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Mathivet : « Un bras d’honneur pas destiné à un supporter »

Propos recueillis par Arnaud Clement
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Avant de tenter l'impossible lors de la demi-finale retour de C1 féminine face à l'OL, l'indéboulonnable coach de Juvisy, Sandrine Mathivet, a accepté de revenir sur la confrontation aller, la toute-puissance de son adversaire ou encore le risque des dérives du foot-business au travers du cas Patrice Lair, auteur d'un joli bras d'honneur à l'aller.

Sandrine Mathivet, tout le monde voit déjà l’OL en finale après le score sans appel du match aller. Vous aussi ?Vous dire qu’on sera en finale, c’est ce qu’on espère. Mais ça ne sera pas une partie de plaisir, on sait que ça sera très difficile. Notre objectif est de marquer rapidement pour les faire douter et gagner ce match. Maintenant, nous ne sommes pas complètement folles, on ne décide de rien en football. Ça ne se fera pas comme ça. Le scénario idéal serait quand même de marquer rapidement. A partir de là, on ne sait pas ce qui peut se passer.

Après la première manche, vous avez déclaré la chose suivante à nos confrères de footoféminin.fr : « A 3-0, on ne va pas se voiler la face, il faut être réaliste. Ce serait une autre équipe en face, on se dirait allez peut-être… » . On a l’impression que la concurrence est un peu résignée quand il est question de l’OL…
Ah non, on n’est pas résignés. On dit souvent que Juvisy est une équipe pénible pour Lyon, même si ce sont elles qui remportent souvent la mise. Mais il y a une nuance avec la résignation, c’est le réalisme. Sinon, on reste à la maison. En plus, il fait beau, il y aurait plein d’autres choses à faire, hein (sourire).

Donc les têtes vont bien malgré la gifle du match aller…On arrive à relativiser entre ce qui est grave et pas grave. Perdre à Lyon par trois buts d’écart, ça ne fait jamais plaisir lorsque vous êtes compétitrices. Mais dans la vie des gens de Juvisy, le moral est bon.

Parce que c’est la première fois que vous atteignez la C1 ?Oui et car on n’a pas de souci particulier. Il y a beaucoup de monde en France qui aimerait être à nos places. Comment voulez-vous qu’on n’ait pas le moral ?

La question que tout le monde se pose est la suivante : y a-t-il des failles à exploiter dans la machine OL ?Je pense qu’il y a des failles, comme pour toute équipe. A partir du moment où vous jouez au ballon et où vous êtes physiquement présentes, vous pouvez les perturber. Elles n’en ont pas beaucoup, c’est sûr, mais rien que le fait de marquer rapidement. Peut-être que ça peut les inquiéter, cette gestion d’un match, lorsqu’elles sont menées au score. On ne sait pas comment elles réagiront, c’est certain, mais comme elles n’y sont pas forcément habituées…

Vous êtes les dernières à avoir battu l’OL en France. C’était il y a trois ans déjà. Vous rappelez-vous de la sensation que procure une victoire contre la machine lyonnaise ?C’était particulier car il y avait deux choses qui participaient au contexte de ce match. Avant que ça soit une victoire devant Lyon, c’était un succès qui nous permettait de nous qualifier pour la C1. Et c’est tombé sur Lyon, qui avait bien sûr déjà une sacrée armada. Donc forcément, ça donne de très belles émotions, mais plus pour la qualif’ en Coupe d’Europe, qui avait pris le dessus sur le fait que ça soit Lyon. Ça, c’était la cerise sur le gâteau.

Cette omnipotence dégoute parfois et nombreux sont ceux à penser que l’OL tue l’attractivité croissante du foot féminin à tout écraser de la sorte. Faites-vous partie de ceux-là ?Non, il faut distinguer deux choses et faire attention à ce qu’on dit. On ne va pas empêcher un club de se structurer et de permettre aux filles d’évoluer dans les meilleurs conditions. Ça serait une aberration, on se bat pour ça. Peut-être que ça en dégoute certains, mais ce n’est pas mon cas. C’est le seul club avec le PSG – qui a encore quelques balbutiements mais devrait s’élancer dès l’an prochain – qui est capable de donner cette possibilité aux filles. Mais ce n’est pas ça qui me dérange. Ce qui me gêne, c’est qu’on ne puisse pas faire évoluer tout le championnat de France. Il faut progresser, mais on n’a pas tous les mêmes armes. A chacun de se battre pour être au mieux. Quand on voit les budgets de Lyon et Juvisy, c’est évident qu’on ne part pas à armes égales. Mais que faut-il, qu’on se contente de ce qu’on a ou qu’on se batte pour avoir plus ? Lyon fait ce qu’il a envie de faire, nous aussi sans pour autant faire pareil. C’est quelque chose que tout le foot français doit intégrer. Maintenant, ça serait pas du luxe que d’avoir plus d’argent, je ne dis pas le contraire…

