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Matt Le Spécialiste

Par Florian Lefèvre
Matt Le Spécialiste

Si les tirs au but hantent l'Angleterre, paradoxalement, le plus grand spécialiste des penaltys est anglais : Matt Le Tissier. Sur 48 tentatives en match officiel, l’homme fidèle à Southampton n’a connu qu’un seul échec. Dommage pour son pays, il n’a jamais été convoqué au moindre tournoi majeur avec les Three Lions.

En tenant le choc face à l’Italie le 11 octobre 1997, à Rome, l’Angleterre valide son billet pour la Coupe du monde 1998. Tout le monde se souvient du maillot ensanglanté de Paul Ince : avec son bandage sur le crâne, l’Anglais ressemblait à un gladiateur dans l’arène. Mais qui se rappelle le match aller, joué quelques mois plus tôt ? Pas grand monde. Matthew Le Tissier, lui, n’a rien oublié de sa tête qui cogna le poteau, à Wembley. « S’il était rentré, ça aurait tout changé pour moi, et peut-être que j’aurais continué à être appelé. » Avec des si, l’Italie n’aurait pas gagné 1-0, Glenn Hoddle aurait coché Le Tissier sur sa liste pour la Coupe du monde, et qui sait si l’Angleterre serait encore aujourd’hui traumatisée par les tirs au but.

Comme en 1990 et 1996, et comme plus tard en 2004, 2006 et 2012, à l’été 1998, les Three Lions empruntent la porte de sortie appelée « tirs au but » . Un huitième de finale d’anthologie contre l’ennemi intime argentin, marqué par un raid de Michael Owen, l’expulsion de David Beckham et donc, la défaite, sur un dernier arrêt de Carlos Roa face à David Batty. Ce jour-là, Matt Le Tissier se demande ce qu’il fout devant sa télé, assis sur le canapé de son pote Francis Benali, très loin de Geoffroy-Guichard. « J’ai trouvé vraiment bizarre que mon efficacité sur les penaltys ne m’ait pas permis d’être appelé. Dans un groupe de vingt-trois, vous avez toujours trois ou quatre joueurs qui ne joueront pas une seule minute, note le natif de Guernesey. Pourquoi, dans ces conditions, ne pas sélectionner un bon tireur de penalty au cas où le besoin s’en ferait sentir ? J’avais de bonnes stats dans cet exercice. »

47 penaltys sur 48

De bonnes stats ? C’est bien plus que ça. Le Tissier est un expert en la matière. Il faut remonter cinq ans avant cet Argentine-Angleterre pour trouver la trace d’un penalty non converti par le soyeux passeur de plats des Saints. C’était face à Nottingham Forest. En réalité, Mark Crossley reste le seul portier ayant arrêté un penalty du God en match officiel. Sur 48 face-à-face, Le Tissier en a converti 47 ! Un ratio monstrueux qui s’explique d’abord par l’amour du point de craie. « Moi, je voulais que tout le stade me regarde. Tout cela flattait mon ego. J’aimais marquer des buts et c’était pour moi la manière la plus facile de le faire – notamment parce que je n’avais pas à courir ! » , se marre celui qui est resté fidèle toute sa carrière au maillot rouge et blanc de Southampton.

Mais il y a surtout un mouvement répété encore et encore à la fin des entraînements. Aux gardiens des équipes de jeunes du club qui gagnaient 40 livres par semaine, Le Tissier en proposait dix par arrêt pour réquisitionner un cobaye dans les cages. Et le God ne passait pas souvent à la caisse. À l’instar de tous les grands tireurs de penaltys, sa force tenait dans le fait d’inciter le plongeon du gardien avant la frappe. À chaque fois, Le Tissier se préparait à tirer de son côté non naturel – comprendre, il se préparait à fermer son pied droit vers le côté gauche – pour éventuellement ouvrir son pied au dernier moment. « Dans l’autre sens, c’est injouable, sauf si vous êtes prêt à sacrifier vos ligaments croisés. » Il est en effet beaucoup plus difficile de masquer une frappe croisée (vers la gauche pour un droitier, donc) avec une course d’élan très angulaire.

0 tir au but

En 1992, Southampton et Manchester United se neutralisent lors d’un match replay de Cup. Le Tissier insiste pour être le cinquième de son équipe aux tirs au but. Southampton l’emporte 4-2, il n’a pas eu besoin de tirer et n’aura plus l’occasion de disputer une séance de pénos. En dépit de n’avoir jamais expérimenté les conditions particulières d’un tir au but (l’attente, la longue marche depuis le rond central, l’ascendant psychologique dû au scénario de la séance, le stress de la victoire, etc.), nul doute que Le Tissier aurait eu un avantage indéniable si le destin l’avait inclus dans la séance d’Argentine-Angleterre : sa routine.

« Faire la même chose, encore et toujours » , c’est la clef, selon Clive Woodward, qui a fait carrière dans le coaching au rugby, puis au football. L’Anglais dresse quatre fondamentaux pour tirer un penalty : le placement du pied d’appui, l’endroit précis de l’impact du ballon, la direction du tir ainsi qu’entretenir une routine du mouvement de tir. Et Woodward de conclure : « En frappant régulièrement des ballons arrêtés, la qualité des tirs sur les ballons en mouvement s’en trouverait aussi bonifiée. Nous parlons bien de faire progresser les joueurs dans leur globalité. C’est simple : vous construisez un programme, vous nommez un vrai spécialiste et vous lui dites :« Votre job, c’est de vous assurer que nous ne sortirons pas de la prochaine Coupe du monde aux tirs au but. »C’est ce que nous avons fait avec l’équipe de rugby. Le résultat, c’est que nous avons gagné la Coupe du monde. » Avec des si, Matt Le Tissier aurait le palmarès de Jonny Wilkinson.

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Par Florian Lefèvre

Propos tirés du SO FOOT hors-série Angleterre et du livre Onze mètres - La solitude du tireur de penalty, par Ben Lyttleton, éditions Hugo Sport

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