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Mathys Tel de Rennes au Bayern : récit d’un transfert record

Par Clément Gavard
Mathys Tel de Rennes au Bayern : récit d’un transfert record

Mathys Tel, 17 ans, est devenu le joueur mineur le plus cher de l'histoire en passant de Rennes au Bayern Munich contre environ 30 millions d'euros, bonus compris. Un pari du champion d'Allemagne, qui a misé gros sur l'attaquant très prometteur, mais jamais titulaire la saison dernière en Ligue 1 (sept apparitions). Un transfert record et symbolique puisqu'il raconte à lui tout seul ce qu'est devenu le foot, entre cette foire aux joueurs programmés pour aller très haut très tôt et la stratégie opportuniste des grands clubs, en quête de joueurs toujours plus jeunes. Retour sur ce mini-feuilleton, avec la réaction d'Olivier Cloarec, le président exécutif du club breton.

Le football a peut-être encore basculé dans une autre dimension, cet été, au même moment que Mathys Tel a fait son entrée dans la cour des très grands. L’attaquant, 17 ans depuis le mois d’avril et aucune titularisation chez les professionnels au compteur, est passé du Stade rennais au Bayern Munich dans le cadre d’un transfert record, dont l’indemnité devrait s’élever à environ 30 millions d’euros, bonus compris, assorti d’un intéressement à la revente conséquent, selon nos informations. Du jamais-vu pour un joueur mineur — les arrivées de Rodrygo et Vinícius Júnior, recrutés pour 45 millions d’euros chacun, ayant été effectives à leur majorité en raison de la réglementation brésilienne sur les transferts de joueurs de moins de 18 ans —, avec une somme plus importante que celle déboursée par le Borussia Dortmund à Birmingham en juillet 2020 pour s’offrir Jude Bellingham (25 millions d’euros), qui venait de souffler lui aussi ses 17 bougies.

Les deux clubs ont mis fin au mini-feuilleton ce mardi, au surlendemain d’un message posté par l’attaquant sur Instagram pour annoncer son départ de Rennes, son club formateur, dans lequel il remercie le SRFC, ses coachs, ses coéquipiers et même la famille Pinault, avant de préciser qu’une « page se tourne ». Celle écrite en Bretagne n’aura pas été très longue ni flamboyante, en tout cas pas au plus haut niveau. L’été dernier, Tel battait le record de précocité d’Eduardo Camavinga lors d’une entrée en jeu à Brest, devenant le plus jeune joueur du club breton à pointer le bout de son nez en Ligue 1, à 16 ans, 3 mois et 18 jours, et signait son premier contrat professionnel dans la foulée. Voilà pour les livres d’histoire et pour la trace sportive laissée au Stade rennais, où Tel n’a pas eu le temps de briller ni de se révéler aux yeux du grand public. Tout est allé très vite, des premières informations au début du mois de juillet faisant de lui « la priorité » du Rekordmeister à son arrivée en Bavière sous les flashs de quelques photographes ce lundi. Ce transfert, qui s’avère gagnant pour toutes les parties, raconte beaucoup de choses du milieu du foot, entre la nouvelle mode des joueurs programmés très tôt pour le haut niveau et la stratégie des plus grands clubs européens, en quête de talents toujours plus jeunes.

Un jackpot, des regrets et les choses du foot

Loin des paillettes et de l’Allemagne, Mathys Tel avait enfilé son équipement rouge et noir pour la dernière fois jeudi dernier, à la Piverdière, le centre d’entraînement de Rennes, devant une petite centaine de supporters venus assister à une séance en effectif réduit au lendemain d’une rencontre amicale à Caen (1-2) pour laquelle le joueur de 17 ans n’avait pas été convoqué, après plusieurs jours d’absence pour cause de maladie, officiellement. Au sein du club breton, il ne faisait plus vraiment de doute que le gamin, arrivé de Montrouge à l’été 2020 pour intégrer le centre de formation après avoir signé un accord de non-sollicitation avec le SRFC dès l’âge de 12 ans, en janvier 2018, allait faire le grand saut.

Quand vous voyez un jeune que vous avez formé jouer au Roazhon Park, c’est une fierté et une forme d’aboutissement. Quand ce n’est pas le cas, c’est forcément décevant.

