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Matt Diamond
Après des années de relatif anonymat, Matt Phillips cartonne avec West Bromwich Albion. Deuxième meilleur passeur décisif de Premier League, l'ailier semble enfin avoir atteint le stade de la maturité.
Muni de son numéro dix dans le dos, Matt Phillips récupère la balle à l’entrée de la surface. Sans se presser, il avance tranquillement, arme sa frappe du gauche, puis change d’avis, utilisant sa patte droite pour fouetter le cuir, qui finit sa course dans les filets adverses. Propre et sans fioriture. Si cette ouverture du score ne suffira pas, West Bromwich Albion concédant l’élimination à domicile face à Derby County lors du troisième tour de FA Cup (1-2), l’ailier a encore prouvé qu’il savait faire la différence tout seul, comme un grand. Et qu’il était pour le moment l’homme de ce WBA 2016-2017.
Deux mois d’adaptation et une grande confiance en lui
Arrivé cet été en provenance des Queens Park Rangers pour quelque cinq millions de livres (moins de six millions d’euros), le Britannique carbure depuis le mois d’octobre. Après deux petits mois d’adaptation dans son nouveau club, Phillips enchaîne les bonnes performances. Comme souvent, cela se traduit en chiffres : quatre buts en Premier League, et surtout huit assists(deuxième meilleur passeur décisif du championnat, seul Kevin De Bruyne fait mieux). À l’origine de 43% des réalisations de son équipe, celui qui est placé sur l’aile droite ou gauche de West Brom’ fait le bonheur de son entraîneur. « Matt fait un boulot fantastique, et nous sommes très heureux avec lui. C’est un garçon très talentueux qui est capable d’utiliser ses deux pieds » , a ainsi kiffé Tony Pulis dans des propos relayés par l’Express And Star. Pas forcément super précis dans ses initiatives (seulement 67% de passes réussies, peu de pions inscrits par rapport à son 1,7 tir par match), son dynamisme et sa prise de risque font énormément de bien à une équipe pas réputée pour sa grosse possession de balle.
Sans se prendre la tête, Phillips ose (deux dribbles réalisés par match) et joue constamment en première intention (1,6 passe clé par rencontre). Ce qui en fait un homme de base de Pulis (19 titularisations en vingt journées), qui considère qu’Albion est l’endroit parfait pour le joueur afin qu’il prenne définitivement confiance en lui. « Je pense qu’il sent que tout est bon pour lui ici.(…)Il aime le club, les joueurs au sein du vestiaire. » , estimait ainsi le technicien il y a quelques semaines, avant d’en rajouter une couche : « Le plus gros problème avec Matt est sa confiance en lui. Tout ce que nous pouvons faire est de lui donner cette confiance. Nous avons eu une conversation avec lui.(…)Il doit commencer à comprendre qu’il est un bon joueur et il mérite d’être là où il est. »
Des débuts tonitruants, mais irréguliers
Pourtant, si tout le monde semble impressionné par ses dernières prestations, le footballeur de vingt-cinq ans avait déjà montré une part de son potentiel par à-coups dans le passé. Élu meilleur jeune joueur de League Two en 2008-2009 avec Wycombe, son club formateur, Phillips se signale surtout le 25 septembre 2010 avec Blackpool. Fraîchement recruté, l’attaquant fait ses débuts en Premier League en trouvant le chemin des filets sur l’un de ses premiers ballons après son entrée en jeu. Deux ans plus tard, avec Sheffield United où il est prêté le temps d’un mois en octobre 2011, le bonhomme frappe six fois en sept rencontres. Petit à petit, Matt apprend la régularité du haut niveau, jusqu’à son arrivée à QPR. Après une première saison difficile, il sort une saison 2014-2015 de haute volée en PL (huit assists, trois buts dont un lob majestueux lors d’une défaite contre Crystal Palace, mettant au grand jour sa spontanéité et sa qualité de frappe), puis récidive l’année suivante en Championship (huit buts, cinq assists).
Dans l’histoire, c’est peut-être l’Angleterre qui loupe le coche. Membre des sélections des moins de dix-neuf ans (avec laquelle il dispute l’Euro) et des moins de vingt ans (avec laquelle il dispute la Coupe du monde), Phillips quitte finalement les Three Lions pour les beaux yeux de l’Écosse et compte aujourd’hui quatre petites capes. Un total qui va forcément s’alourdir dans les mois et années à venir. Et amener des regrets dans les têtes anglaises ?
Par Florian Cadu