le match avant de le verrouiller.
Il existe parfois des idées impossibles à enlever de la tête des gens, et même avec la preuve du contraire, cela ne va rien y changer. Qu’il le veuille ou non, Blaise Matuidi est un homme catalogué comme un marathonien à quatre poumons capables de lui faire multiplier les courses, mais un joueur avec les « pieds carrés » . C’est en tout cas ce que TF1 rappelait au milieu, victime de sa réputation de tireur de pigeons en conférence d’avant-match, après cette rencontre si importante gagnée dans la douleur face à la Bulgarie. « Il faut le prendre avec le sourire, dédouane l’intéressé. Je sais ce dont je suis capable. Aujourd’hui, j’ai fait mon match. De temps en temps mes tentatives pour marquer marchent, de temps en temps non. » Un formidable résumé de la soirée du joueur.
Homme de l’ombre
Non, le match de Matuidi n’était pas parfait ce soir. Mais il a fait le travail comme un bon ouvrier, en se levant à six heures du matin (enfin à la 3e minute) et en donnant son corps à son pays. Matuidi est un homme qui se lève tôt, et son but précoce face à la Bulgarie à la suite d’un mouvement collectif impeccable était là pour le prouver. Un but qui met les Bleus sur les rails de la Russie et fait taire le vrombissement de Vasil Levski.
Mais tel un bon ouvrier, Matuidi connaît aussi ses coups de pompe, ses besoins de faire une pause ou le bon geste pour lancer une vanne à son public. La blague bien grasse est donc sortie au quart d’heure de jeu, lorsque Blaisou se décide à tenter une nouvelle fois sa chance d’une volée… du pied droit. Sans surprise, le ballon va trouver le coin droit du terrain, près du poteau de corner. Voilà de quoi faire rire tout le monde et laisser les médisants parler de son « faible bagage technique » . Toujours est-il que Matuidi, choisi par Deschamps pour compléter le duo Kanté-Tolisso, est irréprochable. Après son but, le milieu de terrain a grandement participé au verrouillage de la rencontre comme de l’entrejeu bulgare, et son apport s’est avéré bien utile à un Rabiot peu à l’aise en sentinelle.
Employé modèle
Deschamps ne le cache pas : il adore Matuidi. L’appel téléphonique reçu par son poulain avant sa signature estivale à la Juve n’a fait que donner du poids à cet argument. Matuidi se confie à Deschamps, Deschamps donne sa confiance à Matuidi. Pour autant, l’ancien Troyen revendique-t-il ouvertement une place en tant que titulaire en équipe de France ? Non, et il ne le fera jamais. Il saura d’ailleurs se taire le jour où Deschamps décidera d’aligner le trio Lemar-Kanté-Pogba. Autrement dit quand il faudra manier le ballon comme un vase en porcelaine. En attendant, il faut bien des gens pour les fabriquer, ces vases en porcelaine.
Par Antoine Donnarieix