Après avoir refusé trois offres bavaroises, les dirigeants rennais ont fini par trouver un accord avec leurs homologues allemands au cours du week-end, tout en prenant le soin de peaufiner quelques détails d’une quatrième proposition. Une très bonne affaire financière pour Rennes, couplée aux regrets de ne pas avoir vu la pépite éclore route de Lorient. « La volonté d’un club formateur comme le Stade rennais, c’est que les jeunes finissent par évoluer en équipe première. C’est l’objectif prioritaire, précise Olivier Cloarec, président exécutif du club. Cela vient récompenser tout le travail effectué par les éducateurs, les formateurs, dont on ne parle pas assez. Quand vous voyez un jeune que vous avez formé jouer au Roazhon Park, c’est une fierté et une forme d’aboutissement pour eux. Quand ce n’est pas le cas, c’est forcément décevant. Maintenant, on sait aussi que lorsqu’il y a des clubs comme le Bayern qui viennent s’intéresser à de tels joueurs, c’est compliqué de rivaliser. »

Un deal jugé comme « extraordinaire », au sens littéral du terme, en interne, alors que le Bayern s’attendait peut-être à moins de résistance du côté de Rennes, qui a tenu à imposer ses conditions pour que le transfert se fasse. Le champion d’Allemagne, lui, a toujours semblé déterminé à enrôler Tel, qui était lié au SRFC jusqu’en 2024 et dont le statut de joueur mineur empêchait l’éventuelle concurrence des ogres anglais en raison des nouvelles règles imposées avec le Brexit. Une aubaine pour le Bayern, qui avait envoyé une délégation, dont faisait partie le directeur sportif Hasan Salihamidžić, en Ille-et-Vilaine en début de semaine dernière pour poursuivre les discussions avec Olivier Cloarec et Florian Maurice. « L’intérêt du Bayern ne m’agace pas, cela montre que le club travaille bien, posait Bruno Genesio lors d’un point presse à Dinard après les premières approches allemandes. Si nos jeunes sont sollicités, c’est que la formation rennaise a bien fonctionné et qu’on a fait ce qu’il fallait pour le mettre en évidence au niveau des pros. Je ne suis pas surpris, car c’est un talent au-dessus de la normale. Je suis entraîneur, j’ai forcément envie de le garder, mais ça fait partie des choses du foot. »

 On a une équipe qui a très bien tourné, marquant 82 buts en championnat et 101 toutes compétitions confondues. Ce n’est pas comme on si on avait eu des difficultés en attaque, la concurrence était rude pour Mathys.

Cracks en stock

Le successeur d’Ousmane Dembélé et Eduardo Camavinga, les deux derniers cracks en date sortis de la pépinière bretillienne, ne les a pourtant pas imités en rayonnant à Rennes. Le premier avait survolé la Ligue 1 pendant cinq mois dantesques en 2015-2016 (29 matchs, 12 buts, 5 passes décisives) avant de filer à Dortmund puis à Barcelone ; le second a enchaîné presque deux saisons pleines (88 rencontres, dont une campagne de Ligue des champions) jusqu’à son départ pour le Real Madrid à la fin de l’été contre un peu plus de 30 millions d’euros. Tel, lui, aura dû se contenter de quelques miettes cette saison, faisant dix apparitions dans l’équipe de Genesio pour un peu moins de 90 minutes de jeu, ce qui fait tout de même de lui le joueur né en 2005 le plus utilisé dans les cinq grands championnats. Le principal intéressé et son entourage auraient cependant voulu plus. « On a une équipe qui a très bien tourné, marquant 82 buts en championnat et 101 toutes compétitions confondues, rappelle Cloarec. Martin (Terrier) en a marqué 21, Gaëtan (Laborde) 17 et Serhou (Guirassy) 12. Ce n’est pas comme on si on avait eu des difficultés en attaque, la concurrence était rude. » Reste cette question pour le club breton, très attaché à la formation comme ADN : les talents de demain seront-ils également destinés à imiter la trajectoire de Mathys Tel ? « Il y a cette crainte, assume le président rennais. Maintenant, elle est mesurée, car la barre a été placée très haut. Ce sont des conditions exceptionnelles que tout le monde ne peut pas remplir. On va continuer à former et à faire en sorte qu’ils jouent en équipe première pendant un certain temps. »

Mathys Tel, deuxième en haut en partant de la droite, surclassé avec les U13 régionaux du Paris FC lors de la saison 2016-2017

