- Euro 2012 – Préparation – Suisse/Allemagne
Mats Hummels, l’élégance allemande
Le meilleur défenseur central d’Allemagne n’est pas titulaire en équipe nationale. Cela ne saurait tarder. À l’approche de l’Euro, Joachim Löw se rendra sûrement compte qu’il se doit d’aligner son joueur le plus fort et le plus élégant (sur le terrain comme en dehors), à savoir Mats Hummels.
Samedi 12 mai, Olympiastadion, Berlin. Le Borussia Dortmund et le Bayern sont à égalité (1-1) dans cette finale de Coupe d’Allemagne, à cinq minutes de la fin du temps réglementaire. Pénalty pour le BVB suite à une faute de Boateng sur Blaszczykowski, Mats Hummels se décide à le tirer. Face à lui, Manuel Neuer, ainsi qu’un grand mur rouge blindé de supporters du Bayern. Tout ce joli monde n’impressionne pas le grand Mats qui transforme son tir, et ce malgré la parade du numéro 1 de la Nationalmannschaft. 2-1 pour le Borussia, Hummels exulte, brièvement, mais justement. Même s’il n’y a pas vraiment de cause à effet, il a en quelque sorte « vengé » son père, Hermann, qui travaillait pour le compte bavarois et qui s’est fait virer sans véritable explication de la Säbener Strasse. Il a également pris sa revanche personnelle sur le Bayern, un club qui n’a jamais trop cru en lui, et qui doit s’en mordre les doigts aujourd’hui.
Formé par le Bayern, révélé par Dortmund
Car Mats Hummels avait sûrement tout pour réussir en Bavière. Né d’un père footballeur et d’une maman journaliste sportif, le petit Mats intègre très tôt les équipes de jeunes du Bayern où papa travaille. Tout se passe très bien pour le jeune Hummels, qui s’avère être aussi bon en milieu défensif qu’en défense centrale, aussi bon techniquement que propre sur l’homme. À 18 ans et demi, il connaîtra même les joies de l’équipe première du Bayern, remplaçant Martin Demichelis un certain 19 mai 2007. Et puis, plus rien. Ottmar Hitzfeld, pas convaincu par le joueur, le laisse sur la touche. Le Borussia Dortmund, alors en pleine réhabilitation, flaire la bonne affaire et se fait prêter Hummels début février 2008. Un prêt qui dure jusqu’en juillet 2009. Ça marche. Du coup, le numéro 15 est prolongé au BVB. Entre-temps, Jürgen Klopp est arrivé, et amène Neven Subotic dans ses bagages. Ça marche aussi : alors que le Borussia était dénigré pour son « Opa-Abwehr » (défense de papys, ndlr) Wörns-Kovac, plus mauvaise défense de Bundesliga en 07/08, le changement est immédiat grâce au duo Hummels-Subotic : deuxième meilleure défense en 08/09 (ainsi que lors de l’exercice qui vient de se terminer), meilleure arrière-garde du pays en 09/10 et surtout en 10/11, l’année du premier titre depuis neuf saisons.
L’assurance derrière est de série, le jeu vers l’avant et les buts, c’est en option, et ça aide pas mal. Déjà 12 buts pour Hummels en quatre saisons et demie ; un seul but cette année, mais quel but, lors du match épique face à Stuttgart (4-4) ! De fait, celui que l’on retrouve sur la pochette de Fifa 12 outre-Rhin est devenu indispensable au Borussia, à tel point que le Bayern a cherché à le racheter, en vain. « Même si j’avais une clause de rachat de deux euros, je ne veux pas bouger, je veux rester au BVB! » , a déclaré celui qui les fait toutes chavirer dans la Ruhr, avec sa dégaine de surfeur. Même son de cloche du côté de Jürgen Klopp, après que Hummels a été éloigné des terrains pour une sale blessure à la mâchoire (provoquée par… son coéquipier Weidenfeller) : « Nous attendrons qu’il revienne comme une bonne épouse attend son mari qui est en prison. » À la vie, à la mort.
Le meilleur défenseur du pays
Avec son style élégant, aussi bien en défense (tacles, protection de balle, duels aériens) qu’en attaque (montées, transversales), Mats Hummels s’est mis la Bundesliga dans la poche. Reste la dimension internationale à aborder : comme toute son équipe, le défenseur est passé au travers de sa C1. Un manque d’expérience qui s’effacera sûrement au fil des années. Autre chantier : la Nationalmannschaft. En ce moment, Mats Hummels, c’est un peu le Philippe Mexès d’avant, celui qui cartonnait avec Auxerre et l’AS Rome, mais qui n’était jamais titulaire, voire non sélectionné. Pour le moment, Joachim Löw préfère aligner la paire Boateng-Badstuber. Encore le Bayern qui poursuit Hummels… Ce n’est pas que l’un ou l’autre soit spécialement meilleur que lui, c’est juste que c’est leur complémentarité en club qui leur donne la sérénité nécessaire pour être alignés en équipe nationale. Qu’importe, le meilleur défenseur du pays depuis deux saisons (selon les notes de Kicker) continuera à bosser pour finir titulaire. Et puis, quand on est beau gosse dans une équipe dirigée par un beau gosse, ça peut sûrement aider.
Suisse-Allemagne à 18h
Ali Farhat