Qu’est-ce que cela signifierait pour un club comme la Juv’ 91 ?Ça veut dire qu’on pourrait mettre les filles vraiment à mi-temps, voir à tiers-temps. Après, les conditions d’entrainement s’amélioreraient car la structure de Bondoufle serait plus adaptée. Il y aurait alors des entrainements à des horaires normaux, un accès aux soins, avec des kinés et des médecins à disposition. Mais pour faire tout ça, il faut de l’argent.

« Tous ceux qui se sont tournés vers le foot féminin, c’est pour éviter ces travers »

Les projecteurs se sont braqués au match aller sur le geste d’humeur de Patrice Lair (ndlr : un bras d’honneur en direction du public après le troisième but). Pourquoi déposer un recours devant l’UEFA comme l’a fait ce mercredi la présidente du FCF Juvisy ?Comme elle l’a expliqué, ce geste, un bras d’honneur qu’on dit destiné à un supporter, me laisse dubitative. Nous avons déposé un recours car pour nous, ce bras d’honneur n’était pas destiné à un supporter. Après, ce n’est pas ce qui m’intéresse en tant qu’entraineur…

N’y voyez-vous pas le signe de l’émergence dans votre discipline des travers du foot masculin avec la médiatisation et les enjeux croissants ?La première chose que j’ai dite quand on a médiatisé le foot féminin, c’est qu’il nous faut faire attention à ne pas voir arriver ces travers. Si c’est ça le résultat, c’est bien dommage. Après, il n’y a pas que des mauvaises choses et on ne va pas s’arrêter à ça. Mais pour ces éducateurs qui se battent pour que leurs gamins ne fassent pas ce genre de choses, ça va être difficile derrière pour eux si nous le faisons, quel que soit le geste d’ailleurs. Il ne faut pas qu’il y ait les dérives du foot en général, car on en entend des vertes et des pas mûres dans des petits clubs ou dans des catégories de jeunes. Il faut éviter ça pour ne pas que ces jeunes ou ces amateurs, qui prennent exemple sur nous et d’autres, les reproduisent.

Plus globalement, on a l’impression que la moindre chose est prétexte à se rentrer dedans entre vous et l’OL, si on repense à cette polémique, le recrutement de Laetitia Tonazzi, etc. Est-ce qu’on est en train de fabriquer une rivalité qui pourrait faire susciter plus de curiosité et d’attraction, comme ce fut le cas avec le PSG et l’OM dans les années 1990 ?En tant qu’entraineur, je n’ai rien envie de susciter et je ne veux surtout pas qu’on rntre dans ce genre de choses. Sinon on prend les gants, on passe sur un ring et on se tape dessus. Si c’est ça, les gens vont s’en détourner. Or, tous ceux qui se sont tournés vers le foot féminin, c’est pour éviter ces travers. Si on part dans une rivalité sur fond de polémiques, on a tous tout faux.

Malgré tout, tout ça ne changera pas votre quotidien à titre personnel. Lundi, après cette demi-finale retour de C1, vous serez dans votre collège pour enseigner l’EPS?Pas lundi, je ne travaille pas, mais effectivement, mardi, mercredi et jeudi, j’y serai de nouveau.

Vous ne vous voyez pour rien au monde entièrement consacrée au football ?Si, je souhaiterais vraiment. Vous savez, c’est difficile de concilier les deux. A un certain moment, on en vient à mal faire les choses quand on accumule les tâches. Aujourd’hui, je suis plus centrée sur le football et moins sur l’éducation. Je ne le supporte pas, donc, c’est vrai que ça serait vraiment appréciable.

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