Pendant que la colonie de jeunes Rennais (Jeanüel Belocian, Lorenz Assignon, Warmed Omari, Lesley Ugochukwu, Loum Tchaouna, Matthis Abline ou encore Désiré Doué, 17 ans et très en vue pendant la préparation) va tenter de se faire une place dans l’équipe première, Mathys Tel va poursuivre sa progression et son rêve de l’autre côté du Rhin, où il s’est engagé pour cinq années avec le Bayern. Une suite presque logique pour un joueur « en mission » depuis tout jeune, selon Reda Bekhti, son éducateur au Paris FC, où il était surclassé, comme partout, et évoluait plutôt défenseur central ou milieu de terrain pour « développer d’autres caractéristiques » à une époque où des grands clubs français (Monaco, Paris) gardaient déjà un œil sur le petit phénomène. Le Stade rennais avait d’ailleurs dû résister à la concurrence du RB Leipzig et du FC Barcelone à l’été 2020 au moment de l’accueillir (enfin) dans son centre de formation après l’avoir vu disputer quelques tournois de jeunes sous la tunique rouge et noir. Tel, lui, n’a jamais changé de cap ni baissé les bras, même quand il a été mis à la porte de l’INF Clairefontaine au cours de sa première année dans le centre élitiste de la région parisienne pour des problèmes davantage liés à la scolarité qu’au terrain. Passé par Aubervilliers et Montrouge avant de partir en Bretagne, Tel a continué de se faire une réputation en équipe de France jeunes. En mai dernier, l’attaquant était même le capitaine des U17 sacrés champions d’Europe.

 Il pourrait, un jour, être l’un des meilleurs attaquants. Je le vois capable d’inscrire 40 buts en une saison dans le futur.

Une place au Bayern ?

Ce ne sont pas ses quelques entrées quelconques à Rennes, où il avait parfois semblé perdu sur le terrain en début de saison, avant de manquer son tir au but contre Nancy en Coupe de France en janvier et de montrer des choses intéressantes en quelques minutes face à Strasbourg et Nantes, manquant même de signer son premier but chez les grands sans une belle intervention de Matz Sels, qui ont séduit le Bayern. Mais plutôt le profil et l’immense potentiel du bonhomme. Si Genesio souhaitait lui faire une place dans la rotation cette saison, malgré un secteur offensif bien fourni, le Rekordmeister lui a également promis de l’intégrer au groupe de Julian Nagelsmann et de lui offrir du temps de jeu au milieu de Sadio Mané, Leroy Sané, Kingsley Coman, Serge Gnabry ou Thomas Müller. La chance de Tel ? Depuis le départ de Robert Lewandowski, les numéros 9 de métier s’appellent Joshua Zirkzee (21 ans) et… Eric Maxim Choupo-Moting. « J’ai toujours dit qu’il ne resterait pas à Rennes longtemps vu ses caractéristiques, assure Reda Bekhti. Mais je l’imaginais plutôt au milieu de terrain, au poste de numéro 8. Il a désormais acquis de très bonnes qualités au cours de sa formation pour jouer en pointe, et je pense que le style direct allemand va lui convenir. »

Son nouvel entraîneur en est également persuadé. Ce week-end, Nagelsmann a profité de l’amical entre son Bayern et Manchester City pour chanter les louanges de son futur poulain : « Il pourrait, un jour, être l’un des meilleurs attaquants. Je le vois capable d’inscrire 40 buts en une saison dans le futur. C’est notre plan en tout cas. Ce n’est pas le remplaçant direct de Lewy, c’est normal à son âge. S’il marque dix buts cette saison, nous serons tous contents. » Au fil des apparitions, les comparaisons devraient commencer à fleurir. Celles avec Kylian Mbappé, bien sûr. Celles aussi avec Tanguy Kouassi, parti libre du PSG à l’été 2020 pour signer au Bayern, où il n’a pas réussi à s’imposer après deux saisons (28 apparitions, environ 1000 minutes de jeu), ou Kingsley Coman, débarqué en Bavière à l’âge de 18 ans en 2015 après une vingtaine de matchs chez les professionnels avec le PSG et la Juventus. Chacun son histoire, Mathys Tel doit encore écrire la sienne sur les terrains, cette fois, pour que sa carrière ne se résume pas seulement à un transfert retentissant.

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Par Clément Gavard

Tous propos recueillis par CG, sauf mentions.

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