- C3
- Finale
- Séville-Roma (1-1, 4-1 TAB)
Matić le poissard
Auteur d'une finale de vaillant, Nemanja Matić n'a pas empêché la défaite des siens aux tirs au but. Pour le Serbe de la Roma, c'est une troisième défaite en finale de Ligue Europa.
Amsterdam, Gdánsk, Budapest. Si ces villes donnent pour certains l’envie de réaliser un fantastique road trip, pour Nemanja Matić, ce sont surtout des traumatismes. En 2013, le milieu serbe dispute sa première finale de Ligue Europa dans la capitale néerlandaise sous les couleurs du Benfica. Les Aigles tombent sur plus forts qu’eux et s’inclinent face au Chelsea de Rafa Benítez (1-2). Il y a deux ans, cette fois-ci avec Manchester United, le gamin de Vrelo se fait une nouvelle fois avoir face à Villarreal, qui s’imposera au bout de la nuit (1-1, 11-10 TAB). Alors forcément, en ce 31 mai 2023, Matić n’avait qu’une seule envie : mettre fin à cette malédiction et enfin remporter son premier trophée continental. Quoi de mieux pour atteindre cet objectif que d’avoir comme tacticien le boss des coupes européennes, José Mourinho. « C’est un fantastique entraîneur qui ne cesse de nous faire progresser. Je pense qu’il peut vraiment nous aider à aller chercher cette Ligue Europa » , déclarait le milieu de 34 piges après la qualification pour la finale obtenue dans la douleur face au Bayer Leverkusen. Avec Matić sous ses ordres – joueur qu’il connaît très bien puisqu’il l’a aussi entraîné à Manchester United et à Chelsea –, le Special One sait qu’il peut compter sur un véritable guerrier dans l’entrejeu. Et après un début de saison difficile, l’international serbe s’est rapidement montré indispensable, et tout particulièrement en Ligue Europa. Cette finale en terre hongroise arrivait donc au meilleur des moments pour Matić, qui dégageait une force tranquille comme au bon vieux temps.
Guerrier jusqu’au bout
Indispensable donc, voilà comment définir Matić. Ce mercredi soir, face à un Séville FC dominateur (67% de possession pour les Andalous, 690 passes à 347), le trentenaire s’est transformé en chien de la casse, délivrant une prestation XXL. Se retrouvant très souvent seul à devoir gérer Rakitić, Fernando Reges ou encore Suso, le soldat serbe ne s’est jamais avoué vaincu, multipliant les efforts, les courses sans jamais rechigner. Car oui, l’ancien Mancunien s’est souvent retrouvé esseulé dans cette bataille du milieu de terrain, pas aidé par Cristante, trop transparent, ou encore Wijnaldum – entré à la 68e minute –, pas franchement dans le jour de sa vie. Si pendant environ 70 minutes, Matić a pu compter sur Dybala pour assurer les transitions, à sa sortie, il a été contraint de gérer aussi bien les phases défensives qu’offensives. Affamé, Matić a terminé la rencontre avec des crampes, ce qui l’a contraint à laisser sa place juste avant les tirs au but au jeune Edoardo Bove. Reste que sa finale a été exemplaire à tous les niveaux : technique, tactique, physique et surtout mental. Le gars sûr de Mourinho – tout comme Smalling, lui aussi fantastique ce soir – n’aura finalement fait que retarder l’échéance. Car oui, surtout en seconde période, les deux hommes ont été les deux seuls joueurs romains à maintenir le cap, alors que le navire commençait à tanguer face à des vagues sévillanes de plus en plus insistantes.
Mais bien que fantastique, Matić n’a pas pu ramener cette Ligue Europa à Rome. Aux côtés de José Mourinho, le Serbe a donc assisté à cette séance de tirs au but catastrophique des siens. Et alors que Gonzalo Montiel transformait sa seconde tentative et offrait à Séville sa septième Ligue Europa, le gaillard, du haut de son 1,94m, fondait immédiatement en larmes. Ce foutu trophée ne veut décidément pas de Matić. Qu’importe, à 34 ans, on a le droit de poursuivre son road trip. Mieux que n’importe qui d’autre, Nemanja Matić doit déjà savoir que la finale de la prochaine édition se tiendra dans un an du côté de Dublin.
Par Tristan Pubert